L’Ariane de Sahraoui (Batna, 1960-1961)
Posté par imsat le 19 septembre 2009
L’Ariane était élégante, majestueuse, brillante…
Tout en elle attirait l’attention.
Sahraoui l’entretenait au jour le jour, il l’astiquait constamment, il la chouchoutait devrais-je dire.
Au reste, je ne le voyais pas faire autre chose quand je passais devant la station de taxis où il garait son véhicule, non loin du théâtre de la ville.
Sahraoui était taxieur à Batna; c’est lui qui nous accompagnait quand nous voulions aller à Khenchela ou à Béjaia pendant les vacances.
Nous démarrions toujours à l’aube; je n’aimais pas les voyages du matin; ils me donnaient la nausée et des maux de tête.
Je sortais le premier de la maison; il était déjà là en train de procéder aux ultimes vérifications du moteur.
L’Ariane était confortable.
Sahraoui conduisait prudemment; il ne parlait que pour dire des choses pratiques et utiles. Il passait les vitesses de façon précautionneuse; ses manoeuvres étaient posées et rassurantes. Je trouvais que sa manière de conduire ressemblait beaucoup à celle de mon oncle Saadi dont la 203 gris-clair était, elle aussi, impeccablement tenue.
Sahraoui était aux petits soins avec nous, s’arrêtant là où il fallait et quand il le fallait, surtout durant le trajet Batna-Béjaia sinueux en certains endroits et plus long que celui, linéaire, de Batna à Khenchela.
En me remémorant le brave homme, je revois également les enjoliveurs de son véhicule; eux aussi brillaient comme le reste de l’Ariane.
Un jour, je m’étais inquiété de le voir reprendre la route juste après nous avoir conduits à Béjaia, rue Lesca, chez mon oncle Si Salah Boumahrat.
Je m’étais demandé comment il pouvait repartir sans s’être reposé ni alimenté, alors que mon oncle l’avait convié à déjeuner.
J’étais même un peu triste de le voir s’en aller dans de telles conditions.
Lamine Bey Chikhi
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