Azrou Kollal

Posté par imsat le 29 juin 2010

C’est le village natal de Chikhi Ali, mon arrière grand-père paternel, et de bien d’autres membres de la famille. J’ai souvent été tenté d’aller voir à quoi cela ressemblait. S’il m’arrive d’y penser encore, ce n’est pas en considération de l’histoire de ce lieu ou de celle des Béni Menguellet (tribu d’où sont originaires les Chikhi de Kabylie).  Mon idée est autre : j’ai simplement envie d’aller regarder, sentir, imaginer, rêver, ressentir, m’interroger, écouter la nature, m’étonner…

Etre à Azrou Kollal et en discuter en même temps sous le prisme de l’histoire ne m’intéresse que modérément sauf si le propos est bref, opportun, épuré… pour ne pas entraver la méditation. J’irais là-bas un jour, mais seul. Pour ne pas avoir à en parler parce que parler dans ce contexte c’est passer à côté du principal. Je demanderais peut-être qu’on m’indique l’endroit où naquit mon père; je sais que c’est à Ain El Hammam (ex Michelet) mais je voudrais voir où il se trouve précisément. Cela me permettrait de situer les choses. Le reste relève de l’imaginaire.

J’aimerais pouvoir éprouver à Azrou Kollal la même sensation que celle qui m’avait empli le coeur un soir de mai 1976, à Mascara, la ville natale de l’Emir Abdelkader : le temps était splendide et l’atmosphère paisible; j’étais heureux de me savoir à quelques encablures du mausolée de Sidi Kada l’aieul de l’Emir. Je ne me souviens pas d’avoir eu besoin d’en parler; j’essayais juste, l’esprit complètement serein, de retrouver sur place un peu de ce que l’on m’avait raconté de cet endroit des années durant.

Lamine Bey Chikhi

Azrou Kollal

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Passer le temps

Posté par imsat le 26 juin 2010

Passer le temps…c’est exactement le contraire de ce à quoi je pense. Il n’a jamais été question pour moi de passer le temps en essayant d’évoquer celui que l’on dit révolu.

Juillet 1968, Alger, Costa Gavras tourne Z. Place Maurice Audin, 16 heures, une scène se prépare à l’entrée du Quat z’arts; beaucoup de monde; je traverse la rue Didouche Mourad pour aller vers le tunnel des facultés; devant l’horloge de la place, Yves Montand répète une réplique; je l’interromps délicatement : « Bonjour monsieur Montand » lui dis-je; « Bonjour jeune homme, désolé mais, comme tu le constates, je suis occupé… » me répond-il l’air quelque peu contrarié. Je lui tends la main, il me la serre chaleureusement, je suis impressionné par sa taille; il est rasé de près; il porte un costume bleu nuit; je m’éloigne en lui souhaitant bonne chance. Il me remercie.

Juin 1971, Batna, hôtel d’Orient et d’Angleterre, 14 heures, avec Farouk B. Un homme est assis au bar; je l’observe brièvement, je le reconnais; c’est Jacques Perrin; je vais vers lui; j’engage la conversation; Farouk nous rejoint; l’acteur nous déclare être à Batna pour des repérages dans la région en vue d’un documentaire; échange convivial et enrichissant sur le cinéma. Au bout de trois quarts d’heure, nous prenons congé du comédien, le laissant poursuivre sa méditation initiale.

Novembre 1972, Alger, au cinéma Mouggar, on regarde Guerre et Paix de Serguei Bondartchouk. Le film en deux parties dure plus de 4 heures mais il est captivant. Après la projection, les principaux interprètes du film qui ont fait le voyage viennent nous saluer sur scène; ils sont humbles. Standing ovation. Grand moment d’émotion !

Juin 1990, Sandrine Bonnaire dans l’avion Paris-Alger : j’en ai déjà parlé.

J’ai été ravi de croiser ces artistes mais j’en ai raté d’autres comme par exemple Anna Karina et Marcello Mastroianni venus à Alger tourner L’étranger, en 1967.

Nenna n’avait pas tort de comparer la vie au cinéma.

