La vie c’est comme le cinéma
Posté par imsat le 21 juin 2010
Ma grand-mère paternelle (nenna Djouher) comparait la vie au cinéma. Elle le disait à Mà lorsque certaines situations l’étonnaient et qu’elle ne leur trouvait pas d’explication logique. Mà reprend d’ailleurs souvent à son compte ce parallèle autour duquel elle articule nombre de ses pensées sur ce qui lui paraît inintelligible ou surprenant.
Nenna est allée une seule fois au cinéma, à Batna. Probablement dans les années 1950. Avec qui et pour voir quel film ? Mà n’en sait rien. B pourrait peut-être m’éclairer sur ce point. On verra bien.
Quand j’ai appris que nenna s’était forgé une idée du cinéma, de sa signification, de son impact, après avoir vu un seul film, je me suis interrogé sur ce qu’elle était en mesure d’en retenir d’autant qu’elle ne parlait que le Kabyle et qu’elle ne pouvait donc pas comprendre des dialogues en français. J’en ai déduit qu’il ne devait lui rester qu’à faire parler les images pour en tirer quelque chose.
Toujours est-il que cette seule fameuse fois lui avait suffi pour saisir les similitudes entre le cinéma et la vie, mais, implicitement aussi, les inspirations réciproques qu’il pouvait y avoir entre la fiction et la réalité.
Bien qu’elle soit devenue un lieu commun, cette assimilation de la vie à une comédie a quand même fini par prendre une résonnance particulière dans ma tête à partir du moment où j’ai su que nanna l’appréhendait à sa manière, originale et pertinente.
A vrai dire, j’étais à mille lieues de croire nenna capable d’une telle « trouvaille » (la vie c’est comme le cinéma) à l’époque et dans les conditions qui étaient les siennes, et surtout de cette forme d’intelligence qui lui permettait de faire mouche dans tous les cas.
Lamine Bey Chikhi
PS: Lire le texte très intéressant de Nadira sur dada Abderrahmane (cf chapitre Réminiscences de ce blog)
Bonjour Lamine,
J’aime bien ta suggestion d’écrire un recueil au moment de ma retraite ! aurais je la patience, la constance ? je ne sais !
l’écriture ne peut advenir que comme une nécessité intérieure; a t’elle un impact sur sa propre évolution ou celle du lecteur ?
je peux certes mesurer les traces laissées en moi des lectures de jadis. je peux même dire que chaque période de questionnement m’a fait rencontrer un auteur, dont la découverte trouvait un réel écho en moi, et contribuait à m’éclairer et m’apaiser.
l’écriture comme accès à la libération, oui sûrement, à condition d’aller au coeur du sujet que chacun de nous est.
Tes souvenirs sur Nana me ramènent à une nuit que j’avais passée chez elle, alors que j’avais 7 ou 8 ans.
Au cours de la nuit, j’entendais Nana qui s’agitait dans son lit. Au bout d’un moment, je lui demandai si elle avait besoin de quelque chose. Elle me répondit qu’il lui fallait aller aux toilettes. Surmontant ma peur du noir,j’allai lui chercher le pot qui devait se trouver dans la cour ou le couloir. je l’aidai à se lever, puis à se recoucher et me remis au lit à mon tour.
Elle me fit alors la remarque, qu’elle était surprise qu’une fillette pût être attentive aux besoins d’une personne âgée. Quant à moi, j’étais étonnée de son étonnement pensant qu’il était naturel d’aider son prochain !
Des « 7 jours de réflexion de mon père » je garde la version d’un rêve que mon père a eu alors qu’il était en France, et qu’il se trouvait très indécis quant à sa future migration. Dans ce rêve, son père lui était apparu et lui avait déconseillé de concrétiser un tel projet!
De l’Histoire familiale, il m’est resté une phrase que je tiens de mon père, et qui résonne comme la transmission de valeurs à la génération suivante , chacun de nous l’entendant et l’intériorisant selon sa sensibilité.
Se promenant sur les terres appartenant à la famille, jeddi Larbi a dit à mon père, jeune homme :
« regarde ces terres comme si c’était des images, rien que des images »…
Cordialement.
NC.
PS : sais tu quelle est la date de naissance et de décès de jeddi ALI ?
Salut Nadira,
Pourquoi finalement attendre la retraite pour « déterrer » les souvenirs ?.
Quant à la constance, tu le sais certainement, c’est un peu d’inspiration et un peu de volonté.
Tu restitues formidablement ce dont tu te souviens à propos de Nanna, de ton père et de Jeddi Larbi.
Au sujet de Jeddi Ali: d’après un document que m’a transmis Faiza, il est né en 1864 et décédé en 1948.
Bonne journée.
Lamine
Enfin, eu ce que je cherchais! J’ai vraiment apprécier chaque petit bout. Heureux je suis tombé sur cet article! sourire, je vous ai sauvé de vérifier de nouvelles choses que vous postez.