I comme Italia -45-

Posté par imsat le 8 décembre 2024

« Peut-être faut-il que, parmi tous les personnages qui figurent dans une vie, il se trouve une force inconnue, un être presque symbolique qui vient à votre secours sans qu’on l’appelle » (Boris Pasternak, Le docteur Jivago)
J’ai souvent des idées plein la tête à son sujet. Je me promets systématiquement de lui en parler et en fin de compte, il n’en reste pas grand chose ou alors je crois (à tort) les avoir sauvegardées dans un coin de ma mémoire pour les évoquer en temps opportun. En général, ça revient mais sur le moment, j’ai d’abord l’impression qu’elles sont importantes au moins d’un point de vue littéraire et sentimental. Je songeais, par exemple, à ses absences récurrentes de ces derniers mois, des breaks d’une semaine ou davantage. Elle en avait certainement besoin. Je cite ce point, non pas pour m’interroger sur ce qu’elle fait durant ses absences mais pour leur impact sur mes pensées et en même temps parce que l’idée de m’éloigner, moi aussi, de twitter me trotte dans la tête depuis longtemps. Ce serait peut-être positif, psychologiquement parlant. Mais pourrais-je vraiment le faire ? Je me le demande. Pourrais-je supporter de ne pas la lire ni de converser avec elle pendant une semaine ou dix jours ? Et puis il y a ce qui se rapporte à l’Algérie, et toutes les questions y afférentes que je commente en général dans la contrariété, la colère. Mes opinions sont néanmoins absolument nécessaires en dépit (ou à cause) du contexte, comme je l’ai déjà expliqué dans un chapitre antérieur.
Oui, théoriquement, je pourrais prendre du recul.  Je vais voir et me préparer en conséquence. Je vais peut-être même en parler avec elle. Son point de vue me serait utile puisqu’elle sait ce que c’est.
De toute manière, même si je prends du recul par rapport à twitter, mon récit se poursuivra. Je le redis, c’est un récit sans fin. Et puis, c’est une autre démarche…
Je souhaitais aussi lui parler de notre façon (publique) d’échanger. Qu’en pense t-elle ? En tout cas, et pour ma part, je ne me serais jamais cru capable d’exhiber ouvertement des facettes de ma subjectivité. Je ne me suis pas du tout interrogé en me lançant dans ce « processus ». C’est un autre moi-même qui converse avec elle. Je crois que c’est la seule explication ou plutôt l’explication première. Mais il y a aussi la dimension sentimentale incitative. C’est cette source d’inspiration que j’aimerais explorer mais qui reste toujours connectée au point de départ. Et le point de départ, c’est « I comme Italia. »
En attendant, je livre ci-après pour mémoire des extraits de notre bel échange du 30 novembre dernier.
Comme toujours, c’est elle qui a pris les choses en main. Oui, bien sûr, j’ai impulsé la conversation à partir d’une photo montrant une demeure dans un endroit improbable, un immense rocher, quelque part dans le monde. Cette photo était précédée de la question suivante:
« Accepteriez-vous de vivre ici durant 1 an avec nourriture, eau, électricité et internet mais sans descendre du rocher pendant toute la durée du séjour ? »
Moi: « Oui, si « I comme Italia » accepte de m’accompagner. Je suis convaincu que notre séjour sera magnifique.
Pourquoi ? Eh bien, parce qu’elle est fascinante, créative, talentueuse, nostalgique, sensuelle, inspirante, fan de Neruda, Anouk Aimée, Modiano et de photos en noir et blanc. »
Elle : oui avec plaisir mais j’ai peur du vertige…
 Moi: moi aussi mais j’en ai l’habitude. Négocions alors un autre endroit
Elle : Rome (suivi d’une magnifique photo de la cité éternelle prise par ses soins. 
Et d’abord, quel plaisir de vous retrouver !
Moi: Plaisir absolument réciproque. J’ai essayé de l’anticiper ces derniers jours, mais vous lire, c’est autre chose. C’est particulier. Et quand je dis c’est autre chose, cela signifie l’ineffable. D’ailleurs, c’est souvent ainsi.
Elle: Merci ! vos mots sont des caresses…
Toute fleur ouvre, en s’ouvrant, autre chose, beaucoup plus qu’elle-même.
C’est pressentir cela qui vous surprend et vous donne de la joie
Moi:  Vous arrive t-il d’éprouver le besoin, l’envie de vous indigner, de vous mettre en colère? Je ne vous imagine pas vous révolter ou pousser des coups de gueule.
Elle : Non. « Je rends hommage à ceux qui parlent au vent, les fous d’amour, les visionnaires, à ceux qui donneraient vie à un rêve. Aux rejetés, aux exclus. Aux hommes de cœur, à ceux qui persistent à croire aux sentiments purs. À ceux qui sont ridiculisés et jugés. A ceux qui n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent et qui n’abandonnent jamais. »
(Miguel de Cervantes)
Moi: « A ceux qui persistent à croire aux sentiments purs… » oui, c’est très beau.
J’avais raison, elle est délicate, conciliante, sincère, généreuse, sage. Elle a le sens de la poésie et de la solidarité. C’est un esprit libre.
Moi : « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant, D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même,
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend. » (Paul Verlaine)
 
Lamine Bey Chikhi
Post-Scriptum: pour moi, « I comme Italia » incarne bel et bien la force symbolique évoquée par Boris Pasternak.

