Chikhi Ali, d’Azrou Kollal à Batna : une trajectoire d’exception
Posté par imsat le 9 juillet 2011
Dans le sillage de la réflexion engagée au sujet de mon arrière-grand père paternel, je me propose d’énoncer quelques éléments d’analyse et questionnements complémentaires.
Chikhi Ali n’a pas quitté sa Kabylie natale pour les Aurès dans la seconde moitié du 19ème siècle uniquement pour des activités de négoce et des raisons de subsistance. Celles-ci font certes partie des explications originelles de son « émigration » mais le traitement de son parcours confirme qu’il avait aussi des idées, des ambitions, un projet, et ce projet il le voulait fondateur. Il s’établit à El Madher où il commence à travailler dans la ferme qu’il va acquérir quelques annnées plus tard. Cette acquisition n’est pas le fruit du hasard. Dans le contexte de l’époque, cela ne pouvait se faire qu’au prix d’un labeur de tous les jours mais aussi en application d’une démarche programmatique conçue et mûrie longtemps à l’avance puis construite au quotidien. Il achète aussi progressivement des terres (il va ainsi posséder plus de 250 hectares, ferme comprise). Parler de projet dans ces circonstances, c’est évoquer tout à la fois l’idée, la réflexion et la planification qui le portent et le balisent sur un plan intellectuel mais aussi le cadre matériel, infrastructurel et financier qui va en permettre la concrétisation puis la consolidation. Le projet, c’est également un dispositif graduel, une logistique pour une installation durable voire définitive et non pas conjoncturelle à Batna. L’aspect créateur, c’est d’abord cela, autrement dit la fondation à Batna d’une lignée des Chikhi qui puise son origine en Grande Kabylie. Corollairement, c’est bien entendu également la dimension familiale lato sensu d’une démarche qui émerge ainsi. Le caractère fondateur, c’est le dépassement de la seule motivation commerciale, mercantile maintenue d’ailleurs dans sa fonction de moyen, de vecteur. La ferme Chikhi n’a pas vocation à pourvoir aux seuls besoins de la famille qui s’agrandit; elle devient une source d’approvisionnement d’une partie de la population en fruits, légumes et produits laitiers durant plusieurs décennies. Le statut de Chikhi Ali n’est donc pas réductible à celui de propriétaire et d’agriculteur; il comprend aussi celui de promoteur-entrepreneur. Ce statut, il va le consolider et le développer dans un contexte historique particulier. Une partie des terres acquises va servir de site d’implantation à diverses constructions, ce qui deviendra la cité Chikhi. Grâce à l’action de Chikhi Ali et de quelques autres familles batnéennes, Batna n’a pas été qu’une création française. Ce volet historique retient l’attention : il permet de mettre en exergue le rôle significatif que Chikhi Ali a assumé dans le processus de développement de la ville concomitamment à l’action d’autres personnalités et familles marquantes de la ville. N’est-il pas temps de faire prendre à l’approche analytique de la période historique considérée les bifurcations que sa lecture audacieuse et intégrale est censée permettre, sans que cela ne soit perçu comme une tentative révisionniste? N’est-il pas important pour les algériens de savoir, à propos de l’histoire de telle ou telle ville algérienne, qu’elle a été aussi l’oeuvre d’algériens de souche ? N’est-il pas légitime de souligner que cette histoire est aussi une histoire algérienne faite par des algériens, et de se l’approprier comme un élément fondamental de notre mémoire collective ? Peut-on occulter cette réalité ou la cataloguer, au nom de je ne sais quelle prétendue exigence d’impartialité historique (qui équivaudrait dans nombre de cas à une sorte de parti-pris obligatoire), comme une conjoncture ayant concouru à l’appropriation par des algériens d’exception d’un statut que l’on qualifierait de statut contre nature ? Le devoir d’objectivité (et de mémoire) ne consiste t-il pas simplement à comprendre et à admettre que Chikhi Ali a sué sang et eau pour réaliser ses objectifs au service de la collectivité, qu’il la fait pour une certaine idée de l’Algérie, qu’il en avait le droit, en dépit du rapport de force qui prévalait à ce moment-là ? Quelle position aurait-on adoptée si, au lieu de cela, il était resté dans l’immobilisme ou, ce qui serait revenu presque au même, dans le strict minimum à savoir la prise en charge de sa seule famille, donc à contre-courant de ses convictions intimes, de ses valeurs ? Le caractère pionnier comme la dimension fondatrice d’un projet sont toujours à relativiser et à mettre en perspective. On est toujours pionnier et fondateur par rapport aux autres, par rapport à d’autres démarches similaires ou concurrentes. En ce sens, Chikhi Ali a été un pionnier et un fondateur. Il l’a été incontestablement par rapport aux batnéens (européens et musulmans) de l’époque.
Lamine Bey Chikhi
Tres cher cousin c’est avec honneur que j’ai lu votre analyse , je me rappelle ce que me disait mon père Elhocine sur mon grand pere Ali Allah yarhamhoum c’erait un visionnaire et ces 6 enfants et les petits enfants il a pu réalisé ces objectifs
Salut cher cousin !
Merci pour ton commentaire dont je n’ai pris connaissance qu’hier seulement.
Désolé pour ce retard.
Tu as oublié de mettre ton prénom…
Ce ne serait pas Nacer ?
Lamine bey