Ebranlement
Posté par imsat le 6 août 2011
Je mentirais si je disais que j’ai fini par me consoler de la disparition de Mà et de Soraya. En réalité, je suis dans une sorte d’ébranlement presque continu. Je souhaitais en dire quelques mots parce que Nazim et Chiraz m’ont demandé à maintes reprises quels étaient mes projets, pensant que je devais nécessairement en avoir du fait que j’étais désormais plus libre (?) de mes mouvements. Je leur répondais systématiquement que je ne me situais pas du tout dans cette optique et que je vivais plutôt au jour le jour, sans toutefois parvenir à les convaincre de la véracité de mon propos. Ils saisissaient la moindre occasion pour revenir à la charge, croyant que je leur cachais des choses. L’autre jour, ils ont cherché à savoir pourquoi je n’envisageais pas de partir ailleurs, sous d’autres cieux, là où, selon eux, je serais en phase avec mes aspirations réelles. Je leur ai dit que je n’avais pas besoin de m’expatrier pour me mettre au diapason de ce que je pourrais vouloir entreprendre, que je ne raisonnais pas du tout de cette manière en songeant aux pays dont il était question, que ma tentation à cet égard demeurait accrochée aux images d’un certain passé (qui restent pour moi des images d’Epinal) et que, last but not least, j’avais la flemme de renouveler mon passeport périmé depuis je ne sais combien d’années. D’ailleurs, Il ne me semble pas leur avoir jamais dit ni à d’autres personnes que je me plaignais de ma situation ou de celle du pays. Je me suis aperçu qu’il ne m’était pas toujours aisé d’expliquer que je traversais simplement une phase d’ébranlement accompagnée d’une méditation tranquille (est-ce paradoxal ?) sur la perte de deux êtres chers, transition que j’essayais de vivre à ma façon, dans un repli relatif mais pas du tout pesant ni déprimant. Mà et Soraya : des repères? Elles étaient plus que cela, une présence, un facteur d’équilibre, un élément fondamental du socle culturel de la famille, le réceptacle sécurisant de mes pensées les plus profondes et plus généralement de tout ce que je ne pouvais ou ne voulais pas dire aux autres.
Lamine Bey Chikhi
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