Régression
Posté par imsat le 6 décembre 2011
Alger, place Maurice Audin.
Je dois aller à El Biar.
Je monte dans un taxi, à côté du conducteur.
A l’arrière, un homme barbu.
2 jeunes filles habillées à la mode et souriantes demandent au taxieur s’il va en direction du Golfe. « Je ne peux pas vous prendre; vous voyez bien qu’un homme est assis à l’arrière ! » leur répond-il énervé avant de démarrer en trombe.
Le barbu commente la scène : « Quelle époque ! Ces femmes ont de cette audace ! ça ne les dérangerait pas d’être assises à côté d’un homme dans un taxi; je suis convaincu qu’elles ne seraient même pas gênées de s’asseoir sur ses genoux ! »
Le taxieur : « Elles sont vraiment effrontées ! »
Le barbu : « La illah illallah, Mohamed rassoulillah » (Il n’y a de Dieu qu’Allah et Mohamed est son messager).
Le taxieur : « Tout ça, c’est la faute du peuple, enfin de tout le monde ! »
Le barbu : « La illah illallah… »
Le taxieur : « Il n’y a plus d’hommes dans ce pays, c’est vraiment renversant ! »
Moi : « Ah, non ! Je ne suis pas d’accord avec vous ! »
Le taxieur : « Ecoute yal kho (frère), c’est mon point de vue et je le confirme ! »
Moi : « Il faut quand même nuancer, vous êtes en train de dire n’importe quoi »
Le barbu : « C’est vrai, il ne faut pas généraliser ».
Le taxieur : « Moi, je suis libre de penser ce que je veux ! »
Moi: « Eh bien, moi je dis qu’il y a encore des hommes dans ce pays ! »
Le barbu au taxieur : « Tu es en colère mon frère, et je te comprends »
Moi au taxieur : « Arrêtez-vous devant les escaliers mécaniques. Combien je vous dois ? »
Le taxieur : « 40 dinars »
Je paie et, sans dire au revoir, je m’extrais du véhicule, la tête emplie d’images de la tragique décennie 1990.
Lamine Bey Chikhi
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