Ce que je pense de Bouteflika -2-
Posté par imsat le 5 janvier 2014
J’ai toujours été en phase avec ses déclarations, ses discours, sa façon de définir les choses. Je ne parle pas spécialement de ses interventions politiques. Ce qu’il disait de l’Algérie, de la société algérienne, du citoyen algérien correspondait absolument à ce que j’en pensais personnellement.
Une identité de vue idéale. Il m’arrivait de trouver excessif, infondé voire tendancieux mon jugement sur telle ou telle question mais je finissais par me rendre compte que je n’étais pas dans l’erreur ou plutôt que je ne faisais que partager ce qu’en pensait le Président lui-même. Cette identité de vue idéale m’étonnait et me réjouissait. Tout ce que disait Bouteflika me paraissait objectif, équilibré, rationnel, fiable. En l’exprimant ainsi, je ne suis pas sur le terrain politique sauf à considérer que tout est politique, que tout est décryptable politiquement et que, en dernier ressort, tout renvoie au politique. J’étais d’accord avec lui parce qu’il parlait vrai. Il pouvait paraître brutal, direct et sans fioritures dans ses constats, dans ses répliques mais si l’on était en droit de réfuter la façon dont il l’exprimait, en revanche, si l’on était de bonne foi, on ne pouvait pas ne pas en partager le contenu. Bouteflika a beaucoup discouru sur l’Agérie, l’algérien, la société algérienne. Il l’a toujours fait ouvertement. Avec lui, pas besoin de lire entre les lignes. Il était largement en mesure de faire preuve de diplomatie pour ne pas heurter les susceptibilités mais il optait délibérément pour la franchise. Il tenait à frapper les esprits et il y parvenait dans de nombreuses circonstances. Quand il sentait que la société avait besoin d’un électrochoc, il savait s’y prendre. Il n’était pas toujours dans des considérations politiques. J’ai consigné quelques-uns de ses propos phares dont les tenants et aboutissants transcendent justement le politique. Je parle ici de déclarations de Bouteflika Président. Celles de Bouteflika patron de la diplomatie algérienne son plutôt rares. J’avoue que ce qui retenait mon attention à l’époque où il était Ministre des affaires étrangères, c’était son style, ses apparences, son aisance naturelle, sa bonhomie. Pour moi, il était très précisément au diapason de l’idée que je me faisais d’un Ministre des affaires étrangères . La diplomatie, c’était Bouteflika et il l’incarnait excellemment. Il y avait évidemment la parole, en abondance d’ailleurs, mais ce qui me captivait c’était le style Bouteflika. Le style en l’occurrence, c’est une esthétique, une convivialité, une courtoisie internationale et Bouteflika s’y inscrivait merveilleusement. L’expression d’une esthétique, c’est un tout conciliant le politique, le diplomatique et les apparences extérieures, autrement dit le fond et la forme. Bouteflika savait en jouer et je n’y étais pas insensible. Ce que je dis de Bouteflika, je l’écris au jour le jour. Je parle de lui au passé parce que je relate des images, des souvenirs d’hier. Mais j’aurai aussi naturellement à parler de lui au présent. Il y a d’ailleurs une continuité et plein de points de jonction entre les époques, ainsi que je l’ai indiqué en entamant cette réflexion.
Lamine Bey Chikhi
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