Ersatz
Posté par imsat le 6 avril 2010
Bien des choses simples favorisent la réflexion dans la sérénité. La dégustation du café de l’après-midi, dans la cuisine, en fait partie. Il en est de même des moments de soulagement dans le sillage de la levée de contraintes généralement considérées comme tout à fait ordinaires ou insignifiantes.
Je perçois les circonstances qui concourent à cette méditation comme autant d’instants de bien être. Je ne crois pas être superficiel en le disant, en le vivant. Au demeurant, c’est un peu sur la même trajectoire que je positionne le plaisir que me procure l’évocation du passé. C’est vrai que c’est une autre démarche, je veux dire que la restitution des souvenirs n’est pas toujours ni forcément accompagnée d’une prise de conscience tandis que ce que je dis de certains moments du présent est fondé sur la conscience que j’en ai.
Hier, alors que je m’apprêtais à sortir de la maison, MA m’a demandé d’acheter quelques brajs pour fêter l’arrivée du printemps; on en trouve aujourd’hui dans le commerce; d’ailleurs, tout ce qui se faisait jadis à domicile, se vend désormais à l’extérieur.
Chez mon boulanger-pâtissier du quartier Meissonnier, j’ai acheté une galette bien chaude mais j’ai renoncé à prendre des brajs; je me suis contenté d’en observer la forme, le contenu, la texture; je n’y ai pas retrouvé ceux des brajs de mon enfance; je me suis mis à songer au contexte actuel en essayant vainement de lui trouver des points communs avec celui des années 60.
J’aurais pu acheter trois ou quatre brajs comme me l’a suggéré MA, juste pour voir si on faisait bien les choses ici (à Alger) et maintenant (avril 2010), juste pour goûter. Je ne l’ai pas fait; je suis resté rivé sur la comparaison; les images du passé ont pris le dessus; pour tout dire, j’avais décidé d’avance que les pâtisseries exposées (brajs, erfiss…) ne valaient pas celles d’autrefois et qu’il était impossible de renouer, à travers leurs ersatz, avec les saveurs d’antan.
Lamine Bey Chikhi
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