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I comme Italia-44-

Posté par imsat le 1 décembre 2024

Votre amour m’a appris à être triste,
Et moi, depuis des siècles, j’avais besoin d’une femme qui me rende triste,
Une femme dans les bras de laquelle je pleurerais comme un oiseau,
Une femme qui rassemblerait mes parties comme les morceaux d’un vase brisé.
(Nizar Qabbani)
Il y a Ies décantations volontaires, réfléchies, et celles imposées par les circonstances. Celles auxquelles je pense ont un lien avec les propos, les questionnements de mon alter égo au sujet de  mon inspiratrice depuis que j’ai esquissé les premières lignes du récit. J’ai répondu à certaines de ses interpellations même si je ne l’ai fait que sommairement. Mais je n’ai pas perdu de vue celles au sujet desquelles je n’ai rien dit. Sur nombre de points, j’étais d’accord avec lui, mais j’ai d’abord choisi de ne pas le lui dire pour ne pas simplifier des situations complexes ou sur lesquelles je ne tenais pas à m’étaler au moment où nous en avions discuté. Il semblait me dire que je m’enlisais dans mon récit, que je faisais du surplace et que finalement j’allais me retrouver dans une impasse. En fait pour lui, j’étais dans l’illusion, les chimères, des rêves que je m’évertuais à entretenir. Il comprenait bien le lien autour duquel j’entendais maintenir ma réflexion, et qui a trait aux sentiments que j’éprouve pour « I comme Italia » sous le prisme de son rapport au cinéma et à la littérature. C’est précisément cet angle de vue qui lui fait dire que j’aurais pu tout simplement développer une réflexion en m’appuyant sur mes souvenirs, les films, les artistes, les auteurs que j’ai aimés. Oui, j’aurais pu et j’y avais même pensé mais j’ai préféré engager la même démarche en passant par une muse, ma muse.
Il le savait donc et je lui ai bien expliqué le topo mais ce qui l’intéressait, ce n’était pas vraiment le cheminement de ma pensée mais l’objectif recherché. Il voulait connaître dès le début non les tenants mais les aboutissants du récit. Il aurait souhaité savoir très vite s’il y avait des connexités avec la vraie vie. Mais sa perception de la vraie vie est trop pragmatique à mon goût, trop concrète. Un jour, il m’a dit:  « Ok, c’est très bien tout ça, mais quand lui téléphoneras-tu ? Tu ne connais même pas sa voix, pourquoi ne l’appelles-tu pas ? C’est quoi cette façon de communiquer ? Et pourquoi le vouvoiement entre vous, à quoi ça rime ? » Il m’a interpellé ainsi en bloc, et alors qu’il déclinait ses questions, je pensais en moi-même qu’il avait entièrement raison parce que je m’étais posé les mêmes questions à maintes reprises. Ce qu’il semblait me reprocher n’était pas nouveau pour moi. Je lui ai répondu à ma façon, tantôt entre les lignes tantôt explicitement. En général, lorsqu’il il évoque la vraie vie, nous ne sommes pas d’accord sur ce qu’elle recouvre. Pour lui, je suis dans une autre dimension, un monde parallèle, je plane. Mais la littérature, c’est aussi cela, c’est le rêve, la sublimation, l’imagination débordante, une certaine fuite en avant par rapport au réel. C’est faire durer le plaisir, des instants de bonheur par des mots, des phrases, des silences, des réminiscences… Il m’a dit qu’il appréciait la mise en exergue des citations d’auteurs dans le récit tout en me reprochant de rester rivé sur ce qu’il considérait comme une redondance exagérée de ce que j’éprouve pour « I comme Italia » Pour lui, ce que je dis n’est pas la vérité. Il ne comprend pas que je la mette constamment sur un piédestal. Le panégyrique que je fais de mon égérie lui paraît excessif, peu vraisemblable et dans certains cas pas du tout crédible. De son point de vue, je n’ai pas l’audace nécessaire de cesser de tourner autour du pot et de dire exactement ce qu’il en est, ce que je veux vraiment…
Dont acte. Mais lui, que pense t-il de la prodigieuse poésie de Nizar Qabbani ? J’aimerais bien le savoir.
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -43-

Posté par imsat le 24 novembre 2024

« Rien ne ravive mieux le passé que l’odeur qu’on lui a autrefois associée » (Vladimir Nabokov)

