Ce que je pense de Bouteflika -8-
Posté par imsat le 12 janvier 2014
Pour Bouteflika, la traversée du désert va durer une vingtaine d’années. Durant toute cette période, je pensais souvent à lui. Ce n’était pas toujours délibéré de ma part. En fait, quand j’observais les dirigeants de l’époque, je ne pouvais pas m’empêcher de les comparer à Bouteflika. Par moments, le parallèle était inconscient. J’étais dans le souvenir, la nostalgie, je n’y pouvais rien, c’était inévitable. Je n’étais pas dans la mélancolie et je ne m’interrogeais pas sur le sort de Bouteflika dont on disait qu’il conseillait des émirs du Golfe. Mais je ne vibrais plus comme au temps où il représentait l’Algérie à l’extérieur.
Il était absent, il était présent. En réalité, les questions internationales et leurs implications sur l’Algérie n’avaient plus le même impact sur moi. Bouteflika était-il vraiment absent ? Je dirais qu’il était plutôt absent-présent. Absent de la scène politique et médiatique, absent du pays mais présent dans ma mémoire. Cela a t-il duré longtemps ? En termes d’intensité, peut-être jusqu’au début des années 1990, c’est-à-dire jusqu’au jour où l’Algérie commença à être dévastée par les violences politiques. Dans mes rétrospectives le concernant, émergeaient tantôt sa silhouette et sa gestuelle tantôt un souvenir sonore, des bribes de déclarations, quelques mots. Lorsqu’un ministre du Gouvernement Chadli ou des gouvernements qui lui ont succédé, prenait la parole, je me disais : « Qu’aurais dit Bouteflika à sa place ? » ou encore : « Comment Bouteflika l’aurait-il formulé ? ». Parfois, j’étais affirmatif et sans nuance: « Jamais, il n’aurait agi de la sorte ! » . Je sais que mon parti-pris pourrait paraître excessif mais quand on est dans une appréciation subjective, voulue comme telle parce que fortement motivée, peut-on moduler le propos, arrondir les angles ? . Bouteflika n’aimait pas tourner autour du pot, sauf dans les discours diplomatiques spécifiques. Avec lui, c’était souvent une main de fer dans un gant de velours. J’aimais particulièrement cette façon de dire les choses. Ma subjectivité à son égard, c’est donc aussi un corollaire de ce que je considérais comme un mode d’expression maîtrisé dans tous les cas, y compris lorsqu’il donnait l’impression d’être dans une dialectique à géométrie variable. Dans ce type de circonstances, l’effet recherché dépend rigoureusement de la forme du message et du tempérament de celui qui l’exprime.
Lamine Bey Chikhi
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