Ce que je pense de Bouteflika -16-
Posté par imsat le 21 janvier 2014
Ainsi que je l’ai indiqué, la réconciliation nationale, c’est un processus total, vertical, horizontal, transversal, un rassemblement, l’unité retrouvée. Bouteflika l’avait ainsi conçue. Et dans cette démarche, l’ouverture politique a été spectaculaire. Le Président a réussi à faire asseoir côte à côte dans son 1er gouvernement (décembre 1999) les démocrates républicains du RCD de Said Sadi, les islamistes dits modérés du MSP, les conservateurs et les nationalistes du FLN-RND. Une telle coalition était inimaginable quelques mois plus tôt. Que des islamistes aient accepté de siéger au plus haut niveau de l’Etat avec des nationalistes, cela n’était pas de nature à étonner. Mais réussir à convaincre Said Sadi, qui a toujours été à l’avant-garde de la lutte contre l’intégrisme islamiste, de rejoindre le gouvernement, relevait de la prouesse politique. Seul Bouteflika était capable de concocter et de réaliser cette « union sacrée » autour de son projet de réconciliation nationale. Même si, en politique,, il n’y a pas d’amitié mais des intérêts, des alliances, personnellement je voulais bien croire à l’existence entre Bouteflika et Sadi d’atomes crochus, d’une forme d’expression, d’un langage commun. Au fond, peut-être était-ce aussi le cas entre Bouteflika et les responsables islamistes modérés.
Un vrai coup de maître. Aujourd’hui, on peut dire n’importe quoi de cette stratégie, de son évolution, de son sort. Mais l’histoire retiendra que ce que beaucoup pensaient utopique, chimérique, eh bien Bouteflika l’a rendu possible. Et il l’a fait en prouvant non seulement que des forces politiques a priori irréconciliables pouvaient se retrouver, dialoguer, travailler, gouverner ensemble pour le pays. Je n’ai jamais cédé à la tentation de faire l’impasse sur l’essentiel pour aller directement aux limites d’une expérience politique. En politique, comme pour tout le reste, j’aime les arrêts sur image; ils permettent de respirer, d’apprécier, de mieux comprendre et de décrypter ce que l’on observe. Quoi qu’il en soit, le coup de maître de Bouteflika est inscrit dans l’histoire. Parvenir à fédérer des courants politiques antagonistes non pas pour la rhétorique ou pour des débats idéologiques, mais pour agir sur le terrain, au sein du gouvernement, dans un contexte encore incertain, instable et chaotique, ce n’est ni banal ni élémentaire.
Lamine Bey Chikhi
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