« Cher Lamine, excusez moi, je suis busy, busy, busy. Je répondrai à tous vos messages demain. Promis ! » C’est ce qu’elle m’a dit le 19 novembre. Je lui ai répondu que son message était le plus beau des poèmes et qu’avec ces quelques mots, je pourrais tenir des heures, des jours, des mois, des années, une éternité. J’avoue que, le lendemain, après l’inhumation du doyen de la famille (paix à son âme) et le repas servi dans ce sillage, j’étais un peu pressé de me retrouver seul pour penser à elle.
Penser à elle, ce n’est pas abstrait et ce n’est pas seulement penser à elle physiquement ou intellectuellement. C’est bien au-delà, c’est autre chose. J’ai éprouvé l’immense besoin de penser à elle mais pas comme je le fais habituellement. Non, c’était différent, d’abord des sensations, l’envie de lui dire justement ce que je ressentais à ce moment-là. Besoin de lui dire que j’étais dans un  vide abyssal, que je souhaitais lui parler de plein de choses, de son prénom, qu’il m’arrive de prononcer plusieurs fois par jour, du hasard, des rencontres magiques. Je me disais « il faut absolument que je note, pour ne pas les oublier, les idées dont je souhaiterais m’entretenir avec elle… »Il s’agissait aussi et d’abord pour moi de regagner, en urgence absolue, pour ainsi dire, l’espace dans lequel nous nous retrouvons habituellement pour converser, nous faire plaisir en convoquant tel ou tel auteur, telle ou telle star de cinéma. Cet espace, notre cocon, c’est de la télépathie, des intuitions, des sentiments éprouvés en temps réel. Je parle souvent de son omniprésence dans mes pensées. Ce jour-là, cette omniprésence a été interrompue, indépendamment de ma volonté; j’en étais d’ailleurs conscient. Mais Je ne l’ai pas perdue de vue. C’est comme un médicament, un remède, une sorte de drogue que l’on prend quotidiennement, et que l’on peut rater provisoirement, malgré soi. Cette interruption crée immédiatement un manque. Pas n’importe quel manque. Pour moi et par rapport à elle, ce manque, c’est une kyrielle de petites habitudes constitutives de sa belle et exceptionnelle personnalité, de ce qu’elle incarne. Mais cette fois, l’atmosphère était emplie d’un parfum sublime, le sien, et puis, alors que je rentrais chez moi, je me suis rendu compte qu’il y avait une alternance entre le parfum en question et une odeur corporelle, l’odeur de sa peau. Je sentais cette odeur comme si « I comme Italia » était près de moi. Cette odeur ne m’était pas inconnue, elle me renvoyait à une période du passé. Je me suis déjà interrogé sur la voix de mon inspiratrice, je ne la connais pas, j’ai tenté de l’imaginer en songeant à des voix d’actrices, telles celles de Monica Vitti, Claudia  Cardinale ou Anouk Aimée. Mais pour l’odeur, je ne me suis pas posé de question, elle était là, envoûtante, sensuelle, voluptueuse dans mon environnement immédiat, associée à des images précises liées à l’adolescence, et cela a duré trois jours. J’allais lui en parler mais nous étions pris dans notre tourbillon paradisiaque de citations-commentaires autour de ce qui concourt aux belles rencontres, celles évoquées par ses soins et que Françoise Sagan appelle les familles de l’esprit ou celles du hasard. Sur le même thème, Haruki Murakami dit : « Même les rencontres de hasard sont dues à des liens noués dans des vies antérieures. » Et puis le hasard est partout. Elle m’a dit avoir trouvé trois livres dans la rue, dont « Ainsi parlait Zarathoustra » l’oeuvre magistrale de Friedrich Nietzsche. Pourquoi des livres ? Pourquoi trois livres ? pourquoi à l’endroit précis où elle les a trouvés ? pourquoi elle ? Pourquoi Nietzsche ? C’est extraordinaire ! Ce qui est sûr, c’est que ces livres sont désormais entre de bonnes mains. C’est ce que nous nous sommes dit en guise de commentaire d’une photo montrant une rue de Bagdad pleine de livres que les passants peuvent lire. Une phrase accompagne cette photo:  « Les marchés du livre en Irak laissent les livres dans la rue parce que les Irakiens disent : « Le lecteur ne vole pas et le voleur ne lit pas »
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -42-