Lamine Bey Chikhi

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La vie c’est comme le cinéma

Posté par imsat le 21 juin 2010

Ma grand-mère paternelle (nenna Djouher) comparait la vie au cinéma. Elle le disait à Mà lorsque certaines situations l’étonnaient et qu’elle ne leur trouvait pas d’explication logique. Mà reprend d’ailleurs souvent à son compte ce parallèle autour duquel elle articule nombre de ses pensées sur ce qui lui paraît inintelligible ou surprenant.  

Nenna est allée une seule fois au cinéma, à Batna. Probablement dans les années 1950. Avec qui et pour voir quel film ?  Mà n’en sait rien. B pourrait peut-être m’éclairer sur ce point. On verra bien.                        

Quand j’ai appris que nenna s’était forgé une idée du cinéma, de sa signification, de son impact, après avoir vu un seul film, je me suis interrogé sur ce qu’elle était en mesure d’en retenir d’autant qu’elle ne parlait que le Kabyle et qu’elle ne pouvait donc pas comprendre des dialogues en français. J’en ai déduit qu’il ne devait lui rester qu’à faire parler les images pour en tirer quelque chose.

Toujours est-il que cette seule fameuse fois lui avait suffi pour saisir les similitudes entre le cinéma et la vie, mais, implicitement aussi, les inspirations réciproques qu’il pouvait y avoir entre la fiction et la réalité.

Bien qu’elle soit devenue un lieu commun, cette assimilation de la vie à une comédie a quand même fini par prendre une résonnance particulière dans ma tête à partir du moment où j’ai su que nanna l’appréhendait à sa manière, originale et pertinente.  

A vrai dire, j’étais à mille lieues de croire nenna capable d’une telle « trouvaille » (la vie c’est comme le cinéma) à l’époque et dans les conditions qui étaient les siennes, et surtout de cette forme d’intelligence qui lui permettait de faire mouche dans tous les cas.

Lamine Bey Chikhi

 

PS: Lire le texte très intéressant de Nadira sur dada Abderrahmane (cf chapitre Réminiscences de ce blog)

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La terrasse du Victor Hugo

Posté par imsat le 17 juin 2010

Sa première nouvelle En direction du spleen, parue dans Horizons du 25 novembre 1988, exprimait l’exaspération que suscitait en lui la façon que certains avaient de marcher. Cela n’a pas changé ou plus exactement cela s’est généralisé. Il lui arrive, aujourd’hui encore, de décoder ce qui lui apparaît comme un abandon, un laisser-aller dans les postures qu’il observe. 

Chacun marche comme s’il était seul sur le trottoir, dans la rue. Les gens lui paraissent excessivement lents dans leurs mouvements, souvent même agaçants (il ne vise évidemment pas les personnes âgées); on ne marche plus comme autrefois; il ignore pourquoi mais il pense que cela révèle comme une inconscience par rapport à ce que signifie se déplacer, bouger, par rapport aussi à ce que cela devrait induire comme règles à observer, parce qu’il y a l’autre et qu’il ne faut pas lui marcher sur les pieds ni le bousculer ni lui obstruer le passage.

A l’époque (années 1970) où il s’attablait à la terrasse du Victor Hugo, il aimait scruter la façon que les gens avaient de se mouvoir; il commentait en lui-même leur gestuelle. Il y avait, c’est vrai, moins de monde et la foule était plutôt fluide, quelquefois même dynamique. On n’encombrait pas l’espace public; on passait son chemin. Aujourd’hui, l’obstruction est partout; on s’arrête n’importe où, souvent pour rien ou pour des choses sans importance; on marche accroché à son téléphone portable; on ne regarde jamais derrière soi ; voilà ce qu’il voulait dire; on ne se retourne pas pour voir si on ne gêne pas, si on ne dérange pas.

Pour ceux dont il parle, derrière soi, il n’ y a apparemment rien; c’est ce qu’il comprend et c’est justement ce qui lui fait penser que cette absence d’intérêt pour ce qu’il peut y avoir derrière soi, c’est aussi une absence de conscience par rapport au passé, à l’histoire. Il n’y a pas de repère, enfin pas de repère positif; seul le présent compte, mais un présent lui-même désordonné, en zigzag, fébrile, un peu fou.

