L’illusion raisonnable
Posté par imsat le 14 juin 2011
Je perçois le passé comme une référence qui permet de cultiver de raisonnables illusions. Cette interaction, je l’entretiens en continuant de peaufiner le panégyrique, bien mérité au demeurant, des gens d’autrefois (naturellement ceux que j’ai connus). C’est pour moi une manière de m’appuyer utilement sur ce que j’ai pu glaner de l’époque à laquelle je pense : des idées, deux ou trois adages, des images, quelques recommandations de bon sens, un mode de pensée. On ne peut revenir en arrière de façon profitable que par l’imagination active, inventive, celle qui passe par un questionnement soutenu mais détendu sur ce passé dont certains estiment à tort ou à raison qu’il faut se débarrasser pour pouvoir faire face aux coups de boutoir d’une réalité souvent brutale, chaotique et sans concessions. Me débarrasser du passé ? Impossible ! Je ne saurais le concevoir. Je n’y pense même pas. Et d’ailleurs, en quoi l’évocation périodique de telle ou telle séquence d’antan faite d’écoute vraie, de belles conversations et de compréhension mutuelle quasi parfaite serait-elle problématique ? En m’interrogeant ainsi, je songe à ce que ma mère disait des nuances que chacun de nous serait fondé à introduire dans son approche du passé. Le fil conducteur de son raisonnement était connecté à la notion de milieu. Je comprenais assez vite qu’en mettant en avant cette idée, elle voulait signifier un peu plus que ce que le concept recouvrait a priori. Dans son esprit, il ne s’agissait pas seulement d’une éducation de base dont on sait qu’elle est potentiellement sujette à l’usure du temps, donc à déviation, mais d’un socle culturel articulé autour de constantes philosophiques et morales que rien ni personne ne pourrait remettre en cause. Etre dans l’illusion raisonnable, c’est tenter d’entretenir ces constantes par et dans la mémoire, et s’en inspirer s’il y a lieu au quotidien.
Lamine Bey Chikhi
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