Posté par imsat le 15 novembre 2024

« L’amour, c’est être toujours inquiet de l’autre » (Marcel Achard)
J’ai tenté un parallèle entre les échanges épistolaires d’autrefois et mes conversations avec « I comme Italia. » J’ai déjà dit mon admiration pour la splendide correspondance de nombre d’auteurs et artistes (Camus-Maria Casares, Boris Pasternak-Marina Tsvetaieva, Franz Kafka-Milena Jesenka, André Breton- Nadja…). Je continue de penser que cette correspondance est extraordinairement belle pour plein de raisons. Ce n’est évidemment pas un feu de paille quand cela s’étale sur des années, parfois plus de 20 ans. Je me suis demandé pourquoi les auteurs en question ont privilégié cette façon de communiquer. C’est vrai, de leur temps, il n’y avait pas d’autres possibilité de contourner l’éloignement, la séparation, parfois les obstacles politiques. Il fallait malgré tout saisir l’opportunité de tout dire dans les lettres. « Écrire ce n’est pas seulement écrire des livres, c’est aussi écrire des lettres » ( Marguerite Duras ). Je pense qu’il y avait dans l’esprit de ces amants l’idée, l’hypothèse que leurs lettres seraient publiées un jour, à titre posthume et que les lecteurs en prendraient connaissance tôt ou tard. Il y a donc sous-jacente à l’échange épistolaire le souhait, l’ambition de joindre l’utile à l’agréable. Cela dit, comparaison n’est pas raison. Je n’ai jamais eu la prétention d’établir quelque lien que ce soit entre mes formidables conversations avec « I comme Italia » et la correspondance des grands écrivains. J’avoue cependant avoir rêvé d’instaurer avec mon égérie une atmosphère, une dynamique plus ou moins similaire à celle que j’avais imaginée en lisant des extraits des lettres de Pasternak ou de Kafka. Les points de détail, la date, voire l’heure à laquelle une lettre a été écrite, le lieu d’expédition, la saison, la couleur du ciel, le contexte politique s’il y a lieu, un post-scriptum…tout cela attire systématiquement mon attention et m’intéresse. C’est sans doute purement formel mais cela impacte le fond, les deux sont intimement liés.
En le disant ainsi, je me remémore un ancien camarade du service national qui, six mois durant, recevait une lettre par jour de sa fiancée de Constantine. La distribution du courrier par le vaguemestre de l’EFOR de Blida où nous effectuions notre instruction militaire se réduisait pratiquement à la remise de la lettre quotidienne adressée à Hosni par sa dulcinée. Il lui écrivait pour sa part régulièrement mais pas au même rythme. Parfois, ils échangeaient des petits mots: « tu me manques » « vivement la quille », « je m’ennuie sans toi » « aujourd’hui, il fait très froid à Blida, il a même neigé », « je pense à toi tout le temps… »
Quel rapport avec « I comme Italia » ? Juste des idées autour de la régularité dans l’échange épistolaire. Moi aussi, j’aurais aimé écrire tous les jours à « I comme Italia ». Je pourrais le faire mais je me retiens. Pourquoi ? Tout simplement, pour ne pas la déranger dans sa vie quotidienne. Je le lui ai dit mercredi dernier, elle m’a répondu que ça ne la dérangerait jamais.
Christian Bobin a raison: « quand on aime quelqu’un, on a toujours quelque chose à lui dire, tout le temps… » Oui, j’aurais toujours des choses à lui dire. Je pourrais faire comme Hosni et m’arranger pour qu’elle reçoive au moins un mot par jour de ma part. Ce serait évidemment plus facile avec internet. Mais je persiste à croire, peut être à tort, que ce serait une intrusion de ma part dans sa vie de tous les jours, dans ses habitudes, sa vie sociale. Heureusement, nous nous parlons beaucoup via notre mode de communication actuel. Notre soirée du mercredi 13 novembre, fut haletante, inspirante, étincelante. Le point de départ: cette citation d’Anaïs Nin : « La fascination qu’exerce un être sur un autre ne provient pas de ce qu’exhale sa personnalité à l’instant de la rencontre. C’est de la somme de tout son être que se dégage une drogue puissante capable de séduire et d’attacher »
Je trouve que cette définition correspond exactement au couple mythique Michelangelo Antonioni -Monica Vitti dont j’avais posté une sympathique photo, mais elle convient aussi parfaitement à ce que je pense de « I comme Italia ». C’est une sorte de synthèse de tout ce que j’ai écrit sur elle depuis un peu plus d’une année. Pour autant, je ne crois pas du tout avoir fini d’explorer ce qui explique la fascination qu’elle dégage. Ce qui est singulier, c’est que cette fascination s’exerce par des mots, des phrases, une façon d’articuler la réflexion, une fluidité dans le style, des réponses décomplexées, libres, naturelles, une séduisante modernité. Ses mots ont une sonorité particulière, et certains d’entre-eux, y compris les plus ordinaires, suggèrent une sensualité poétique. C’est ainsi que je les lis, que je les interprète, que je les ressens. Mercredi, nous avons parlé d’escapades vers de lointaines contrées. J’ai évoqué Oulan Bator, en Mongolie, les steppes et les tentes mongoles parce que j’ai suivi, il y a quelques années, un magnifique documentaire sur ce pays. Notre rêve a duré une demi-heure. Et puis, nous avons poursuivi notre conversation autour d’Eluard, Pablo Neruda, Alda Merini…et de très belles photos noir et blanc qu’elle a choisies avec soin et, comme d’habitude, en symbiose avec ce dont nous parlions. En réponse au propos sur la fascination, elle a cité Henry Miller s’adressant à Anaïs Nin : « Quand je pense à vous maintenant, le sourire me monte aux lèvres. C’est exactement ce que je vous aurais demandé de porter si j’avais pu prévoir le moment de notre rencontre »  Eh bien, je fais mienne cette phrase et je dis précisément la même chose au sujet de « I comme Italia » non seulement parce que ses intuitions sont belles mais parce qu’elle est aussi élégante que la superbe femme dont elle a posté la photo pour illustrer la citation de Miller, sans cependant en mentionner le nom. Elle lui ressemble…
Lamine Bey Chikhi
Post-Scriptum : Elle adore les madeleines au chocolat, comme moi.

