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Un air de famille -2-

Posté par imsat le 28 juillet 2012

Conjectures: Je me demande quelquefois si la disparition prématurée de mon père n’a pas  fondamentalement déterminé mon itinéraire et celui de mes proches, mais aussi d’une certaine manière celui d’une partie notable de la famille Chikhi de Batna. Je souligne le mot prématuré parce qu’il confère sa particularité à l’événement, en accentue la dimension tragique et le démarque complètement des situations que l’on croirait comparables et auxquelles on serait tenté de le rapprocher. Je pourrais expliquer rapidement ce sur quoi je fonde un tel sentiment tout en sachant que je risque d’être réducteur, subjectif et trop direct dans ce que j’ai envie d’exprimer. Il me serait peut-être plus facile de préciser ma pensée à travers des questions qui contiendraient des éléments d’appréciation en relation avec la supposition de départ. J’ai déjà soulevé nombre de ces questions ici même. Le texte Fragments d’un parcours en pose quelques unes et y répond mais bien d’autres évocations renvoient implicitement ou explicitement à un cadre de vie familial, collectif et social que mon père aura marqué de son empreinte. N’y a t-il que de la subjectivité dans ce que je dis? On pourrait le croire. Pourtant, ce qui sous-tend mon propos est plus complexe. J’ai déjà eu à exprimer ce qui relevait du sentiment personnel au sujet de mon père mais lorsqu’il m’arrive de décanter les choses, c’est aussi le reste qui apparait, et le reste c’est ce à quoi les autres sont censés adhérer non pas seulement parce qu’ils ont eu à l’éprouver à l’identique, à le vivre pleinement à titre individuel, mais parce qu’ils pourraient y relever une part d’objectivité. Cela dit, comment concilier ce raisonnement avec ce que représente la part du destin dans l’itinéraire de chacun? Si ce qui est écrit dans le ciel était systématiquement invoqué comme la réponse exclusive et indiscutable à toutes les questions philosophiques et métaphysiques que l’on se pose, cela simplifierait évidemment nettement le champ de la réflexion. Pour dire de mon père ce que je souhaitais, je n’étais pas tenté de passer immédiatement par ce préalable. Au surplus, si je l’avais fait, la question n’aurait eu aucun intérêt. Je voulais d’abord faire évoluer ma réflexion, l’affiner, et en faire un vecteur à la fois de rêves et de suppositions fiables, crédibles, réalistes. Je souhaitais aussi poser les jalons d’une démarche susceptible de générer des enseignements pour un ajustement de ma perception de l’histoire de la famille. Je cherchais à faire sortir de l’oubli  des détails, des tendances, des croyances et, quelque part aussi, à remettre les pendules à l’heure. C’est un long processus…

Si le fleuve n’avait pas été détourné… Il n’y a aucune prétention dans mes assertions précitées. Mais il n’y a pas non plus d’exagération. Si je devais me contenter d’écrire pour écrire,  je pourrais même soutenir tout le contraire des affirmations en question sans pour autant remettre en cause les  qualités intrinsèques de mon père ou les côtés étincelants, spectaculaires et inventifs de son parcours. Il se trouve que ma démarche est censée répondre à un besoin. Besoin de dire les choses, donc d’interpeller des séquences du passé, de témoigner, de comprendre, d’expliquer. Cela ne se limite donc pas à la quasi sacralisation d’une époque même si elle est omniprésente dans mes méditations. Et puis, tout cela vient progressivement  et permet de préciser le propos, d’explorer des pistes jusque-là inexplorées ou insuffisamment investies, de rebondir sur telle ou telle réflexion. Il ne s’agit pas de regretter quoi que ce soit du temps jadis ni de se lamenter parce que le réel d’aujourd’hui n’a absolument rien à voir avec celui d’autrefois. Il est surtout question ici de penser et d’imaginer ce qui aurait pu se faire ou ne pas se faire, être contourné ou différé, conforté ou laissé en l’état si les circonstances avaient évolué de façon linéaire ou plus précisément, et pour paraphraser le titre d’un roman de Rachid Mimouni, si le fleuve n’avait pas été détourné .  C’est pourquoi d’ailleurs, les projections que j’esquisse ne concernent pas que mon père. Je l’ai déjà dit : pour moi, ce qui a trait à l’air de famille ne renvoie pas qu’à une ressemblance physique ou à une identité  de vue sur certains points de repères historiques et culturels; c’est censé être un tout et ce tout me fait songer à mon arrière-grand père paternel Ali, à ses ambitions, au projet qui était le sien lorsqu’il décida de quitter la Kabylie pour Batna. Qu’en reste t-il non pas matériellement, bien que cette dimension ne soit pas négligeable, mais culturellement, au triple  plan des idées, de la transmission des valeurs et des corrélations générationnelles entre le point de départ et le point d’arrivée ? S’interroger de la sorte, ce n’est pas emprunter un raccourci pour des réponses sommaires que chacun aurait de toute façon le droit d’exposer, de défendre, de légitimer, c’est aussi laisser libre court à l’imagination pour transcender ce qui relève de l’individu et aérer l’espace de la réflexion. En définitive, comment situer, percevoir et décoder  non seulement les anticipations de jeddi Ali tandis qu’il consolidait son projet batnéen mais aussi le niveau de conscience des autres membres de la famille  et son évolution par rapport au projet ?

