Les Chikhi de Batna : le regard d’un historien
Posté par imsat le 25 juillet 2011
La famille Chikhi de Batna est évoquée par Abdelhamid Zouzou dans sa thèse de doctorat d’Etat en histoire intitulée L’Aurès durant la période coloniale, évolution politique, économique et sociale (1837-1939), soutenue à l’université Paris XIII en juin 1992 et publiée en 2001. L’Historien parle des Chikhi à plusieurs reprises. Je livre ci-après les chapitres qui leur sont consacrés et me propose d’y apporter mes commentaires.
L’accès à l’enseignement secondaire (page 735)
Le propos de l’historien : « Pour le secondaire, il va sans dire qu’il n’était pas pour tout le monde. Nous ne connaissons pas les critères pour y accéder mais d’après l’origine sociale de deux élèves, Chikhi Said et Guidoum Mohamed, ayant suivi l’école supérieure de garçons à Batna et ayant été reçus ensuite au concours de bourses nationales en 1932, certaines qualités ou conditions étaient tout de même requises. Pour le premier, habitant de Batna, ce qui était déjà un avantage et appartenant à une famille de riches propriétaires terriens et de commerçants, la tache semble lui avoir été facilitée non seulement par la situation de fortune de ses parents, mais aussi par les relations que ceux-ci devaient avoir tant au niveau de la municipalité qu’au sein des associations agricoles. S’agissant de la réussite du second, c’est plutôt à sa prédisposition pour l’éducation qu’elle était due et à celle de ses parents prêts à se sacrifier matériellement pour faire profiter leur fils Mohamed des bienfaits de l’instruction et du coup l’affranchir de toutes les contraintes auxquelles ils furent eux-mêmes soumis à un moment de leur existence. L’ascension de Mohamed, bien qu’elle fut malheureusement courte ne saurait être attribuée à sa situation sociale; nous pensons qu’elle tenait plutôt d’une part à la distinction dont il avait fait preuve à l’école et d’autre part aux relations que le grand-père , Ammar, et le père ensuite avaient pu entretenir avec l’administrateur Arripe et surtout avec le capitaine St Germain chef du bureau arabe subdivisionnaire de Batna, devenu successivement maire de cette ville et inspecteur général de colonisation au Gouvernement général ».
Mon commentaire: Si l’on suit ce raisonnement, Chikhi Saadi (et non pas Chikhi Said comme l’écrit l’auteur par erreur), n’a pu accéder à l’enseignement secondaire que grâce à la situation sociale et aux relations de sa famille. Cela signifie, puisque ce raisonnement est décliné comme un postulat, un principe, que lorsqu’on est issu d’un milieu aisé, on ne peut parvenir à l’enseignement en question que par ce seul fait. Zouzou ne conçoit pas que l’on puisse faire partie d’une famille riche et avoir des qualités intrinsèques ni (ce qui serait d’ailleurs assez logique) que ces qualités soient entretenues, développées parce que l’on évolue précisément dans un environnement favorable. L’auteur exclut cette possibilité quand il s’agit de Chikhi Saadi. En revanche, il « pense » que pour Guidoum Mohamed, la réussite est liée à ses prédispositions personnelles avant de se contredire quelques lignes plus loin en soulignant qu’elle s’explique également par les relations de sa famille avec l’administration française. Il n’est pas inutile de préciser que mon oncle Saadi Chikhi passa avec succés les épreuves des 2 parties du baccalauréat avant d’entamer des études médicales qu’il interrompra pour diverses raisons. Cette situation le conduit à embrasser une carrière administrative qui se révèlera pleine de réussite et profitable à l’Algérie post indépendante (cf le texte que lui a consacré Ferid sur Convergencesplurielles.com).
La ferme Chikhi (page 736)
Le propos de l’historien: « les frères Chikhi Ben Ali au nombre de 6, Larbi, Lachemi, Messaoud (Smain), Abdelkader, Hocine et Seddik étaient propriétaires d’une ferme de 250 ha environ qu’ils exploitèrent à Fesdis. Ils l’équipèrent d’un matériel agricole moderne. Propriétaires également à Batna même des immeubles situés rue Victor Hugo et général Faidherbe. En 1934, leur capital était estimé à 1.120.000 F. Leur père Ali ben Messaoud semble avoir en 1924 professé le commerce ».