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I comme Italia -41 -

Posté par imsat le 8 novembre 2024

« Parfois, dans la vie, on a le sentiment de croiser des gens du même univers que nous. Des extra-humains, différents des autres, qui vivent sur la même longueur d’onde, ou dans la même illusion. » (Agnès Ledig)
Est-ce un récit sans fin ? Je me suis posé la question. Aujourd’hui, j’y réponds par l’affirmative. Je dis bien aujourd’hui parce que dieu seul sait de quoi demain sera fait.
Aujourd’hui donc, j’ai l’impression que ce qui m’incite à vouloir écrire encore sur elle n’a pas de limite. J’ai encore tant de choses à lui dire. Tout ce qui la concerne me parait inépuisable.
En même temps, j’ignore pourquoi il y a aussi dans ma tête une sorte de projection qui vient relativiser mon propos. Je veux dire l’idée, l’hypothèse d’une histoire inachevée pour de multiples raisons. Mon alter égo ne comprendrait pas pourquoi j’épilogue sur une telle issue. Lui, a toujours été dans la simplification, le pragmatisme, il veut toujours agir ici et maintenant. Ce n’est pas mon cas. C’est d’ailleurs pourquoi, mes conversations avec lui sont compliquées. Il est impatient, expéditif. Que ferait-il à ma place  ? Je ne veux pas le lui demander. Je sais exactement ce qu’il me répondra. En ce moment précis, mardi minuit et quart, j’ai envie de dire quelques mots de deux superbes soirées poético littéraires que j’ai passées avec elle les 4 et 5 novembre. Elle était en verve, particulièrement entraînante et très  inspirée. Quand elle réapparait après une absence de trois ou quatre jours, pour moi, c’est le temps retrouvé. Je me répète, j’en suis conscient, elle le sait, je le lui ai dit. Je la tiens régulièrement au courant de mes échanges avec mon alter ego. Je n’ai rien à lui cacher et j’aime bien lui en parler même brièvement. En général, J’en profite pour lui dire ou lui redire simplement qu’elle reste omniprésente dans mes pensées. Je lui prouve ainsi que je pense à elle tout le temps.
« Tout le temps ? »
« Oui, tout le temps
« Je vous adore ! »
« Et réciproquement vôtre »
« Je suis heureuse et émue d’être votre muse »
« Sans vous, je ne me serais pas lancé dans l’écriture du récit…j’écris pour vous »
En repensant aux soirées précitées et à celles qui les ont précédées, je me suis aperçu que leur réussite était surtout l’oeuvre de I comme Italia.
Ma muse est talentueuse non seulement compte tenu de ce qu’elle sait du cinéma, de la photographie et de la littérature, mais pour son inventivité, sa capacité à organiser, à animer une conversation de telle sorte à créer une vraie intimité. J’étais conscient de cette scénarisation et j’avais le sentiment réel d’être pleinement avec celle qui l’a concoctée. Et à chaque fois, je me suis senti dans un espace ressemblant parfaitement à un salon où nous étions en tête à tête dans une ambiance feutrée, agréable, charmante, sereine exactement comme l’est ma fascinante hôtesse.
Les photos noir et blanc, les citations échangées, nos commentaires, nos compliments réciproques viennent toujours agrémenter nos soirées. Dans nos lumineuses évasions poétiques, il y a des rêves, des compliments, de courtes rétrospectives cinématographiques, mais le réel n’est jamais loin. Quand elle me dit qu’elle est émue et heureuse d’être mon inspiratrice, ce n’est pas de la fiction. Quand je lui déclare que je dis ce que pense et je pense ce que je dis, je suis dans le réel. Je ne suis pas non plus dans l’illusion ou la fiction quand je lui dis qu’il n’y a aucune exagération dans mon propos, dans mes sentiments. Oui, c’est vrai, je pense à elle tout le temps. Et cela est normal. J’écris sur elle et j’échange avec elle. Elle fait partie intégrante de mon quotidien. Parfois, c’est lié à quelque chose de concret. Hier, par exemple, je me suis interrogé sur l’opportunité de mettre des photos dans mon récit. Je pense à des photos de stars de cinéma, celles précisément que nous aimons particulièrement (Monica Vitti, Sophia Loren, Stefania Sandrelli, Léa Massari, Jane Birkin, Catherine Deneuve, Audrey Hepburn…). Je pense aussi à quelques unes de ses photos. J’en ai vu trois. Je lui demanderai si elle est d’accord pour que je les insère dans le récit, le moment venu. J’aimerais bien aussi qu’elle écrive un, deux ou trois chapitres du récit, une sorte de synthèse spontanée et totalement libre de nos conversations. Ce serait magnifique. J’aime ses mots, ses phrases, ses exclamations, ses points de suspension, sa créativité, ses audaces artistiques. Elle pourrait aussi écrire sur ce qui l’inspire indépendamment du récit.
Lamine Bey Chikhi
Post-Scriptum : c’est elle qui a déniché la belle citation d’Agnès Ledig

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I comme Italia -40-

Posté par imsat le 31 octobre 2024

« Puissent les mots, enfin limpides, nous laisser entrevoir les fenêtres ouvertes. Puisse le temps se hâter avec nous, et apporter notre lendemain dans ses bagages » (Mahmoud Darwich)
J’ignorais que Mahmoud Darwich avait entretenu une relation amoureuse avec Rita, de son vrai nom Tamar Ben Ami, une danseuse juive que le poète avait rencontrée au bal de la ligue des jeunes communistes israéliens
C’est « I comme Italia » qui me l’a appris récemment (25 octobre) en postant une photo montrant le grand poète palestinien en compagnie de Rita. La photo n’est pas datée mais elle semble relativement vieille (vraisemblablement années 60) Mahmoud Darwich y parait jeune. « I comme Italia » a également posté un superbe poème de Darwich dédié justement à Rita. En voici des extraits.
Entre Rita et mes yeux, un fusil
Et celui qui connaît Rita se prosterne
Et adresse une prière
à la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel
Ah Rita ! Entre nous, mille oiseaux, mille images, d’innombrables rendez-vous criblés de balles par un fusil. Le nom de Rita prenait dans ma bouche un goût de fête.
Ah Rita ! Qu’est-ce qui aurait pu éloigner mes yeux des tiens, hormis le sommeil et les nuages couleur de miel, avant ce fusil ?
Ma charmante et gentille inspiratrice que je remercie de nouveau et dont j’ai déjà dit qu’elle était ouverte aux cultures du monde, m’a aussi appris que ce poème avait été mis en musique puis interprété par le célèbre chanteur libanais Marcel Khalifa. J’ai regardé la vidéo du récital donné par ce talentueux artiste dont j’ai trouvé l’interprétation du poème de Darwich impeccable, magistrale. Je pensais que le poète et Rita avaient entretenu des liens épistolaires, une correspondance pour contourner les obstacles inhérents au contexte politique qui était le leur à l’époque où ils se sont connus. Mais il n’y a pas eu d’échanges de lettres entre eux. Leur idylle n’a pu se poursuivre du fait que Rita s’était engagée dans l’armée israélienne avant le déclenchement de la guerre israélo-arabe de juin 1967. C’était un élément rédhibitoire qui rendait impossible la poursuite de leur belle relation. Darwich explique poétiquement cet empêchement et rappelle de façon romantique et métaphorique ce qu’il ressentait pour Rita. Ce qui est merveilleux, c’est que Darwich a éternisé par un poème les sentiments qu’il éprouvait pour Rita. Sans ce poème, peut-être n’aurions-nous jamais su que ces deux êtres avaient vécu une histoire d’amour, une histoire certes brève mais sincère et intense. La poésie, la littérature, la chanson, le cinéma, tout cela survit aux bouleversements de l’histoire…
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -39-

