Fanny Ardant
Posté par imsat le 31 janvier 2012
Je regardais Nos retrouvailles, un film de Josée Dayan, interprété par Fanny Ardant et Charles Berling. Le téléphone sonne. Zut ! Qui cela peut-il bien être ? Pas question que je décroche ! Si je le fais, adieu le film, enfin les dix dernières minutes, adieu l’exquise Fanny Ardant, adieu ma soirée. Le téléphone sonne toujours, c’est sans doute Stamlouti de Sydney. Il appelle une fois par mois pour demander des nouvelles de la famille, du pays. Si je réponds, j’en aurai pour au moins trois quarts d’heure de conversation. Je finis par décrocher tandis que Fanny Ardant (enfin le personnage qu’elle incarne) se rend compte que son amant la mène en bateau et qu’il lui a menti sur toute la ligne. C’est bien Stamlouti qui est au bout du fil. On évoque nos thématiques habituelles (la situation générale du pays, les réformes politiques en cours, son travail, la famille, le temps qu’il fait en Algérie et en Australie). Mon esprit est ailleurs, enfin dans le film. Je dialogue presque mécaniquement tout en songeant à la possibilité de voir la fin du film via internet ou lors d’une éventuelle rediffusion par une autre chaîne, sachant que ce ne serait pas du tout la même chose. Et puis, ce soir-là, c’était particulier; j’étais complètement en phase avec le film, non pas tellement avec l’intrigue proposée (le titre permet à lui seul d’en deviner les probables tenants et aboutissants) mais avec un ensemble de détails, de paroles, de mots échangés, de couleurs, de lumières : lumières du ciel, couleurs des vêtements joliment portés par l’actrice. J’ai trouvé au film une fraîcheur printanière superbement mise en relief par le chic et l’originalité de Fanny Ardant. Jusqu’alors, j’avais un peu oublié le bonheur de regarder aussi détendu et l’esprit libre un bon film. Ce soir-là, je retrouvais cette sensation dès le début du film: en fait, je la subodorais dès l’instant où je savais que j’allais voir jouer Fanny Ardant.
Stamlouti me demande si je ne suis pas occupé, précisant même que si tel était le cas, il me rappellerait un peu plus tard. Je lui dis: « pas de problème, je ne fais rien de spécial » tout en pensant que s’il voyait ma tronche, il comprendrait; enfin pas sûr car en général l’essentiel par rapport à un film se passe ailleurs, c’est quelque chose de très intérieur. Au-delà de l’histoire, Nos retrouvailles c’est Fanny Ardant, sa façon de jouer, de marcher, de se mouvoir, c’est son délicieux romantisme. Je pourrais naturellement ajouter sa voix, cette voix si singulière qui l’a toujours nettement distinguée des autres artistes. Mais la voix n’est pas tout. En l’occurrence, on oublie souvent de souligner que l’actrice s’en est toujours bien servi, a toujours su en jouer; le talent, c’est aussi cela.
Stamlouti me questionne sur les prochaines législatives; je lui donne mon point de vue sans réelle motivation ni inspiration. Va t’il s’en apercevoir, va t’il sentir ma déconnexion du moment lui qui sait que les discussions politiques m’ont toujours enthousiasmé ? S’il s’en rend compte, eh bien tant pis ! Et puis ce n’est pas la fin du monde ! De toute manière, il connait mon avis sur ces questions et je connais le sien. Pourquoi donc revenir là-dessus ? Il sait par exemple et depuis longtemps que mon soutien au Président Bouteflika n’a pas changé d’un iota. Il sait aussi que je continue de penser, pour toutes sortes de raisons, que le Premier ministre Ahmed Ouyahia se donnera toutes les chances d’accéder à la magistrature suprême en 2014.
Il m’en parle cette-fois ci de façon laconique tandis que je me dis : « un film, c’est un tout, c’est d’abord un générique, mais avant le générique, c’est une ambiance, c’est l’anticipation d’un plaisir; c’est aussi une musique, un scénario. Et puis, il y a ce que l’on ressent juste après le film, dans cette phase transitoire où la fiction est encore là, pas encore tout à fait détachée de la réalité et où l’on reprend progressivement ses esprits, heureux d’avoir passé un excellent moment. Un moment au bout duquel on renoue avec la vraie vie en continuant de penser vaguement au film, à ce qu’il en reste…
Lamine Bey Chikhi
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