 C’était mieux avant : Peut-être y a t-il au fond de moi une vague envie, une envie inconsciente de voir la « tribu » se reconstituer. Cette idée ne vient pas de nulle part  mais  elle n’a pas nécessairement à voir avec la notion de tradition ou de conservatisme. Elle serait plutôt liée à l’époque actuelle, aux risques dont elle est porteuse, au pessimisme qu’elle dégage, aux incertitudes qui semblent peser sur les perspectives. Il y a dans ce contexte comme une incitation à tenter de renouer avec ce qui permettait autrefois de se retrouver entre soi et de contrôler l’ouverture sinon de la limiter au strict minimum. Nul ne peut vivre en autarcie, c’est connu. Ce n’est d’ailleurs pas vraiment de cela que je veux parler. En définitive, ne serais-je pas en train d’expliquer que l’air de famille dont il est question ici renvoie simplement à un esprit de famille, et que le premier ne signifie rien sans le second ? Je me suis posé la question mais là aussi comme dans un propos précédent, j’y réponds en suggérant une réflexion sur ce qui peut permettre à une organisation humaine (groupe, communauté…) de maintenir une cohésion, une transversalité, des constantes, et à certains de ses membres (en tout cas ceux qui s’en sentent capables) d’exercer en son sein un leadership fécond autrement dit une influence éclairée, positive, désintéressée, sincère. La semaine dernière, j’ai rencontré mon cousin Tahar, avenue Hassiba Benbouali. J’ai voulu le briefer sur le sujet. C’était le 15ème jour du ramadhan. Nous avons un peu parlé. Je lui ai dit que le ramadhan n’avait plus la saveur d’antan, que la dépréciation de l’ambiance de ce mois sacré avait certainement beaucoup à voir avec les trajectoires de notre famille. Il m’a dit qu’il partageait mon avis, que tout avait changé, pas seulement notre perception du ramadhan, et que c’était mille fois mieux avant quand nous étions tous à Batna. Nous avons dû écourter notre conversation car il faisait une chaleur écrasante et il ne restait qu’un quart d’heure avant la rupture du jeûne. Nous nous sommes promis d’en rediscuter un autre jour.

