Un diagnostic toujours d’actualité ?
Posté par imsat le 31 décembre 2011
Beaucoup disaient que son regard sur le peuple était excessivement sévère, à la limite du mépris. Il y en a qui le pensent encore. Je crois, pour ma part, qu’il ciblait surtout ce qui, dans le comportement de l’individu, suscitait chez lui une légitime exaspération. Dans ses discours, il ne manquait pas de mettre en évidence, avant de les fustiger violemment, les travers qui l’ont toujours fait sortir de ses gonds. Il lui est souvent arrivé de critiquer les masses populaires en évoquant leur rapport désinvolte et pessimiste au travail, à la nature, au cadre de vie, à la patrie, au monde extérieur, au système éducatif. Naturellement, sa physionomie changeait en fonction de ce qu’il disait mais pas seulement. Je scrutais toujours de près les traits de son visage quand il se déplaçait à l’intérieur du pays ou à l’étranger, particulièrement en Europe ou en Asie. Au vrai, tout chez lui (l’expression du regard, le sourire, la gestuelle…) se métamorphosait par rapport au cadre spatial dans lequel il se trouvait. Lorsqu’il voyageait en Europe, il était plutôt en forme, joyeux, communicatif, fluide, percutant. En Algérie, il devenait grincheux, morne, bilieux, de mauvaise humeur, distant…
Je partageais malgré tout sans réserve sa stigmatisation des dérives de la société. Son diagnostic reste d’actualité. Je sais comme lui que l’explication de cette situation se niche dans l’histoire, non pas l’histoire récente mais celle façonnée par toutes les invasions, toutes les colonisations que le pays a subies au cours des siècles.
Lamine Bey Chikhi
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