Allaoua A.

Posté par imsat le 21 juillet 2010

Il claudiquait un peu (séquelle d’un accident dont il avait été victime sur un chantier de la région Lyonnaise où il travailllait comme ouvrier spécialisé à la fin des années 1950). Il me parlait souvent de son séjour outre méditerranée. J’écoutais avec intérêt ce qu’il me racontait : son job, l’ambiance sur le site, ses collègues, le foyer où il logeait, l’exil…

Il parlait et moi j’imaginais. Je l’interrompais par moments sur des points de détail; il répondait à mes questions avec une telle inventivité qu’il parvenait à susciter ma curiosité de bout en bout. Il me disait qu’il attendait le dimanche avec impatience pour pouvoir porter son costume trois pièces et pour aller déjeuner dans un restaurant, se promener, voir un film ou un match de foot ou encore jouer aux courses. Il me parlait aussi des rigueurs  de l’hiver européen. Il lui arrivait de citer deux ou trois prénoms de femme; j’avoue que je l’y incitais un peu en lui demandant quels étaient ses loisirs en dehors du cinéma, du stade, du restaurant. Il préférait m’entretenir de ses longues journées de travail, de ses durs réveils matinaux, du froid. Au vrai, ses propos étaient plutôt répétitifs mais cela ne m’ennuyait pas dès lors que je me rendais compte qu’il aimait bien mettre en avant ses souvenirs de France. Nos conversations avaient lieu en fin d’après-midi peu avant la fermeture du Select douches où il travaillait depuis son retour en Algérie.

Il dormait dans la chambre jouxtant la salle abritant la chaudière. Il buvait beaucoup de café; il fumait sans cesse même lorsqu’il nettoyait les cabines du Select. Dès qu’il en avait le temps, il écoutait des chansons orientales sur son transistor; il appréciait particulièrement celles d’Oum Keltoum même s’il n’en comprenait pas toutes les paroles.

Il raffolait, comme nous, des succulentes Baklawas de ma tante Djamila. La veille d’un Aid (1966 ? ), il en avait mangé dix d’affilée. On le lui fit remarquer; il répondit :  » je m’en fiche ! « . C’était d’ailleurs ce qu’il disait à tous ceux dont les observations lui déplaisaient. Le lendemain, il eut une indigestion. On en avait beaucoup ri à la maison.

Lamine Bey Chikhi

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