Trajectoire

Posté par imsat le 22 mai 2010

Dans le cercle familial, le substrat de la décision prise par mon arrière grand-père paternel, jeddi Ali, de quitter sa Kabylie natale pour aller s’installer dans les Aurès à partir des années 1870, reste encore largement en friche. L’intérêt dans ce cadre ne me paraît pas relever seulement de considérations liées à l’histoire.

Dans le texte intitulé En quête de réponses, j’évoque, entre autres éléments extra historiques, ceux renvoyant à ce que nous pouvions un jour penser des conséquences diverses et variées de la décision en cause.  Après avoir lu le commentaire de Nadira sur cette problématique, j’ai tenté d’explorer les pistes suggérées par ses soins pour comprendre un peu mieux les soubassements de la décision de jeddi Ali; je me suis rendu compte que ces soubassements restaient concurrencés non pas par d’autres causes (en l’espèce, la complémentarité l’emporte sur l’opposition ou la contradiction; en tout cas, je veux bien le croire car c’est positif) mais par des supputations sur les répercussions du choix géographique de notre aïeul.

Et je me suis rappelé quelque chose qui (pendant longtemps) m’avait paru purement anecdotique mais que j’ai envie de relater même si cela n’apporte rien de fondamental à la quête entreprise.

Il s’agit de la route Alger-Sétif-Batna et de ce que nous en disions lorsque nous allions en voiture à Batna dans les années 1970-1980. Nous considérions les 130 km qui séparent Sétif de Batna comme le « tronçon » de trop. Nous partions d’Alger avec enthousiasme et nous arrivions à Sétif relativement frais et dispos, en tout cas loin d’être épuisés par le trajet, mais nous savions qu’il y avait encore ces fameux 130 km à parcourir. Cela était pesant et nous contrariait fortement surtout quand il faisait chaud. J’étais souvent le premier à m’en plaindre. Arrivés à Sétif, nous nous demandions systématiquement pourquoi jeddi Ali ne s’était pas établi  dans la région des Hauts plateaux plutôt qu’à Batna; nous déplorions même qu’il n’ait pas eu le réflexe, l’anticipation, le flair nécessaire pour s’arrêter au bon endroit, opérer un choix qui nous aurait épargné les 130 km en question, et permis de ne pas trop nous éloigner de la capitale.

Interrogation subsidiaire qui nous passait par la tête : Jeddi Ali s’était-il intéressé à l’impact ponctuel mais réel que ces 130 km allaient présenter un jour sur notre façon de jauger le trajet Alger-Batna via Sétif dans sa globalité ?

En tout état de cause, le « réquisitoire » sous-jacent à notre cogitation s’achevait toujours par une franche rigolade même si nous étions persuadés que cela valait la peine d’être soulevé au même titre que les autres facettes du processus d’installation de jeddi Ali à Batna. 

De mon point de vue, chercher à savoir si notre arrière grand-père aurait prospéré dans tous les sens du terme ailleurs qu’à Batna, c’est un peu s’enfermer dans la quadrature du cercle. Cela dit, l’argument économique explique t-il et valide t-il toutes les trajectoires, tous les projets ? Quelle peut-être sa portée ? La prospérité est-elle exclusivement matérielle ou relève t-elle aussi du symbolique, de la trace, du repère historique et culturel ? Comment jeddi Ali percevait-il son projet dans le temps ?

Il est vrai qu’au regard de ces interrogations, les conjectures sur l’incidence psychologique réelle ou supposée du trajet Sétif-Batna paraissent bien dérisoires…

Lamine Bey Chikhi

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