Ce que je pense de Bouteflika -11-
Posté par imsat le 15 janvier 2014
Avril 1999. Abdelaziz Bouteflika est élu président de la République. Il devient ainsi le 7ème chef de L’Etat depuis l’indépendance du pays. On a beaucoup épilogué sur le chiffre 7. On l’avait fait abondamment pendant la campagne éléctorale parce qu’il y avait 7 candidats à la magistrature suprême. Bouteflika avait d’ailleurs déclaré : « Nous sommes 7 cavaliers. Que le meilleur l’emporte ! » On avait également dit que le 7ème Président serait le bon, que le chiffre 7, mythique et magique, lui porterait chance, que l’élu mettrait fin à la tragédie nationale, instaurerait la paix, réconcilierait les algériens entre eux et avec leur Etat, redresserait le pays sur tous les plans, redorerait l’image de l’Algérie. Moi aussi, j’aimais bien ce chiffre 7. Ce jour-là, je l’ai même un peu sacralisé.
L’homme providentiel. Je croyais en Bouteflika. Tout lui était favorable. Ce jour là était un jour exceptionnel. Pour moi, c’était très particulier car je retrouvais celui dont le style et l’expression du discours me subjuguaient dans les années 70. J’avais souhaité l’aider durant la campagne. Je ne voulais pas me contenter d’attendre le jour du vote et d’aller simplement glisser mon bulletin dans l’urne. J’ai alors remis à un ancien camarade de fac qui connaissait son directeur de camgagne, un document que j’avais rédigé sur le système bancaire, particulièrement sur la gestion de la dette extérieure, domaine dans lequel j’avais développé une relative expertise. Cette modeste contribution, c’était assurément une goutte d’eau dans l’océan, mais je tenais à la lui apporter même si je savais qu’elle avait peu de chance de lui parvenir directement. Et puis, l’important, c’était son élection. Il allait sortir le pays de la crise. Il était l’homme providentiel. J’étais heureux pour lui, pour le pays. Heureux tout court. Je crois que j’étais dans une sorte d’extase face à ce retour éblouissant de Bouteflika après une absence de 20 ans. Sauf erreur ou omission de ma part, je crois que sous d’autres cieux, des hommes d’Etat sont revenus au pouvoir après des éclipses de 7 ans voire 10 ans mais pas après 20 ans ! Ce retour de Bouteflika était écrit dans le ciel; c’est son destin; je le voyais ainsi. Il ne pouvait pas y échapper. Ce retour après une longue traversée du désert, c’est d’abord le mektoub. Le mektoub, on y croit automatiquement, intégralement et sans réserve ou on n’y croit pas. Il n’y a pas de demi-mesure dans le mektoub. Quand on y adhère, on prend certes en compte les autres explications mais on les marginalise ou plutôt on les ramène à leur juste place, c’est-à-dire à une place qui relève d’un autre ordre, d’une autre dimension et cette autre dimension est complètement transcendée par le mektoub.
Lamine Bey Chikhi
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