Ghardimaou (Tunisie)

Posté par imsat le 3 juillet 2010

Mes parents y ont séjourné toute l’année 1947. Da Ouamor, le mari de ma tante paternelle Mahnia, avait proposé à mon père d’aller lui donner un coup de main dans la gestion de son commerce de Ghardimaou. Il l’avait convaincu d’accepter cette offre en mettant en avant les opportunités qui pouvaient se présenter dans un secteur prometteur à ses yeux.

J’ai bien essayé de faire parler MA à ce sujet mais, comme toujours, pour ce genre d’évocations, elle m’a répondu de façon fragmentée, imprécise; si je devais résumer sa manière de convoquer les souvenirs, je dirais que cela passe par des propos d’abord généraux souvent redondants et polarisés autour de l’atmosphère du passé; chez elle, l’émergence du détail est progressive, parfois élaborée, souvent tâtonnante, en fonction de ce que je lui demande.

C’est en définitive notre cousin Malik Moussa qui nous a éclairés (Anis et moi) sur la collaboration « avortée » entre Da Ouamor et mon père. C’était en Août dernier; nous en avons parlé devant la mosquée de Boumerdès, peu avant l’inhumation de Djamel C. Selon Malik, mon père était animé par quelque ambition en acceptant la proposition de Da Ouamor. Son souhait, en débarquant à Ghardimaou, était de changer les choses; il voyait grand, il voulait être à la page, promouvoir l’activité, la diversifier, la moderniser, ce à quoi le mari de ma tante ne voyait a priori aucun inconvénient.

Cependant, rien de cela ne put se concrétiser car le contexte ne s’y prétait pas; le décalage était trop important entre les intentions initiales de mon père et la réalité : le cadre global s’était révélé trop étroit pour les objectifs visés. Face à l’utopie de mon père, il y avait le réel, ses pierres d’achoppement, ses pesanteurs.

En nous racontant ce qu’il savait de ces obstacles pour en avoir entendu parler, Malik n’a pas manqué de souligner le contraste qu’il y avait entre, d’un côté, le « conservatisme » inertiel (tout conservatisme n’est-il pas inertiel par définition?) mais gentil et compréhensible de Da Ouamor, et, de l’autre, le désir de mon père de faire bouger les lignes. J’ai tenu à en dire quelques mots essentiellement pour mettre en exergue l’esprit de mobilité dont on pouvait faire preuve en dépit des contraintes de l’époque.

Lamine Bey Chikhi

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