Parler à l’absent

Posté par imsat le 20 janvier 2011

Mady m’a récemment demandé s’il m’arrivait de parler à ma mère. Eh bien oui et je le fais de diverses façons. C’est incontournable; je crois que c’est aussi le cas de tous ceux qui vivent ce genre de situations. Ce qui diffère réside précisément dans la manière de communiquer. Parler à l’absent, cela peut se passer complètement dans la tête; tout est alors intérieur, silencieux, les mots, les images, les souvenirs…

Faut-il un support matériel, un vecteur, un outil pour rendre possible ce contact ? pas nécessairement si c’est l’imagination qui est actionnée. La photo (je ne peux m’empêcher d’y revenir) reste quand même l’un des substituts les plus indiqués pour réactiver une imagination parfois en veilleuse. La photo est parlante, suggestive, ouverte au décryptage. Celle à laquelle je pense en particulier cumule ces potentialités et se prête idéalement à la confidence.

Je veux aussi dire que tout cela reste très subjectif, ce qui signifie que l’évocation de la personne disparue intéresse d’abord les proches, peut-être même fondamentalement  les très proches, accessoirement d’autres êtres parmi ceux qui pourraient se reconnaître dans le propos que l’on tient.

Cette question fait partie de celles que l’on appréhende en général presque totalement et exclusivement pour soi dans la mesure où il s’agit principalement d’exprimer des émotions personnelles sur lesquelles il n’est d’ailleurs pas toujours aisé de mettre les mots qu’il faut. C’est l’une des raisons pour lesquelles je n’ai pas tout de suite répondu à l’interpellation de Mady. J’aurais pu très vite dire : « oui, je lui parle (à ma mère) de temps à autre » et ne rien ajouter, mais  moi je voulais aller au-delà de cette seule affirmation car préciser sa pensée à cet égard, c’est une autre façon de faire part de ce que l’on ressent pour la personne disparue. On n’est plus dans l’imagination arc-boutée seulement sur le passé; on est aussi dans le présent, dans un contact presque courant et portant sur des considérations actuelles.

Les sensibilités étant diverses, il est évident que le sujet ne fait pas l’unanimité. Parler le plus souvent possible  de quelqu’un qui n’est plus n’est déjà pas dans l’agenda des gens, surtout aujourd’hui. On comprend dès lors que ce soit encore plus compliqué d’expliquer pourquoi on tente d’établir un  « dialogue » avec le défunt et d’entrer par conséquent en communion avec lui.

Lamine Bey Chikhi

Une Réponse à “Parler à l’absent”

  1. Anis dit :

    Je pense que Les personnes éplorées et mortifiées comme nous le sommes par la disparition d’un parent ou d’un ami, d’un être Cher ne doivent pas le considérer comme définitivement perdu, le défunt est encore beaucoup plus proche d’elles qu’elles ne sauraient l’imaginer ! Pour ne pas souffrir de la perte provisoire – et je dis bien provisoire – d’un être cher, tout vivant doit lui parler, dialoguer avec lui, vivre avec lui comme s’il était toujours de ce monde. Cela peut paraître insensé, mais le disparu écoute, partage nos joies et nos chagrins, et bien souvent va même jusqu’à intervenir dans notre vie. Non,la mort n’est pas une fin. Certains disent et pensent que c’est le plus merveilleux des commencements. »

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