Challenge
Posté par imsat le 13 août 2011
Je me demande si l’absence d’une prise en charge et par voie de conséquence la marginalisation de notre histoire, je veux dire celle de notre famille, ne s’expliquent pas par l’histoire elle-même. Il y aurait de ce point de vue des séquelles, des stigmates, une sorte de répétition de réflexes hérités de l’histoire. En d’autres termes, si l’histoire d’une famille est censée impliquer à des niveaux différents et de diverses façons l’ensemble de ses membres, il n’en demeure pas moins que ses avancées éventuelles, ses contributions, ses oeuvres les plus marquantes restent le fait d’une minorité. Cette histoire serait ainsi tirée vers le haut nécessairement par une locomotive conduite par un staff sur la base d’un leadership qui tire sa légitimité certes du collectif, donc de l’ensemble des membres de la famille, mais qui s’en démarque en même temps par des éléments distinctifs intrinsèques pour permettre au groupe (d’aucuns diraient le clan, la tribu) d’aller de l’avant. C’est un peu comme cela que je perçois l’évolution de la famille Chikhi durant la période coloniale et c’est sous cet angle qu’elle me semble intéressante. Je trouve qu’il y avait une homogénéité dans la répartition des rôles en vue d’agir et de peser sur la vie de la cité. Il y avait aussi un processus organisant le relais, le passage de témoin entre les personnes indiquées. Et ce qui est remarquable et qui fait la singularité de cette démarche durant l’époque et dans la ville considérées, c’est non seulement l’action multiforme (économique, sociale, politique, culturelle, caritative…) de la famille mais aussi l’implication structurée dans ce cadre d’un collectif. L’exploitation de la ferme d’El Madher était collective tandis que les engagements politiques et associatifs concernaient des individus, des personnalités. Au total, cela fut rendu possible autant par le rayonnement graduel mais activement soutenu d’un nom que par l’esquisse de vraies perspectives à long terme. Il faut préciser que les Chikhi exploitèrent (outre la ferme d’El Madher) une seconde ferme dite ferme Meyer elle aussi très moderne pour l’époque puisque du fait de son caractère expérimental (unique dans la région de Batna), elle avait vocation à se développer via l’introduction et l’élevage de vaches importées de l’étranger. Eu égard à ces considérations, on peut dire que le projet batnéen de mon arrière grand-père paternel Chikhi Ali fut globalement mené et suivi conformément à l’esprit fédérateur, éclectique et pragmatique de son concepteur. La création dans les années 1950 de la Stab (Société des transports automobiles batnéens) qui mériterait à elle seule une attention et une réflexion particulières, semble avoir judicieusement ponctué cette fabuleuse histoire. Rendre compte de cette saga familiale, ne serait-ce pas à la fois un challenge et une éventuelle confirmation sous une forme intellectuelle d’une certaine continuité historique ?
Lamine Bey Chikhi
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