Posté par imsat le 19 septembre 2011
Un matin de septembre, nul frémissement, nulle vibration
Alentour, nul bruit, nul brouhaha, nul sifflement
Le silence, rien que le silence, et rien autour
Le silence et son écho, et rien alentour
Et moi dormant dans un duvet caressant, l’étreinte ultime de ma mère
Une soie légère passa sur ma joue
Son souffle m’enveloppa tel le voile de ma naissance
Elle m’avait dit que j’étais née coiffée, que ma coiffe nous avait été dérobée par des faiseurs de fortune
Âme généreuse
Tendresse
Elle vint à son dernier instant, un matin de septembre, me rappeler le sens de cette coiffe
Juste avant de rejoindre son éternité
Et j’ai pleuré, pleuré, pleuré
Beïda Chikhi
Paris, septembre 2010
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Posté par imsat le 1 septembre 2011
Le mal-être engendré par leur absence est encore là. En même temps et d’une certaine manière, penser à Mà et à Soraya me galvanise. Je ressens comme une nécessité ou plutôt un impératif: ne pas baisser les bras, remonter la pente. A 88 ans, Mà à qui je me plaignais parfois excessivement de la régression environnementale continuait de me dire : « la vie a toujours été une lutte, depuis la nuit des temps… ». Aujourd’hui, cette phrase, banale a priori, prend pour moi tout son sens; elle appelle de ma part une prise de conscience nouvelle, différente sans pour autant signifier une rupture avec le fil d’Ariane du temps jadis. Il y a un stock de souvenirs, de sensations, d’impressions. C’est un stock de base mais les interprétations que son contenu suscite ne sont jamais les mêmes. Et comment pourrait-il en être autrement lorsque ce sont les événements eux-mêmes qui imposent une approche remaniée, des nuances, un repositionnement mental ? Rien n’est plus comme avant; ma motivation diffère de celle que j’avais du vivant de Mà. J’impliquais Mà dans toutes mes idées d’écriture; son avis m’importait au plus haut point; c’était ce qui comptait le plus pour moi d’autant que je voyais que ça lui faisait du bien, que ça lui permettait de se libérer quelque peu des contraintes du moment, de se recentrer sur elle-même, de se remémorer son enfance. Nos échanges autour de ce que je projetais d’écrire étaient quotidiens; nous les avions ritualisés. Mes évocations déclenchaient les siennes et cette mécanique m’encourageait à persévérer dans ma démarche. J’écrivais pour Mà, donc je n’écrivais pas pour rien; le reste était dérisoire. Les perspectives étaient reléguées au second plan et aucun des scénarii qu’il m’arrivait d’échafauder en rapport avec le futur ne portait sur les conséquences de son éventuelle disparition ni sur la disparition elle-même, y compris lorsque, dans nos conversations sur les sujets sérieux de la vie et avec le tact qui la caractérisait, elle croyait devoir évoquer l’inéluctable. Pour moi, il y avait l’instant présent constamment en jonction avec le passé; il n’était pas question de m’en détourner. Il fallait le vivre pleinement et je le faisais en en parlant avec Mà.
Lamine Bey Chikhi
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