Je pense à elle tous les jours
Posté par imsat le 4 novembre 2010
Chacun de nous ressent à sa manière la perte d’un être cher.
J’aimerais à cet égard reprendre le propos développé sur la question du deuil par l’immunologiste Jean Claude Ameisen, Président du comité d’éthique de l’Inserm. Ce scientifique considère que la personne disparue a vécu et qu’à partir de cette réalité on peut reconstituer son parcours, son itinéraire ou juste des fragments de son histoire. On la fait ainsi de nouveau exister.
Penser la mort de cette façon permet d’en relativiser l’impact, de le dédramatiser. Il y aurait une espèce de continuité dans l’entretien du lien initial pour peu que l’on consente à s’engager dans ce processus de reconstitution.
L’écriture de souvenirs (qui n’est pas la seule démarche possible) contribue à « faire revivre » les êtres disparus. Ainsi, la mort n’est plus perçue uniquement comme un fait définitif; plus précisément si elle l’est dans sa dimension physique, elle ne l’est ni sur le plan moral ni d’un point de vue intellectuel et encore moins dans la mémoire. Le devoir de mémoire, c’est aussi cela.
La position de l’acteur Roland Giraud s’inscrit dans la même trajectoire. Lorsqu’on lui demande s’il parvient avec le recul à faire le deuil de sa fille Géraldine, morte assassinée, le comédien répond : « C’est quoi cette expression ? Pour moi, ça n’existe pas; je ne veux pas faire le deuil de ma fille, je pense à elle tous les jours ! »
Lamine Bey Chikhi
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