Posté par imsat le 24 octobre 2024

« Le portrait d’un être qu’on aime doit pouvoir être non seulement une image à laquelle on sourit mais encore un oracle qu’on interroge. » (André Breton)
Quelqu’un a demandé ce que nous lisions en ce moment. J’ai répondu : « Un recueil de poèmes intitulé Je pense à elle tout le temps. » Et j’ai ajouté « Auteur anonyme ». Je pouvais dire n’importe quoi, mentir,  rappeler le titre d’un livre de Jean d’Ormesson, Anton Tchekhov, Simone de Beauvoir ou que sais je encore. J’ai menti sur le recueil de poèmes. Il n’existe pas. C’est une invention. C’est qui est aussi faux, c’est l’auteur inconnu. Pas de recueil ni d’auteur inconnu. Ce qui est vrai, c’est l’intitulé de ce recueil imaginaire. « Je pense à elle tout le temps ». Je n’ai pas du tout réfléchi. Je me suis juste dit: « je vais dire quelque chose de vrai, de simple et qui me concerne directement, pleinement. Pourquoi le confesser par citations interposées, comme il m’arrive de le faire de temps à autre, alors que je devrais pouvoir écrire ce que je pense et ressens vraiment, et qui n’a rien à voir avec tel ou tel auteur même si des rapprochements, des comparaisons sont parfois possibles ?
C’est d’ailleurs en réponse à l’intitulé du recueil en question qu’elle m’a répondu. Elle savait que je m’adressais à elle parce que je le lui ai souvent dit. Je lui ai redit que j’aimais sa spontanéité et son éclectisme, la jonction qu’elle établit pertinemment entre l’Orient et l’Occident en citant, par exemple, Nazim Hikmet, Patrick Modiano, Nizzar Qabbani, Albert Camus.
J’ai parfois l’impression d’être dans une sorte de redondance au regard de certains auteurs connus. Si je me répète c’est parce que nous parlons, elle et moi, de ce que nous aimons. La semaine dernière, au détour d’une phrase sur des choses de la vie, elle m’a mis en garde contre le risque de submersion provenant de faits divers qui concernent les autres, contre le matraquage médiatique. Façon de rappeler que L’enfer, c’est les autres (Jean-Paul Sartre) Et elle a bien raison. J’aime nos conversations justement parce qu’elles sont porteuses de quiétude, de beauté, d’inventivité, de diversité, d’espérance.
C’est même un peu plus que cela. Quand il m’arrive d’intervenir sur des réseaux sociaux pour évoquer des problématiques intéressant l’Algérie, je le fais presque toujours pour exprimer une contrariété, une colère, un mécontentement, même lorsque je dis du bien de telle ou telle situation. Certes, je formalise ma réaction trés calmement, en respectant scrupuleusement les règles de grammaire, la syntaxe pour être fluide et lisible mais dans mon for intérieur, je bouillonne, je déplore, je suis révolté. Et je me rends compte après coup que mes colères ne retombent pas au sujet de mon pays que j’aime malgré tout profondément et dont je continue de défendre ardemment les intérêts en toutes circonstances. Quand je fais des commentaires sur l’Algérie, je suis souvent, mentalement parlant, dans le bruit, la fureur, la contrariété, rarement dans le calme. Pourquoi ? Parce que les choses n’avancent pas comme je l’aurais souhaité et que le rythme escompté n’y est pas. La sérénité, l’apaisement, la possibilité de sortir des sentiers battus, de discuter autour de certaines utopies concrètes, de jouir librement de la culture dans sa quintessence et finalement de se faire plaisir, de se dire de belles choses, tout cela je le trouve avec « I comme Italia ». C’était ce que je cherchais à écrire et qui restait un peu vague dans mon esprit. Avec elle, point de révolte intérieure ni d’autocensure. Nous surfons souvent sur des flashback autour du cinéma, en amont ou en aval desquels nous citons des romanciers, des réalisateurs, des artistes, des poètes, ce qui n’exclut pas nos propres commentaires. Et dans ce sillage, je la perçois justement comme un oracle au sens où l’entend Breton, je m’interroge en même temps que je l’interroge. Elle répond à sa façon, toujours belle et subtile.
« Trouvez-vous que j’exagère en parlant de vous comme je le fais ? » Je lui ai posé cette question plusieurs fois pour savoir ce qu’elle en pense. Comme ce fut le cas avant-hier 22 octobre, elle a répondu : « Non » avant de conclure notre conversation en me disant : « vous êtes un prince, comme Visconti »
Moi, un prince, comme Visconti !
Ce parallèle n’est-il pas excessif ? Sans doute mais je crois comprendre ce qu’elle veut dire en le reliant aux potentialites infinies de l’imagination créatrice.
Je lui ai dit qu’elle était pour moi la plus charmante, la plus agréable, la plus sublime, la plus fascinante des muses. Je le pense sincèrement et je ne suis pas du tout dans l’exagération en le disant.
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -38-

