La part des choses
Posté par imsat le 2 juin 2011
Nous parlions de l’entretien accordé par Mohamed Harbi le 26 mai dernier au journal El Watan. J’ai dit à Ferid que je comprenais parfaitement le point de vue de l’historien et acteur du mouvement national selon lequel « Si la question des harkis, des juifs et des pieds-noirs d’Algérie avait été traitée dès le début, on n’aurait pas eu l’islamisme »,mais j’ai aussitôt précisé que si je devais émettre une opinion sur ce thème, je m’efforcerais d’en aérer la portée compte tenu de sa complexité et de la diversité (à mes yeux évidente) de ses facettes. Je pensais ainsi à tout ce à quoi j’ai tenté de renvoyer tantôt explicitement tantôt de manière allusive en relatant nombre de mes souvenirs d’enfance ou en évoquant quelques pans de l’histoire de ma famille. Et dans ma démarche, les considérations liées au sentimentalisme, à l’humanisme ont toujours naturellement assimilé avant de les transcender complètement celles portant sur l’histoire politique du pays. Cela dit, je ne suis pas naïf au point de gommer les distinguos nécessaires, ceux qui permettent de faire la part des choses, de séparer le bon grain de l’ivraie. Mais une fois établie cette ligne de démarcation, c’est le coeur qui prend le relais et qui fiabilise au moins en partie la vision de l’histoire. S’il fallait de surcroît satisfaire à des exigences méthodologiques pour dire objectivement les choses, je ne serais ni dans l’erreur ni dans le déni en commençant par parler de ce que je sais du passé, de ce que j’ai vécu et ressenti. L’idée à laquelle je songe n’est pas réductible à cette nostalgie perçue par certains comme un fardeau ou comme une référence émotionnelle sur laquelle il n’y aurait pas lieu de s’appesantir. Ce qui m’interpelle, c’est le sort que chacun réserve à ce que sa mémoire et celle de sa famille ont engrangé et conservé, à ce qu’il peut en tirer comme enseignements. C’est donc d’abord sous ce prisme que j’appréhende les questions d’ordre historique.
Lamine Bey Chikhi
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