Ah, si les choses étaient restées en l’état !
Posté par imsat le 12 septembre 2009
Quand je repense à l’insouciance qui a marqué certaines tranches de vie, je ne la lie plus à l’enfance perçue comme une phase autonome de l’existence, je veux dire que je ne la considère plus seulement comme un dérivé naturel ou un élément constitutif de l’enfance.
J’y associe de plus en plus l’image que les autres (les proches) me renvoyaient.
Les adultes d’autrefois ne me paraissaient pas crispés, ils étaient plus enclins à rire, plus courageux aussi que ceux d’aujourd’hui.
Il ne me semble pas creux de rappeler que le mot stress n’existait pas.
En le disant, je revois mes oncles, mes grands cousins, enfin certains d’entre eux, toujours rassurants sinon par la parole du moins par une présence ou plutôt une visibilité.
Je me dis aussi que la vie nous était agréable parce que simplement nous étions tous au même endroit.
Ils étaient encore tous là, à Batna. Il en découlait chez les enfants que nous étions un sentiment de protection et une exclusion naturelle de l’inquiétude.
Il y avait mon grand-père (jeddi), Nanna, mon père, mes oncles, mes tantes…
Il y avait d’autres membres de la famille non loin de là, à Khenchela, Constantine, Béjaia, Annaba.
En vérité, c’était moins une question de nombre que de constance, de qualité, de solidarité. C’était aussi une proximité culturelle, une densité, un art de vivre.
A cette époque, tout paraissait établi pour l’éternité. Jamais l’idée que cet équilibre disparaîtrait un jour ne m’avait traversé l’esprit.
Ah, si les choses étaient restées en l’état !
Pourtant, c’est parce qu’il y a eu des décantations, des départs, des disparitions, des exils, une déstructuration de la tribu que le passé se retrouve aujourd’hui impliqué dans toute sa splendeur à travers des interférences visant en définitive à combler des manques, à atténuer l’inconfort et les vicissitudes du temps présent.
Lamine Bey Chikhi
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