Lamine Bey Chikhi

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Un air de famille -1-

Posté par imsat le 25 juillet 2012

Au-delà des apparences : J’ai encore envie d’évoquer ma mère, mon père, ma soeur Soraya. Surtout  ma mère, allais-je écrire, mais à vrai dire je pense à eux trois avec la même fréquence. De façon différente, avec une intensité différente mais avec la même fréquence. L’autre jour, après avoir regardé un documentaire sur Romy Schneider, je me suis demandé pourquoi je ne retrouvais presque rien de l’actrice chez sa fille Sarah Biasini. Je me suis d’ailleurs posé la même question au sujet d’Isabella Rosselini, la fille d’Ingrid Bergman. On a beau admettre que chaque être humain est unique, on n’en reste pas moins enclin, après sa disparition, à établir quelque parallèle avec ses proches via des postures, une gestuelle, une vision de la vie. J’ai cité Romy Schneider et Ingrid Bergman mais leur cas est parfaitement extrapolable à tous les  autres, pas seulement aux artistes mais à tous les humains. Longtemps, j’ai cru que l’on pouvait contourner cette quasi impossibilité de retrouver l’autre tel qu’on le souhaite, dans son entourage, par exemple en parlant de lui de vive voix. Je me suis aperçu que même par ce truchement, cela restait chimérique, en tout cas toujours inachevé, décousu, parfois même contrariant, désagréable. Cette recherche ne porte pas que sur des traits physiques. Il ne s’agit pas seulement de retrouver un air de famille mais d’aller au-delà. Au demeurant, même lorsqu’on croit déceler une ressemblance physique, il est fréquent qu’elle s’estompe ou plutôt qu’elle devienne marginale dès que l’on tente d’explorer au-delà des apparences pour établir d’éventuelles concordances intellectuelles. L’écriture répond-elle à cette quête ? En partie sans doute. Ecrire ne permet pas seulement de se remémorer l’autre, de maintenir une proximité avec ce qu’il a été. Elle favorise aussi l’émergence de facettes que l’on n’a pas pris le temps de découvrir ou d’apprécier du vivant de la personne visée. Dirait-on la même chose des gens d’autrefois ? Je m’interroge en pensant en particulier à ma mère et à mes tantes maternelles. Elles se ressemblaient beaucoup, d’abord physiquement mais surtout culturellement. Elles avaient le même caractère, les mêmes valeurs morales fondées sur la tolérance, le don de soi, l’ouverture spirituelle, la considération de la personne humaine, la juste appréciation des choses (précieuses ou mineures) de la vie. Je les voyais ainsi. Il n’y avait rien de délibéré dans ma façon de quêter ce qui les rapprochait. Je ne les voyais pas de la sorte parce que je le voulais. C’était comme ça, spontané, naturel. Aujourd’hui, il n’y a rien de comparable à cela. Tenter, hors de l’écriture, de retrouver chez les vivants celui à qui l’on pense, ce serait mission impossible. Et d’ailleurs, à quoi cela servirait-il ?  Cette question, ce n’est pas moi qui la pose mais les autres. Moi, je suis toujours dans cette recherche ; j’y réponds imparfaitement peut-être mais j’y réponds quand même. Et cela passe par l’écriture. Cette recherche signifie aussi que l’on accepte d’exprimer les non-dits de jadis. C’est également s’efforcer de retrouver les êtres chers disparus à travers une pensée libérée. Renoncer à une telle démarche parce qu’il faut se rendre à l’évidence, se faire une raison, et en plus le dire comme ça, dans la résignation, c’est agrandir sans s’en rendre vraiment compte, l’espace de l’oubli. Oubli de l’autre, celui qui n’est plus. C’est s’en éloigner de plus en plus. Je n’ai aucune prétention en la matière. Et si j’en avais une, je serais contraint de la relativiser. Pourquoi ? Eh bien parce que je me suis posé la même question mais autrement, je veux dire en la positionnant sur ce que je pense de mon rapport à mon père. Ce qui est sûr, c’est que je ne ressemble pas du tout à mon père. Il en résulte que ceux qui l’ont connu pourraient eux aussi le constater et exprimer à mon égard des regrets similaires à ceux qui sont les miens au sujet de certains disparus, proches ou éloignés, algériens ou étrangers…

(30 juin 2012)

Non-dits: Si je devais approfondir mon propos sur ce qui se rapporte à l’air de famille, je devrais nécessairement exprimer des non-dits, et il y en a pas mal. Mais suis-je disposé à passer le cap ? Sur des points aussi complexes, je me suis toujours contenté de tourner autour du pot, sauf avec ma mère à qui je disais presque tout. Pour moi, la référence à l’air de famille, c’est la recherche constante, auprès des vivants, de ce qui caractérisait profondément des personnes qui ne sont plus. De prime abord, cette recherche n’est ni pathétique ni désespérée. Elle risque cependant de le devenir si elle s’avère vaine, si la preuve est faite qu’elle n’a que peu de chance d’aboutir. Au fond, vouloir se raccrocher à un air de famille ne permet pas vraiment de mettre sur la balance des situations, des personnes comparables, car l’essentiel fait défaut. Et l’essentiel fait précisément partie des non-dits. Pour l’heure, je préfère rester dans l’implicite voire dans l’indicible. L’implicite découle de ce sentiment de bonheur que j’éprouve en songeant aux personnes que j’ai appréciées, admirées et aimées autrefois parce qu’elles étaient exceptionnelles, incomparables. Est-ce exactement ce à quoi je voulais arriver ? Non. D’ailleurs, même entre les gens d’autrefois auxquels je pense, il y avait des différences majeures. Il y avait celles que je percevais et il y avait celles que ma mère mettait en évidence dans les réponses aux questions que je lui posais. Je ne suis pas précis quand je parle d’époque. Je devrais me concentrer beaucoup plus sur les personnes. Et cela ne se limite pas à mes parents ni même au cercle familial élargi. Il se trouve que les personnes en question sont toutes liées à une même époque.

(4 juillet 2012)

Donner de nouvelles couleurs au passé: Je n’ai jamais senti chez elle une gêne ou une lassitude par rapport à ce que nous disions des proches disparus et donc d’un certain passé. Ces évocations lui permettaient de se souvenir de bien des choses et à moi d’en apprendre toujours un peu plus sur ce qu’elle savait de l’histoire de notre famille. Nous en parlions de façon détendue, nous prenions le temps de le faire. De ce point de vue, je m’entendais parfaitement avec elle. Je l’ai déjà écrit : je trouve toujours intéressant de parler de ceux qui ne sont plus. Et à chaque fois que l’occasion de le faire se présente,je m’aperçois qu’il ne s’agit pas seulement de raconter des bribes de leur histoire ni même de revenir sur des choses déjà connues, parfois banales (des habitudes, certains faits et gestes…), mais de découvrir ou redécouvrir du singulier, du spécifique voire de l’extraordinaire à travers le regard supposé avoir mûri que je porte sur les personnes évoquées. C’est cela qui m’attire et que je trouve à la fois merveilleux et inépuisable. Je l’ai fait au sujet de mon père et de ma mère, mais je n’en ai pas fini. Il m’arrive de vouloir reconduire la même démarche mais sous la forme de conversations désirées, inspirées, inventives pour donner de nouvelles couleurs au passé. Cette recherche de couleurs s’inscrit bel et bien dans les nuances que j’essaie d’introduire dans mon propos sur l’air de famille.

