Chikhi Smain (Années 1970)
Posté par imsat le 18 avril 2010
Je regrette un peu de n’avoir pu discuter aussi souvent que je l’aurais voulu avec dada Smain dans les années 1970 à Alger; il m’aurait certainement appris bien des choses, lui, mon grand oncle et en même temps le copain de mon père. Je me rappelle avoir longuement conversé avec lui un jour; c’était au printemps 1972; nous étions assis sur un banc public, juste devant l’entrée de la fac centrale donnant sur la rue Didouche Mourad. Après avoir évoqué les événements du 8 mai 1945, il me raconta comment les troubles furent évités à Batna et ce qu’il fit pour contribuer avec certains de ses amis, algériens et français, à l’apaisement d’une situation qui risquait de s’embraser à tout moment et de prendre ainsi une tournure aussi dramatique qu’à Sétif, Kherrata et Guelma.
j’aurais aimé soulever avec lui des tas de questions, d’abord sur la famille. Hélas ! J’ai raté le coche; mon potentiel nostalgique était en veilleuse. D’ailleurs, je crois à ce propos que l’émergence des souvenirs n’est motivante qu’avec le recul. Je n’impute ce ratage à personne; j’en suis seul responsable; je pensais tout bêtement disposer du temps nécessaire (une sorte de réserve de temps) pour interpeller dada Smain le moment venu.
Nos « priorités » étaient autres. Je devrais dire « mes » priorités car Ferid, lui, communiquait aisément avec nos oncles; il trouvait toujours le temps de le faire; je me demandais à l’époque comment il pouvait se mettre au diapason des aînés et concilier ses aspirations, ses affaires courantes et sa fréquentation des gens d’autrefois. Par moments, je croyais comprendre le tout en le reliant à ce que Ferid savait déjà de la dialectique politique, de la nécessaire sociabilité en politique du fait qu’il exerçait au département des études du FLN à l’époque (début des années 70) où le parti était dirigé par Kaid Ahmed.
Pour moi, activer dans un parti, c’était entretenir une capacité d’écoute donc une patience et une envie de dialogue; je n’étais pas du tout dans cette démarche. Les conciliabules de Ferid avec nos oncles (dada Smain, Saadi, Brahim…) dans sa Fiat 128 me paraissaient interminables et parfois même comme déconnectés des réalités; je m’interrogeais sur ce qui pouvait bien se raconter dans cet habitacle exigu et pas toujours propice à la conversation.
Pour ma part, j’aurais voulu demander à dada Smain de me parler de ses rapports avec mon père, de leurs échanges, de ce qu’ils pensaient de leur époque, des perspectives algériennes. J’aurais aimé entendre de lui qu’il me dise comment un oncle devient le grand copain de son neveu, comment leurs affinités se sont manifestées puis développées…
En avait-il parlé avec Ferid ? Moi, je ne peux que conjecturer, supposer, imaginer, ce qui n’a rien à voir avec ce que l’on a soi-même entendu.
MA se souvient de cette camaraderie mais son propos reste sommaire. C’est donc à partir de généralités que j’essaie de reconstituer, d’agréger ce que je cherche; mais il ya trop de choses qui manquent et que j’ignore. Les questions en suspens sont nombreuses; elles ne sont pas linéaires ni énonçables suivant un plan préétabli. Cela irait des goûts musicaux de mon père au distinguo qu’il pouvait établir dans son rapport à la famille, aux gens, en passant par ce qu’il pensait de la dimension philosophique de la vie. Justement, lui qui était toujours dans l’action, dans une dynamique de l’action, comment appréhendait-il les problématiques existentielles, les valeurs morales, l’histoire ?
Lamine Bey Chikhi
j’ai été touché par les regrets que tu as exprimé de ne pas avoir été plus attentif à ces personnes qu’on croyait éternelles et qui nous ont bel et bien quitté en nous laissons frustrés de tant d’informations sur l’histoire de notre famille, de leurs parcours et des enseignements à en tirer. de ne pas avoir savourer ces moments ou ils nous parlaient parce qu’on était trop jeunes ‘pas assez nostalgiques « dis-tu? cela prouve que tu es quelqu’un de très sensible. moi ce qui m’attriste encore plus c’est que les descendants se sont perdus de vue et que lorsque certains se préoccupent des autres c’est qu’ils sont dans des pays étrangers ou qu’ils ont fait parler d’eux. je n’ai pas envie de taxer qui que soit mais ma mère, avec tout ce qu’elle représente , la fille Chikhi Smain , a été oubliée , surement parce que résidant à Annaba. avant d’être hémiplégique c’était un globe-trotter mais maintenant …je reprendrai plus tard .
Bonjour Karima,
Merci pour ton commentaire. Je comprends et partage l’essentiel de ton point de vue. Mais pour les « concernés », ceux à qui tu fais allusion, je crois qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. je l’espère en tout cas. Prompt rétablissement à ta maman et bon courage à toi. A plus tard.
Lamine