Aujourd’hui, c’est différent
Posté par imsat le 14 décembre 2010
Elle marchait devant l’immeuble du Boulevard Khemisti, là où résidait Achour; elle était bien coiffée et habillée de façon moderne, mais le trottoir sur lequel elle marchait n’en était pas un, c’était plutôt un quai du port d’Alger. Je me trouvais non loin de là, à proximité du buraliste chez qui j’avais l’habitude de faire des photocopies dans les années 1990. Devant sa boutique, il y avait une table sur laquelle j’avais posé des affaires personnelles, une couverture, quelques documents.
CN était avec moi; nous étions préoccupés parce que ses soeurs R et M ne parvenaient pas à rentrer de France. Je lui ai dit : « pourtant, tout le monde sait qu’il y a toujours des problèmes avec les bateaux ». Elle m’a répondu: « c’est vrai, mais elles ont quand même pu se faire enregistrer; on leur a attribué le n° 15″.
Je regardais ma mère. « Fais bien attention à toi » lui ai-je dit; elle ne m’a pas répondu; elle ne s’est pas retournée; j’avais peur qu’elle tombe dans le port; j’ai pensé que si cela arrivait, je plongerais habillé et je la sauverais. Ensuite, je suis entré chez le buraliste pour lui présenter mes excuses au sujet de mes affaires qu’il avait entre-temps mises à l’abri dans un coin de sa boutique; je lui ai demandé s’il pouvait me les garder jusqu’au lendemain, au plus tard; il m’a répondu : « pas de problème, on n’est pas à 1 ou 2 jours près ».
Ma mère est revenue sur son chemin; je l’ai appelée, elle ne m’a pas entendu; elle s’était engouffrée dans la foule sous les arcades du boulevard Amirouche; elle se dirigeait probablement vers la rue Marceau, là où habite Moumouh; je l’ai appelée de nouveau, elle n’a pas réagi.
Réveil, mal-être, mélancolie. Depuis son décès, c’est le deuxième fois que je vois ma mère en rêve. La prière de l’Aïd me parvient des mosquées environnantes. L’année dernière, elle était annonciatrice de jours heureux. Aujourd’hui, c’est différent.
Lamine Bey Chikhi
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