Lamine Bey Chikhi

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Un peu plus que cela…

Posté par imsat le 12 juin 2010

Non pas qu’il n’y ait plus rien à dire du passé, mais c’est une impression qui fait que l’on croit avoir tout évoqué, enfin l’essentiel, alors qu’au fond bien des choses restent à raconter, des détails, tous ces petits riens qui concouraient à notre bonheur. Certes, les images mémorables restent liées à l’enfance; à l’adolescence aussi. Pourtant, il y avait un peu plus que cela.

Je ne suis pas toujours dans une introspection favorisée par le temps qui passe; je ne suis pas seulement dans cette réflexion dont on dit qu’elle commence à émerger en général à partir du moment où l’on n’est plus dans l’enfance et où l’on se retrouve dans une sorte de recherche de l’enfance perdue. Ce n’est pas cette étape qui m’intéresse exclusivement ni en tant que telle avec les sensations, les émotions qu’elle est susceptible de déclencher. Au-delà, ce qui retient mon attention demeure fortement connecté à l’époque considérée, aux gens d’autrefois, à leurs spécificités, au tracé impeccable des rues, à la mode vestimentaire qui prévalait à ce moment-là…

Notre insouciance reposait très largement sur l’équilibre et le tempérament de ceux qui constituaient notre entourage immédiat. Certes, indépendamment de cet entourage et selon les périodes, nombre d’éléments tangibles me permettaient de me sentir bien: ma panoplie de Zorro achetée au monoprix de Constantine en 1962, les solides et confortables pataugas que je chaussais en hiver, le défilé des scouts le 5 juillet 1964, la tranquillité et la propreté  du quartier, les parties de foot derrière la maison, le leadership que j’exerçais  sur mes coéquipiers sous les regards amusés de Salima et Rachida, les pizzas de Meguellati, les gâteaux à la pate d’amande de Phalle…

Bien d’autres petits riens égayaient notre quotidien: à côté de notre lycée, il y avait une petite fabrique de limonade; nous buvions ses sodas à satiété; la bouteille coûtait 20 centimes; parfois, nous consommions à l’oeil car le patron nous trouvait sympathiques. Les jours de grand froid, nous allions prendre un bol de pois-chiches chez aâmi H’mida, à partir de 16 heures; après quoi, nous allions jouer bruyamment au baby foot. Certains soirs, nous préférions manger les sandwichs aux merguez que nous préparait le marchand des Allées (on l’appelait le rouget), juste avant la séance de cinéma de 21 heures.

Il n’empêche que lorsque je tente de « ratisser » plus large en rapport avec ces moments merveilleux à plus d’un titre, je me rends compte qu’il y avait un peu plus que cela, un peu plus que l’insouciance inhérente à l’enfance ou à l’adolescence. Autrement dit, il y avait les gens, les rapports qu’ils entretenaient entre eux, l’environnement, les grands espaces, la configuration de la cité, ses avenues, les repères, la reconnaissance des autres, et puis, surtout, ce parrainage familial (un label ?) dont nous étions assurés aux quatre coins de la ville même si nous n’en mesurions pas vraiment toutes les retombées.

Lamine Bey Chikhi

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Une odeur d’internat

Posté par imsat le 10 juin 2010

Le ciel, certains printemps. Des atmosphères, des couleurs; une cravate bleu azur, un blazer gris clair, une chemise blanche; l’été ou peut-être aussi des soirées d’hiver; les retours de Ferid de Constantine, les week-ends, l’élégance des pulls qu’il portait;cela me faisait un peu oublier qu’il s’ennuyait là où il se trouvait et que c’était assez compliqué pour lui; il apportait comme une odeur d’internat, de grand lycée (le lycée Rédha Houhou ex lycée d’Aumale en était un); cette odeur, je la percevais de façon paradoxale, comme une odeur de nostalgie, d’absence; si je devais m’exprimer autrement à ce sujet, je dirais : « c’était bien et pas bien en même temps ».