Mon commentaire : Zouzou reconnait que les frères Chikhi ont investi dans la modernisation de la ferme (Fesdis-El Madher) mais il ne dit mot des bienfaits de cette modernisation pour la population de la ville dans un contexte et à une époque où très peu de fermes étaient exploitées dans la région ni de ce qu’elle signifie en termes d’inventivité et d’ambitions économiques. L’historien ne date pas l’acquisition de cette ferme comme il fait l’impasse sur son histoire censée renvoyer à celle de l’arrivée de Chikhi Ali à Batna. Cela est d’autant plus étonnant que la préparation de la thèse a nécessité, selon le président du jury, Charles Robert Ageron, 14 ans de recherche. Sur Chikhi Ali, il écrit : » il semble avoir professé le commerce en 1924″. Cette vague indication exprime t-elle une marginalisation du parcours de mon arrière-grand père? Sur ce point, je renvoie à Jean Pierre Marin qui, dans son ouvrage Au forgeron de l’Aurès, paru en 2003, situe l’acquisition de la ferme par Chikhi Ali à la fin du premier conflit mondial En tout cas, Chikhi Ali n’a pas commencé à commercer en 1924 comme le suppose l’auteur mais dès son départ de la Kabylie pour les Aurès dans la seconde moitié du 19ème siècle. L’achat de la ferme ne s’est pas fait ex nihilo; il a été le fruit d’un long processus inscrit dans un projet fondateur et pionnier. L’historien ne date pas cette acquisition alors qu’une consultation des archives de la ville (cadastre, foncier…) l’y aurait peut-être aidé. Cela dit, et sur un autre plan, il souligne que Chikhi Ali a fait partie du Conseil d’administration de la nouvelle mosquée de Batna construite en 1922.
Dar El Foukara (pages 736 et 872)
Le propos de l’historien: « En 1936, Chikhi Messaoud qui entretenait des amitiés avec des personnalités françaises, créa Dar El Foukara ». « …En temps de crise économique, comme pendant les années 1930, la misère semble avoir fait augmenter leur nombre ( les mendiants). Heureusement, les riches musulmans de la cité, par des oeuvres d’assistance qu’ils réalisèrent à l’instar de Dar El Foukara (La maison des pauvres) qu’un comité présidé par Chikhi Messaoud avait créé en fin d’année 1936, purent atténuer le triste spectacle qu’offraient les sans-ressources »
Mon commentaire: L’auteur mentionne la création de Dar El Foukara par Chikhi Messaoud dit Arezki (mon père) mais il croit devoir évoquer en même temps les amitiés françaises de mon père. Dans l’esprit de Zouzou, la réussite scolaire de Chikhi Saadi comme l’action sociale et caritative de mon père ne pouvaient s’expliquer que par des critères liés au milieu familial et au réseau relationnel de la famille Chikhi. Cependant, l’historien ne s’attarde pas outre mesure sur les retombées de cette oeuvre bienfaitrice réalisée par mon père au profit des nécessiteux de la ville de Batna. La connexité établié entre la création de Dar El Foukara et les amitiés françaises de mon père me parait superflue. Comme nombre de ses compatriotes, mon père avait des amis français; il avait aussi de nombreux amis algériens; tout le monde le savait à Batna et plus globalement dans l’Est algérien. Il me semble que ce qui devrait importer en l’occurrence pour un historien qui planche sur la période en question, c’est de s’appesantir autant sur l’initiative prise par un algérien de créer une structure humanitaire de bienfaisance destinée aux nécessiteux dans un contexte (1936) où la pauvreté, la précarité, la misère frappaient exclusivement la population arabe de la ville, que sur la dimension spirituelle de la démarche qui sous-tendait ce projet et la détermination de mon père de le mener à bien ?
Sur l’existence d’une famille homonyme (page 736)
Le propos de l’historien :« Il existe une autre famille portant le même nom à El Madher mais contrairement à celle-là (la famille Chikhi Ali), qui avait tendance à se franciser, celle-ci était d’obédience badisienne (Ibn Badis) »
Mon commentaire: Là aussi, l’auteur est dans une perception plutôt réductrice de l’histoire et de l’ouverture culturelle des Chikhi. Je renvoie au texte publié sur ce blog reprenant un article de presse relatif au mariage de mes parents en 1941. Cet article évoque les vertus et les traditions musulmanes de la famille Chikhi. Zouzou doit certainement savoir que l’on peut parfaitement concilier francisation dans le sens de modernité et traditions berbéro-arabo-musulmanes comme a merveilleusement su le faire la famille Chikhi.