Posté par imsat le 18 octobre 2024

« Le jour où quelqu’un vous aime, il fait très beau, j’peux pas mieux dire, il fait très beau ! C’est encore ce qui m’étonne dans la vie » ( Jean Gabin )
J’écris pour elle et pour moi ? Ou bien pour elle exclusivement ? Je lui ai demandé ce qu’elle en pensait au cours de notre superbe soirée-conversation du 12 octobre, mais elle ne m’a pas répondu, je crois qu’elle n’a pas pris connaissance de ma question parce que notre dialogue était intense et nous incitait constamment à des réflexions croisées sur diverses citations et photos. C’est notre rituel. Aujourd’hui, je peux affirmer que j’écris pour moi et pour elle. Mes motivations sont intimement liées, interdépendantes. Mais sont-elles pour autant égales, similaires, comparables ? Je me le demande. Mais je crois que ma première motivation, celle à l’origine de mon engagement dans l’écriture du récit, c’est d’abord elle, je veux dire ses premiers mots, ses premières phrases, ses encouragements. Quelqu’un avait posté une photo montrant une chambre lumineuse, une table verte, sur cette table: un cahier, trois livres, un stylo, trois oranges, deux fleurs. La fenêtre de la chambre est grande ouverte, et la vue sur la mer quelque part dans le monde est magnifique. L’auteur du tweet avait posé la question suivante: « si vous étiez dans ce lieu, que feriez-vous ? »
J’ai immédiatement répondu que j’esquisserais volontiers les éléments d’un roman dont le personnage central, une séduisante et sympathique italienne, aime le cinéma, la littérature, les photos black&white, les artistes, Romy Schneider, Jane Birkin, Monica Vitti, Antonioni, Pasolini, Catherine Deneuve…c’était le 23 août 2023.
Elle m’a aussitôt dit: « Quelle joie ! Je serais heureuse de vous lire ! » avant de citer Simone Weil : « La joie est un besoin essentiel. La pensée humaine se nourrit de joie »
Telle est la genèse du récit. Et ce qui m’a accroché dès le début avait à voir d’abord avec les mots. Cela n’a cessé de se confirmer au fur et à mesure de l’évolution du récit. Je me suis aperçu que je tombais amoureux de ses mots, de ses phrases les plus ordinaires. Pourquoi ? Parce que quand je la lisais, quand elle répondait à mes commentaires, je la voyais à travers sa photo, celle sur laquelle elle est vêtue de noir. En vérité, c’était la première fois que je ressentais un tel plaisir à partir de cette combinaison impliquant d’abord ses mots, sa photo, puis des photos d’actrices, et de nouveau des phrases, les siennes et les miennes.
Tout cela est-il virtuel ? Non ! Et notre soirée du 12 octobre l’était-elle aussi ?
Non. Au reste, si tout cela était virtuel, on pourrait alors dire que l’abondante correspondance entre Albert Camus et Maria Casarès, Franz Kafka et Milena Jesenska ou encore Boris Pasternak et Marina Tsvetaïeva était elle aussi virtuelle…
Pour moi, tout est réel à partir du moment où tout passe par les mots. J’ai envie de préciser que ce propos vaut exclusivement pour ma relation épistolaire avec elle. Ses mots, nos mots prennent toute leur place dans nos conversations. Tout cela est-il important et sensé parce que les leviers que nous actionnons (poésie, cinéma, littérature…) reposent sur des mots, des phrases ou des images qui génèrent des interprétations écrites, des appréciations subjectives, un ressenti, des sentiments ? Oui, dans une large mesure.
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -37-

Posté par imsat le 12 octobre 2024

« Les poètes travaillent la nuit quand le temps ne les presse plus, quand se tait la rumeur de la foule et que cesse le lynchage des heures » (Alda Merini)
Qu’ai je envie d’écrire sur elle aujourd’hui ? J’avais pensé à plein de choses et je m’étais promis d’en parler. Certaines d’entre-elles sont encore dans ma tête mais j’en ai oublié d’autres. Après coup, je me suis dit que j’aurais mieux fait de les noter sur le champ sans tergiverser, justement pour ne pas les oublier.
Tous nos échanges sont magnifiques mais certains sont exceptionnels à bien des égards; celui du samedi 5 octobre en fait partie. Un régal, un immense bonheur ! Bien sûr, les citations d’auteurs étaient incontournables. Le point de départ : une photo montrant Claude Sautet et Romy Schneider ensemble sur le lieu de tournage de Max et les ferrailleurs, un film que j’ai beaucoup aimé. J’avais posté la photo accompagnée d’une citation de Sautet: « notre rencontre nous a illuminés tous les deux. »
Et puis, elle a rebondi sur mon envoi et, comme toujours, elle a pris les choses en main, dynamisant, enjolivant notre conversation, m’incitant à maintenir le cap, à être à la hauteur par rapport aux choses de la vie artistique. C’était intense, entraînant, inspirant, palpitant. C’est toujours comme ça avec elle: tirer pleinement profit du temps présent, parfois au pas de charge. Ça peut durer au moins une heure ou davantage, c’est passionnant, c’est retentissant, nous sommes dans une autre dimension, une espèce de bulle où notre conversation est, comme d’habitude, pleine de références à la littérature, au cinéma, à la poésie. Quand on s’écrit, je pense souvent à cette phrase d’André Breton : « Les mots font l’amour »
Une belle synchronicité s’est forgée entre nous au fil du temps. Une fois, elle a parlé d’une grande complicité. C’est aussi ce que je pense.
C’est beau et (je ne le dis pas assez) toujours très instructif.
Je souligne qu’en matière de photographie, de choix, d’exploitation poético-littéraire et d’interprétation des photos, elle me surclasse complètement, elle est rapide, réactive, inventive !
Le 5 octobre, c’était particulièrement bien parce qu’elle m’a dit qu’elle aimait lire mes souvenirs. Elle m’avait dit la même chose à propos du récit concernant « I comme Italia », et j’en étais heureux, mais apprendre qu’elle lit aussi mes textes nostalgiques, ceux que j’ai commencé à écrire en 2009, c’est vraiment époustouflant.
Cette appréciation est pour moi nettement supérieure à une distinction littéraire. Trois ou quatre mots de sa part, c’est bref, mais c’est fabuleux et c’est fabuleux parce que c’est elle et son regard est bienveillant, exigeant, critique et, je le sais, sincère. Bien d’autres personnes avant elle m’ont fait part du plaisir qu’elles avaient éprouvé en me lisant. Mais ce n’est pas du tout comparable. La subjectivité n’est pas la même. Tout est différent, la personnalité, le background, la sensibilité, le charme…Quand elle me dit : « Je lis et relis votre récit, c’est magnifique » puis deux jours plus tard : « ‘j’aime lire vos souvenirs », je suis aux nues parce qu’à travers cette appréciation, je vois « I comme Italia » dans tout ce qu’elle représente et incarne pour moi. Là aussi, c’est sans précédent. Quand elle écrit « j’aime lire vos souvenirs » je l’entends, je l’imagine, je la vois, elle est là, avec moi, en face de moi… Elle dit avoir vécu une enfance heureuse mais elle ne s’en souvient pas. Je lui ai répondu que cela pouvait revenir avec le temps, que Modiano avait écrit un livre qu’il a intitulé Souvenirs dormants; je pensais pouvoir ainsi susciter une discussion autour d’un potentiel « recouvrement » de ses souvenirs d’enfance mais elle s’est contentée de dire Non …Peut-être, un jour me parlera t-elle de ce dont elle se souvient ou tout simplement des choses de la vie courante, si elle le souhaite.
Lamine Bey Chikhi

