Ce qui reste de ce qui n’est plus
Posté par imsat le 30 août 2009
Il y a encore bien des choses à dire du passé; des choses dont la portée émotionnelle est intacte, inépuisable. Je le sais, je le sens !
Il y a l’enfance certes, mais pas seulement.
Il y a aussi les transitions.
J’aime certaines phases des processus transitionnels. Comment les ressent-on ?
Il y a des transitions terriblement régressives à l’instar de celle que j’observe de la fenêtre de ma chambre depuis quelques années, mais il y a ce qui a existé juste avant la chute. Avant la rupture du cordon ombilical.
La fin d’une époque peut inciter celui qui le souhaite à faire preuve d’une certaine imagination pour qu’il continue à en profiter. Il s’agit dans cette optique d’activer les instruments de la rétrospective, y compris après l’instauration ad vitam aeternam de la médiocratie et de sa chape de plomb sur la société.
Capter, saisir, rattraper ce qui n’est plus ou plutôt préserver ce qui reste de ce qui n’est plus ?
Une atmosphère, une douceur de vivre, des couleurs, les lampions de la pépinière de Batna un certain mois de juillet, des images, des tailleurs pied-de-poule portés à la Lauren Baccal par des algériennes; mais aussi des fragrances, des rencontres, des visites, des sourires, des sonorités, des postures, des chansons de Jean Ferrat, Serge Reggiani, une façon de converser, de se regarder dans un miroir, d’enfiler une chemise (blanche), un blazer…
En partant, ils ont emporté beaucoup de ce qui me manque aujourd’hui.
Ce sentiment que j’aurais voulu circonscrire à un niveau strictement personnel se retrouve connecté, bien malgré moi, à des considérations extra individuelles, générant ainsi le risque d’une interprétation erronée de ma nostalgie.
L’autre jour, j’étais heureux de dire à MA, à propos de certains souvenirs, que la phrase : « …en partant, ils ont emporté beaucoup de ce qui me manque aujourd’hui « , me plaisait énormément, que je la trouvais juste, sincère et vraie.
MA a fait la moue.
J’ai anticipé ce qu’elle voulait me faire remarquer en lui précisant que je ne songeais pas particulièrement à la dimension politique d’une époque. La position de MA est restée mitigée.
Je lui ai alors indiqué que ceux qui connotaient péjorativement le concept de nostalgie étaient dans l’incapacité de reconnaître à l’individu le droit d’isoler le souvenir de son contexte, de se l’approprier parce qu’il est sien, d’éprouver du plaisir à se remémorer les moments agréables du passé en dépit de tout et d’abord des controverses de l’histoire.
Lamine Bey Chikhi
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