Les premières pluies sans elle

Posté par imsat le 7 novembre 2010

J’aimais sa façon de s’essuyer la bouche après avoir dégusté un yaourt. J’aimais ses regards. J’aimais la regarder pétrir la pâte à l’époque où elle pouvait encore le faire ou découper un plateau de baklawas la veille de l’Aid.  J’aimais quand elle m’écoutait parler ou quand elle me disait en diverses circonstances: « que dieu te protège ».  J’étais heureux quand elle rentrait à la maison après un week-end passé chez S ou chez A;  je l’étais aussi quand elle préparait la tamina. J’aimais la voir plier, avant de les ranger dans l’armoire, au reste toujours soigneusement, des draps, des serviettes, des pulls ou même des chaussettes.

J’aimais quand, dans les années 1960-1970, elle m’appelait Manouche. J’aimais la regarder prendre son petit-déjeuner; j’étais toujours bien lorsqu’elle me tendait la moitié d’une pomme qu’elle venait d’éplucher.

Ce que je dis ici n’a pas vocation à remplacer le vécu, ne la fera pas revenir; je pense à elle pour être avec elle, pour en avoir l’illusion en tout cas; je m’arrête souvent devant sa dernière photographie, celle qui devait servir à lui confectionner une nouvelle carte d’identité et dont j’avais fait un agrandissement.

J’aimais quand elle me disait, solennelle : « écoute moi bien Lamine, je vais te faire une recommandation… ».

C’est l’automne, il pleut abondamment sur Alger. Ce sont les premières pluies sans ma mère.

Lamine Bey Chikhi

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