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I comme Italia -36 -

Posté par imsat le 30 septembre 2024

« C’était la seule femme que je pouvais aimer, il m’est impossible d’aimer une autre femme, ce qu’on appelle l’amour fou, vraiment ça te chavire, ça peut pas arriver deux fois ! Impossible !! Tu le sens merde tu le sens, tu ne peux pas le dire mais tu le sens ! » (Kateb Yacine)

Je devais évoquer son prénom sans pour autant le décliner, pour pouvoir laisser libre cours à mon imagination à partir de ce qu’il m’inspire.
J’ai commencé à le faire, hier 24 septembre, à la faveur d’une conversation avec elle sur Nizar Qabbani le grand poète syrien. Je lui avais communiqué le lien d’un article très intéressant et instructif publié dans Middle East Eyes en décembre 2018. Cet article retrace le parcours de Qabbani, sa rencontre avec Belqis, celle qui allait devenir son grand amour, son inspiratrice. Il avait dit à son propos: « Et l’écriture est toujours : à toi, avec toi, sur toi, à cause de toi et pour toi. » (merveilleuse citation rapportée par I comme Italia ). L’auteur de la contribution rappelle les circonstances de la disparition tragique de Belqis dans un attentat à la bombe contre l’ambassade d’Irak à Beyrouth en 1981. Disparition à la suite de laquelle Qabbani cessa définitivement d’écrire… « I comme Italia » a posté quelques vers du poète ponctués du mot Habibi…J’ai rebondi sur ce mot pour faire le lien avec ce qui m’intéressait en premier. Je lui ai dit : « Au cinéma, il y a bien sûr le fameux, l’inoubliable Hiroshima mon amour d’Alain Resnais. Eh bien, Je serais peut-être tenté de m’en inspirer pour titrer mon récit. Je mettrais ainsi le magnifique prénom de ma muse suivi de Habibi. Ce serait pas mal. Qu’en pensez vous ? » elle a répondu : « Oh! Merci !!! ». Le lendemain, nous avons enchaîné sur un extrait de la correspondance entre Albert Camus et Maria Casarès accompagné d’une photo montrant une femme ravissante, souriante et heureuse puis sur échange de citations évoquant ou suggérant le sentiment amoureux à distance, l’absence, le silence, l’éloignement. Comme d’habitude, j’ai été prolixe dans mes commentaires alors qu’elle est restée plutôt réservée, discrète. Je crois qu’il y a un mot plus approprié pour définir sa relative distance. Et cela fait aussi partie de son mystère, de son pouvoir de séduction. Je lui ai d’ailleurs demandé de m’éclairer sur les ressorts de l’extraordinaire fascination qu’elle exerce sur celui qui a fait d’elle le personnage central de son récit. Comment, par exemple, expliquer que son charme intérieur et extérieur passe presque exclusivement par des mots, je devrais dire une rareté de mots, des phrases courtes et des photos d’artistes toujours adaptées à nos conversations ? Comment, en peu de mots, arrive t-elle toujours à deviner l’autre, à lire dans ses pensées, à anticiper ses souhaits, ses désirs ? L’autre, je veux dire celui dont elle est l’inspiratrice ? C’est un point important pour moi parce que je trouve formidable et exceptionnel que les mots, y compris et peut être même surtout les mots ordinaires, puissent constituer les soubassements principaux d’une relation épistolaire qui évolue toujours vers le beau, la découverte progressive, fluide, détendue de l’autre. Je parle des mots et des phrases qui à eux seuls génèrent émotions, images, fantasmes, convergences, sentiments. Elle n’a pas répondu à mes interrogations. Ou plutôt si, mais pas de manière directe. I comme Italia, c’est aussi une osmose unique entre ses mots, sa façon de réagir, les citations d’auteur qu’elle déniche au bon moment et les photos qu’elle choisit pour les illustrer pertinemment. C’est d’ailleurs toujours impeccable de sa part parce que cela convient parfaitement à ce dont on parle, et confère à nos conversations une singularité et un charme toujours renouvelés. Je n’oublie pas de préciser que c’est elle qui impulse et fait bouger les choses par sa réactivité, ses intuitions et sa créativité.

PS: Je lui ai dit que je mettrais volontiers la première phrase de la citation de Kateb Yacine au présent…

Lamine Bey Chikhi

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