En Août 1962, on avait parlé de m’inscrire comme interne au collège d’Alzon, à Annaba; c’était une idée de dada Rabah, le mari de ma tante paternelle Zohra (tata Lola); je ne savais pas s’il était sérieux ou s’il plaisantait en le suggérant, mais j’avais aussitôt dit ou plutôt crié :  » Impossible ! Jamais !  » d’autant que l’établissement en question devant lequel nous étions passés alors qu’il faisait déjà nuit, m’avait paru lugubre.

A propos de pulls, je songe à ceux que nous portions dans les années 1960. Pour moi, le chic passait par les pulls; des pulls unis, marrons ou beiges, pas à carreaux ni à rayures. Je pense en particulier à ceux que MA nous tricotait et dont nous suivions patiemment la finition. Chacun avait le sien. Ces pulls me renvoient à la lumière de notre salle de séjour de l’époque; une lumière jaune, chaude; l’hiver me rappelle cette pièce ou MA (ma mère) aimait tricoter.

Lamine Bey Chikhi

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Mac-Mahon, 1939

Posté par imsat le 5 juin 2010

Quand elles sont là, dans ma tête, elles me paraissent faciles à mémoriser. Je pense à ces idées claires et dignes d’intérêt qui me viennent fréquemment à l’esprit mais qui disparaissent avant que j’aie le temps de les noter. C’était le cas ce matin. Je crois que cela avait à voir avec mon oncle maternel Mahmoud Boutaleb décédé en 1942 et que je n’ai donc pas connu. En l’évoquant dans un texte précédent, j’avais oublié de souligner qu’il aimait la poésie. Il en a écrit à profusion; c’est ce qu’on a toujours dit en parlant de lui. Où sont ses poèmes et qui les détient ? MA croit que nous les avons pris à notre départ de Batna, mais elle confond un peu les choses. Comment aurions-nous pu les prendre alors qu’ils n’ont jamais été en notre possession ? Peut-être ont-ils tout simplement disparu.

En revanche, je me souviens d’une photo d’identité de mon oncle; elle était dans l’album familial; elle n’y est plus; je me rappelle avoir trouvé à Mahmoud (sur la photo en question) quelque ressemblance avec Joseph Cotten, un peu aussi avec Mel Ferrer. Au reste, je comparais souvent la physionomie de mes proches à celle de telle ou telle star de cinéma. Je le faisais délibérément; c’était pour moi tout à la fois un jeu et une façon de prolonger le spectacle, le rêve. Une manière aussi de contourner la frontière, à mes yeux excessivement étanche, entre le cinéma et la réalité.

Pourquoi Mac-Mahon, 1939 ? Parce que Mahmoud venait d’y être nommé Khodja interprète. C’était son premier poste; il l’avait obtenu après un concours organisé à Alger. Depuis l’Indépendance du pays, la ville s’appelle Ain-Touta.

Lamine Bey Chikhi

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Un certain livre

Posté par imsat le 2 juin 2010

Il faisait partie des archives de mon père; c’était un traité théorique et pratique (édition Dalloz 1930) de 800 pages sur le Fonds de commerce signé Gaston Cendrier. Je m’en suis d’ailleurs très vite servi notamment pour préparer un exposé de droit commercial. A l’époque, je n’avais pas du tout songé à la spécificité de ce lien : dans le cadre de mes études, je consultais en effet et de façon profitable un livre que mon père avait acheté dans les années 1950 pour sa propre culture juridique. Ce parallèle m’interpelle par moments; ce à quoi il renvoie a trait à ces mystères de la vie qui échappent à l’être humain. C’est une des innombrables expressions du destin quels que soient les mots utilisés pour le dire.

Le traité en question qu’il m’arrive de parcourir de temps à autre pour confirmer des points techniques, est plus qu’un ouvrage savant; en le feuilletant pour la première fois, j’ai eu l’impression de faire défiler devant moi tout un pan de l’histoire de mon père, son activité, sa conduite des affaires. Sa valeur sentimentale reste donc pour moi inestimable.

Ce livre par ailleurs luxueusement relié, je le voulais pour moi tout seul; je n’en avais parlé ni à AB ni à YT; certes, nous avions planché sur le fonds de commerce et présenté ensemble notre travail en TD mais, dans les échanges que nous avions eus à cet effet, je me suis contenté de citer d’autres sources…

Lamine Bey Chikhi

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