Ce que je pense de Bouteflika -12-
Posté par imsat le 16 janvier 2014
Peu de temps après son élection, Bouteflika accorda une série d’entretiens à diverses chaines de télévision internationales, européennes et arabes. Je n’en ai raté aucun. l’Algérie était encore malmenée, critiquée, dénigrée, diabolisée sur la scène médiatique mondiale. La descente aux enfers de notre pays était quotidiennement mise en exergue, instrumentalisée, déformée, par nombre de médias étrangers. La manipulation, les commentaires tendancieux, la désinformation à propos de ce qui se passait en Algérie, avaient atteint des niveaux paroxystiques sans précédent. Il fallait impérativement réagir et commencer à remettre les pendules à l’heure. La tâche était titanesque.
Réinvestir la scène médiatique internationale. Il fallait donc agir d’abord sur le terrain de la communication. Avant le retour de Bouteflika, le pouvoir était occupé à néantiser le terrorisme, à juste raison au demeurant. L’Algérie ne réagissait que sporadiquement et sans réelle stratégie aux attaques récurrentes des médias étrangers. La communication officielle était réduite au strict minimum. Dès son installation au palais d’El Mouradia (siège de la présidence de la République), Bouteflika engagea l’offensive médiatique. Ses sorties sur ce terrain étaient toutes couronnées de succès. Il n’avait rien perdu de sa verve, de sa fulgurance des années 60-70. Il n’esquivait aucune des questions qu’on lui posait. Ses réponses étaient percutantes, directes, imagées, implacables. Il ne se contentait pas d’expliquer la tragédie algérienne, il énonçait aussi à sa manière les grandes lignes de son projet politique. Sa capacité de discernement, son expérience et son sens politiques lui permettaient de retourner à son profit les questions piège de certains journalistes qui continuaient de développer des approches réductrices à l’égard de notre pays. Et quand ils n’étaient pas dans les questions superficielles ou dans leur voyeurisme habituel, les mêmes journalistes croyaient pouvoir formuler des reproches sans se faire corriger. Je me souviens notamment de Patricia Allémonière de TF1 qui avait demandé de façon quelque peu agressive à Bouteflika pourquoi il tardait à former son gouvernement. La réponse du Président fut sèche et sans appel. La journaliste n’avait peut-être pas compris que l’urgence à ce moment-là, ce n’était pas la formation du gouvernement. Celui de Smail Hamdani, désigné sous Liamine Zéroual, assurait la transition, expédiait les affaires courantes. Et en effet, l’essentiel était ailleurs. Pour moi, cet « ailleurs » était lié à ce que j’escomptais du génie de l’homme « Cette qualité d’une particularité secrète, indéfinissable qui permet de partir d’un point et de s’élancer vers le but, de tirer un principe fécond des ténèbres, de jeter sur la nature des coups d’oeil généraux et de percer ses abîmes » (Diderot). J’étais convaincu que Bouteflika savait où il allait, que son projet de réconciliation nationale, fruit d’une longue réflexion et d’un jugement politique aiguisé et sûr, était fin prêt et qu’il s’y consacrerait corps et âme. Et dans ses déclarations aux médias étrangers, il en parlait abondamment tout en ne ratant aucune occasion de frapper les esprits pour signifier en quelque sorte que l’Algérie était désormais de retour sur la scène internationale, en dépit de tout.
Lamine Bey Chikhi
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