La Princière, le Novelty, le Névé et tutti quanti
Posté par imsat le 25 août 2012
Le Névé, Fidélia, La Princière, Le Coq Hardi, Le National, Le Cyrnos, Taverna Romana, Montero, l’Aiglon, tous ces établissements et bien d’autres ont disparu du paysage algérois. Disparition directe ou indirecte, désaffectation, changement de raison sociale, abandon… Cette néantisation me pousse à m’interroger sur la mémoire et plus particulièrement sur la capacité de garder au fond de soi des images complètes ou partielles non seulement des lieux que l’on a connus mais aussi de leurs noms, de certains de leurs éléments distinctifs, de l’atmosphère qui y régnait. Je me rends compte avec quelque contrariété que bien des noms d’endroits que j’ai fréquentés à Alger dans les années 60 et 70 ont déserté ma mémoire. Je relève que cette « amnésie » est presque concomitante de la transformation de la quasi totalité des lieux en question et de leur remplacement par d’autres activités (fast-food, prêt-à-porter, boutiques de téléphonie mobile…). J’ai toujours été intéressé par les ramifications de tels bouleversements et par l’interaction des noms de lieux avec l’histoire, la mémoire, l’appréhension individuelle des souvenirs qu’ils véhiculent. Le jour où F m’a dit que Marie Cardinal avait évoqué La Princière dans l’un de ses romans, j’ai voulu en savoir davantage sur l’écrivaine, sa vie à Alger, ce qu’elle ressentait pour l’Algérie après l’indépendance. Nous en parlions alors que nous dégustions de délicieuses viennoiseries précisément à La Princière. La coquette et conviviale pâtisserie est évidemment complètement dans ma tête. Mais je m’en veux encore un peu de ne m’être pas souvenu des noms de certains endroits de ma ville natale. Certes, les archives de mon père m’ont aidé à en retrouver quelques-uns mais le flou continue d’entourer plein d’autres lieux, en particulier ceux qui ont perdu leur appellation d’origine. J’ai lu quelque part que les 3 cinémas que je fréquentais jusqu’au début des années 60 avaient eux aussi été débaptisés. Je ne saisis pas la pertinence de cette mesure. Le Colisée, le Casino, le Régent ne sont plus; enfin ils ont changé de nom. Qu’y avait-il de dérangeant dans ces noms ? Pourquoi avoir attendu si longtemps pour leur substituer d’autres appellations ? Cela a certainement à voir avec une certaine compréhension de l’histoire. C’est une réaction décalée par rapport au passé. Je n’ai pas envie d’en dire plus sur ce point précis. Pour moi, les anciens noms évoquent plein de souvenirs. Le premier d’entre-eux a trait au film de Cécil B.DeMille, Les dix commandements. Mon oncle Abderrahmane nous emmena voir en famille cette super production hollywoodienne, un soir de juillet 1961. Mancini, le patron du Colisée où le film passait, nous souhaita aimablement la bienvenue. Je me souviens d’avoir senti une odeur de crésyl à l’entrée du cinéma. La salle avait été nettoyée après la séance de l’après-midi. J’en parlais il y a deux jours avec B qui m’a dit qu’elle se rappelait plutôt les portes du cinéma que Mancini laissait grandes ouvertes en période estivale lorsque les films étaient projetés en soirée, pour aérer la salle et permettre aux spectateurs de profiter de la fraîcheur de la nuit. Cette image est aussi la mienne. Cette forme d’aération de l’établissement distinguait le Colisée des autres salles de la ville, outre ses sièges en bois et la légère odeur de crésyl à l’entrée du cinéma.
Lamine Bey Chikhi
J’ai eu une pensée concernant le salon la Princière quel gâchi mon dieu.J’ai eu l’occasion d’aller à Alger(j’habite en France actuellement,à Nantes.) J’ai senti tous les souvenirs de ma jeunesse s’écroulés ce jour là, alors que j’habitais à quelques pas de la Princière,on allait tous les jours prendre soit les bons petits gâteaux(on se servait nous même) soit de bonnes glaces et surtout c’était notre lieu de rencontres avec les copines (notre quartier général).
L’église Saint-charles devenue aujourd’hui mosquée errahma(houmti laâziza) je suis entrain de pleurer en même temps que que j’écris.Ils ont effacés tout ce qui m’était le plus cher mon enfance,je ne reconnais plus Alger.
Les cinémas:L’Algeria,le Français,l’Afrique le Debussy,L’ABC…Je suis dégoûtée,on m’a enterrée vivante quel cauchemar! Je suis une fille D’Alger.
Bonjour,
Message reçu 5/5.
Petite consolation : l’Afrique a été restauré de même que le Debussy depuis peu, mais ils n’ont toujours pas ouvert leurs portes.
Le Français est en cours de réhabilitation. Les travaux ont commencé juste après le ramadhan.
J’espère que les responsables en charge du projet vont conserver la jolie façade de ce cinéma où l’on allait voir en deuxième séance (17h) les films d’André Cayatte interprétés par Marie-José Nat, mais aussi plein d’autres oeuvres d’auteur.
La rénovation de ces salles est à saluer même si elle n’est pas de nature à permettre aux gens de notre génération de retrouver l’atmosphère qu’elles dégagaient avant les années 80.
Heureusement, la mémoire est encore là. Elle permet via des images, des souvenirs, de « redonner vie » à l’ambiance d’autrefois…
Bonsoir,merci pour les nouvelles ,je compte aller sur Alger et j’espère ne pas être déçue.
Que devient le sacré coeur?le parc de Galland,le jardin d’essai.
Je vois que vous parlez de Soraya Chikhi,j’avais un voisine(on était copine aussi)qui était mariée à un médecin
prénommé Fayçal,ils habitaient à la rue Marceau ,elle était originaire de Batna?Je parle d’elle au passé car elle nous a quitté (allah yarhama)
Merci pour la création de ce blog,cela me permet de prendre des nouvelles d’Alger qui me manque terriblement.
Bonsoir,
Ma soeur Soraya nous a malheureusement quittés il y a un peu plus d’une année(allah yarhamha).
J’ai eu à l’évoquer sur ce blog à maintes reprises mais il reste encore beaucoup à en dire.
De toute façon, tout ce qui relève d’un certain passé est inépuisable et le moindre détail prend à cet égard une dimension particulière, suscite un intérêt renouvelé, inspire de nouvelles approches, une autre perception de la vie.
Pour le reste et précisément à propos d’Alger, je ne voudrais pas influer par anticipation sur la façon dont vous allez redécouvrir la ville.
Vous verrez sur place ce qu’il en est.
Je peux quand même vous dire que le sacré coeur est toujours à sa place. Idem pour le parc de Galland.
Quant au jardin d’essai, il a fait sa mue et c’est désormais un espace très agréable et très beau.
Salutations.
Pour Rebecca Zaidi,
J’ai bien pris note de votre message du 21 septembre. J’en répercuterai les termes.
A ma connaissance, la question évoquée par vos soins a été réglée.
Merci pour votre gentillesse.
Salutations.