L’accident (printemps 1963)
Posté par imsat le 24 mars 2010
La veille de notre retour à Batna, nous avions vu Divorce à l’italienne au studio cinéma de l’Aletti. Nous étions à Alger depuis trois jours; nous avions pris des chambres à l’hôtel Victoria, non loin du palais de justice. Un hôtel modeste mais pourvu des commodités essentielles. Nous avions engrangé pas mal d’images d’Alger. Il m’en reste deux ou trois, notamment la photo prise au CHU Mustapha où j’étais allé subir une visite de contrôle. Nous avions également pris des poses le long du trajet Alger-Sétif, en particulier dans les gorges de Kherrata où nous nous étions arrêtés pour voir les singes.
Le temps était splendide. Nous roulions à vitesse moyenne. Tout était vert alentour, nous étions seuls sur la route; ma tante était de bonne humeur, dada Rabah interférait par moments dans la conversation qu’elle avait avec Aicha. Il le faisait moins pour y participer vraiment que pour les taquiner toutes les deux. Il était joyeux.
Nous n’étions plus très loin d’El Eulma (ex Saint-Arnaud). Soudain et alors qu’il prenait la bouteille d’eau que ma tante lui tendait, dada Rabah s’aperçut qu’il perdait le contrôle du véhicule : dérapage, deux ou trois tonneaux, quelques cris…
Le choc !
Tout ou presque est encore dans ma tête : une mare de sang à l’endroit où se trouvait ma tante, le silence abyssal de la campagne, notre immense solitude face à cette lourde traction Citroën renversée, dada Rabah implorant l’aide de dieu dans un arabe décousu, prononçant des mots que je ne comprenais pas (hormis celui d’Allah), essayant vainement de redresser le véhicule… j’étais prostré, inerte; Aicha et Chérifa étaient elles aussi figées dans leur stupeur.
Immobilité du temps. Je vivais le drame sans pour autant en prendre toute la mesure. Ebranlement intérieur, sourd…
Au bout d’une heure, deux ou trois personnes sorties de nulle part accourent vers nous; quelques instants plus tard, une camionnette de marque Peugeot arrive sur les lieux suivie d’une ambulance. Ensuite, direction hôpital d’El Eulma où Djamel et MA (ma mère) venus de Batna, nous rejoignent en début de soirée.
Tata Lola avait rendu l’âme. Elle avait 28 ans. Lorsqu’il nous arrive de parler d’elle, c’est souvent pour dire qu’elle était belle et généreuse, qu’elle aimait la vie…
Lamine Bey Chikhi
Bonjour Lamine!C’est hier que j’ai lu le récit sur notre tante lola avec beaucoup de tristesse,mais je trouve très bien que tu en aies parlé, cela veut dire que tu ne l’oublies pas et en même temps tu lui rends hommage, bravo Lamine!Et comme c’est étrange,il y a une semaine notre cousine Dalida était chez moi à Aix durant 2 jours.Elle m’a amené des photos de ses parents et de certains cousins.Evidemment nous avons beaucoup évoqué sa maman dont on a l’impression qu’elle a toujours connue et dont je me souviens très bien même si j’étais petite!En tous cas avec Dalida ns ns sommes promises de ns revoir et il se peut qu’on aille à Annaba! Bises à la famille Mady à +++++
Salut Mady,
La vie, c’est aussi tout cela: des coincidences, le hasard, les souvenirs, un « télescopage » des époques. Certaines évocations s’imposent plus que d’autres, mais au final on retrouve le fil conducteur…
Bien le bonjour,
Lamine