(7 juillet 2012)

Intemporalité : La portée de certaines références à la nostalgie reste intemporelle. Je m’autorise cette affirmation parce que la réflexion que j’amorce autour de l’air de famille ne résulte pas que d’une approche subjective des choses. Elle n’est pas non plus liée exclusivement à une époque qu’on dirait révolue parce que la plupart de ceux qui en furent les principaux animateurs ont disparu. En introduisant Un air de famille par un clin d’oeil à Romy Schneider et Ingrid Bergman, je souligne d’emblée ma préférence pour un certain cinéma, celui des années 50, 60 et 70. Pour des gens comme moi, revoir les films de cette période-là, ce n’est pas seulement revoir des acteurs qu’on a aimés, c’est aussi pouvoir se souvenir  d’une époque dont on a sublimé bien des côtés,  non seulement parce qu’elle était nôtre mais parce qu’elle était équilibrée, raisonnable, romantique. Cette esquisse de réflexion ne me paraît pas du tout dépassée, ringardisée par les événements du monde. Pourquoi ? Eh bien, parce qu’elle me permet de légitimer les interrogations qui sont les miennes sur les étrangetés de la vie actuelle, de comprendre pourquoi je ne peux souscrire à de nombreuses facettes de la vie d’aujourd’hui, et d’en faire une forme de résistance aux bouleversements qui affectent lourdement la société dans laquelle je vis. Difficile dans ces conditions de rester dans une perception littéraire des choses.  C’est sociétal, c’est culturel. Je m’en rends compte presque quotidiennement. Mais entrevoir l’explication de ce constat par un biais sociologique, par exemple, c’est sortir de la démarche de type littéraire pour entrer dans une démonstration complexe, périlleuse même parce qu’elle risque de créer des tentations, en particulier celle de mettre en avant des différences, des détails, des tendances historiques et culturelles qui répondraient certes à la question de savoir pourquoi le meilleur d’autrefois ne reviendra jamais mais qui ouvriraient en même temps la voie à des clivages que d’aucuns trouveraient discutables car discriminatoires. Partager un air de famille ne signifie évidemment pas abonder ipso facto dans le sens des mêmes clivages.

(12 juillet 2012).

Les souvenirs survivent à l’histoire : Je ne m’éloigne pas de l’air de famille. A Batna, on nous reconnaissait par ce truchement mais ce n’était pas que physique, c’était aussi culturel. Cette reconnaissance, j’y pense avec quelque nostalgie parce qu’elle a disparu presque complètement. En vérité, elle a cessé d’être « matériellement » mais sentimentalement elle est toujours là. On ne peut pas expédier cette introspection d’un revers de la main au motif que tout a changé, qu’il ne sert à rien de vouloir s’accrocher à un passé qui n’existe plus, qu’il faut rompre ce cordon ombilical. Point barre ! Je ne suis pas de cet avis. Les souvenirs et les rêves qu’ils charrient survivent à l’histoire, à toutes les ruptures. Ils les transcendent. Certains estiment à tort ou à raison que la révolution a tout balayé sur son passage mais que ce n’est pas spécifique à l’Algérie. Cela ne me laisse pas indifférent tout comme (mais ce n’est qu’un exemple) les documentaires sur la révolution russe de 1917 et la fin tragique des Romanov. Oui et alors? Alors, je n’y suis pas insensible mais je le dis en précisant que j’établis systématiquement le parallèle entre l’avant et l’après, quel que soit le pays concerné. Certaines répercussions des transitions socio politiques et institutionnelles tumultueuses et excessives me choquent profondément, me révoltent. Révolution, révolte…intérieure. Il n’y a rien à relativiser. Ou alors, s’il convient de relativiser, il ne faut pas le faire à sens unique. On ne refait pas l’histoire mais rien n’empêche quiconque de l’écrire à sa façon. Romancer l’histoire, c’est être dans la littérature et chacun peut romancer à sa guise ses souvenirs ou ceux de ses proches. Petites histoires, réminiscences personnelles, évocations familiales, méditation, illusions d’autrefois, tout cela concourt à une juste compréhension de la grande histoire.

(16 juillet 2012)

Lamine Bey Chikhi

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