Les élections municipales complémentaires du 11.10.1931 (page 736)
Le propos de l’historien: « Aux élections municipales complémentaires du 11.10.1931, Chikhi Lachemi propriétaire agriculteur avait été élu conseiller municipal indigène par 228 voix »
Mon commentaire : L’engagement politique de mon grand oncle Lachemi est diversement interprété. Personnellement, je persiste à soutenir qu’il vient surtout prouver que le rôle et l’investissement de la famille Chikhi ne se sont pas limités au seul cadre économique et commercial de leur activité mais qu’ils se sont déployés tous azimuts non seulement au cours de la période considérée (années 1930) mais également dans les années 1950-1960 et même durant les premières années de l’indépendance. Cette diversité s’inscrivait in fine dans ce que l’on pourrait appeler une tendance lourde de l’évolution de notre famille. Abdelhamid Zouzou se contente de mentionner l’élection de Lachemi Chikhi, mais je crois qu’il faudra revenir sur la nature de l’engagement qu’elle représentait pour la population « indigène » et ce qu’elle signifiait en termes de positionnement de la famille dans la vie et la gouvernance de la cité.
Conclusion provisoire: Le travail de recherche du professeur Abdelhamid Zouzou est méritoire. Sa thèse est la première du genre à traiter de l’évolution politique, économique et sociale des Aurès de 1837 à 1939. On peut simplement regretter (s’agissant des chapitres évoquant ma famille) que l’universitaire se soit limité à certaines sources (exemple L’écho du Sahara) et n’ait pas élargi ses investigations aux témoignages des membres de la famille Chikhi qui auraient pu lui communiquer des indications précieuses sur l’histoire de la migration de Chikhi Ali aussi bien que sur la ferme d’El Madher et sur des faits ayant marqué l’évolution de la ville de Batna durant la période couverte par la thèse. L’auteur a pourtant bien recouru à des témoignages oraux pour d’autres personnalités de la ville. On sait que L’utilisation des sources non documentaires dans la recherche historique ne fait plus problème et qu’elle est même fortement recommandée par les spécialistes. Dans certains passages, Zouzou se contente de citer des faits, tandis que dans d’autres il devient commentateur quelque peu partial, y compris à l’endroit d’autres notables de la ville. Cette variation peut prêter à confusion et donner l’impression d’un parti pris là où l’exposé des faits devrait suffire. C’est le cas lorsqu’ il laisse entendre que toute réussite économique, sociale et culturelle d’une famille algérienne à l’époque coloniale reste sujette à caution dès lors qu’elle est connectée à des considérations relationnelles. C’est cette approche qui suscite des réserves. C’est pourquoi il nous appartient d’apporter notre contribution à une écriture objective de l’histoire des Chikhi.
Lamine Bey Chikhi
Je suis le petit fils de Monsieur CHIKHI ALI, ARGUEZ comme ont dis chez nous,
Je constate à mon tour, qu’il y’a des personnes qui ont la plume facile, pour l’utilisée à leur avantage en falsifiant ou omettant de dire la véritée dans son intégralitée, qu’on ont est intègre et honnete envers soit , envers l’histoire, et envers les autres.
Les vraies algériens l’ont libéré, les laches la spolient,les nouvelles générations subissent,
ceux qui ont migré les maudissent ( je parle des laches et des profiteurs bien sur.
Les anciens colonisteurs sont partis, les nouveaux sont arrivés (le probleme c’est qu’ils ont oubliés de gardé le mode d’emploi), un brin d’humour ça ne fais de mal à personne.
L’humour à l’avantage de faire réagir tout le monde et un remede à double effet, ça fais rire les plus ouvert d’ésprit et met en colere ceux qui se sentent concerné.
Le jour de vérité viendra
Bonjour,
@ M. CHIKHI signataire du commentaire précédent : L’idéal aurait été de bien vous identifier pour pouvoir parler à une personne qui a de l’importance pour nous.
Vous dites être le petit fils de CHIKHI ALI, ARGUEZ. Nous le sommes nous aussi, mais vous, qui êtes vous réellement ? Vous êtes le fils de qui ? Vous vous situez oû ? À Batna, à Alger, À Ain El Hamam ?
Votre commentaire est intéressant mais pour bien le comprendre, à mon avis il faut bien vous identifier, n’est-ce pas ?
Bonjour,
Je vous contacterai bientôt,si j’arrive à trouvé un moyen de vous joindre et j’éclaircirai votre lanterne,
à bientôt
Bonsoir,
je vous ai envoyer un message sur facebook, à bientôt
Salamoualikoum,
En cherchant dans le web j’ai pu trouve par hasard ce site très intéressants pour mes recherchent:
celons mon arbre généalogique je suis un descendant de ben bouzid, et d’après mon père ma famille etait tres proche avec les ouled sidi cheikh ou bien chikhi, puisque la tribus des oules sid cheikh existe dans mon arbre généalogique, mes ancêtres ont tous appartenu a la zaouia al-Rahmania,imam de la grande mosquée d’Alger et imam a sidi abderrahmane taalibi période ottoman et colonial, j’ai pu retrouve mes ancêtres a sidi Amer et sidi hadjres de m’sila ainsi que sidi bouzid enterre a Aflou.
information source: Arbre généalogique version originale.
a tres bientot
Y.Amine
Super de retrouver ces ecrits, ma mere est Chikhi de Batna , et je suis tres emue de lire l histoire que ma mere m a tant contee:)
Bonjour Amira, merci pour votre message. Je suis ravi que vous appréciez les écrits traitant de notre famille. Il y a encore plein de pistes à explorer. Les archives sont un peu dispersées. Si l’on pouvait mettre la main dessus, elles nous livreraient certainement des données inestimables. Cordialement. Lamine Bey Chikhi
Bonjour. Je suis vraiment émue et fière de ma grande famille maternelle. Merci de m’en faire découvrir des choses sur cette dernière. Je suis la fille de Latra , fille de Chikhi Lachemi. Je suis fière aussi de mon grand-père feu Lachemi.
Bonjour Leila, je suis heureux de pouvoir partager mes évocations avec des membres de notre grande famille et plus généralement avec tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de Batna.
Dada Lachemi (paix à son âme) a marqué l’histoire de Batna. Nous sommes tous fiers de son parcours et de son action.
Dans Bribes d’histoire-2- je complète ce qui est écrit sur Les Chikhi de Batna, en rapportant le propos de Zouzou Abdelhamid sur le meeting que Dada Lachemi devait donner à Batna dans le cadre de l’élection municipale complémentaire de 1936. Il y a certainement plein d’archives encore inexploitées. Bien le bonjour. Lamine Bey.
salam
je suis une chikhi de Ain El Hammame et je voudrais savoir mes origines, surtout après avoir lu votre publication, mon père nous disè tjr qu’on est d’origine Turque ??????
merci
Bonsoir Sara! Saha Aidek. Merci pour le message. La question des origines est très intéressante. Notre famille est-elle originaire de Turquie ? Je n’ai aucune indication là-dessus, mais je vais me renseigner et, le cas échéant,je reviendrai. Salutations. Lamine Bey.
@ chikhi sara, si vous êtes une chikhi de Ain El hammam, c’est que vous être Nath messaoud comme ils vous appellent chez vous, qui appartient à la grande famille (adhroum) Nath chikh, dont on trouve les chikhi, chikh, Ali chikh, ben chikh, Ould chikh, vous appartenait au 3arche nath Menguelet,une confédération de tribus dont l’histoire remontre à l’ére romain, donc l’hypothèse de tes origines turque est à revoir ( au passage, les chikhi de batna sont originaire de Ain El Hammam, tout comme les Ould khlifa et les khlifati de souk ahras et de djendouba en Tunisie. Amicalement
Bonjour tout le monde, je confirme que la famille Chikhi de Batna est originaire de MICHELET ou Ain el hammam située dan la wilaya de Tizi ouzou ‘ jai meme une cousine marié à la famille Chikhi depuis longtemps …
Merci pour tout. Moi je suis le petit fils de AHMED CHIKHI assassine en Janvier 1956 Quelle perte. KHELIFA Med AMEZIANE était mon gd père maternel. Bien à vous.
Moi FOUAD CHIKHI. Petit fils de AHMED CHIKHI assassine en Janvier 1956 ALLAH YARHAMOU et de KHELIFA Med AMEZIANE. Bien à vous