Ce que je pense de Bouteflika -21-

Posté par imsat le 27 janvier 2014

Novembre 2001. Pluies diluviennes. Bab El Oued est inondé. Bilan terrible : plus de 700 morts. Le JT de 20h est consacré exclusivement à ce drame. Bouteflika se déplace sur les lieux peu après la catastrophe. Le temps est lugubre. Il continue de pleuvoir. Le Président est interpellé par 2 femmes en larmes. Elles lui racontent leur malheur. Elles disent avoir perdu leur demeure. Il les regarde les yeux dans les yeux, les écoute. Je regardais la télé avec ma mère qui commentait à sa façon cette catastrophe sans précédent dans la capitale algérienne.

Parler vrai. Je regardais mais je ne disais rien. Habituellement, j’échangeais quelques propos brefs avec ma mère sur les informations du jour. Ce soir-là, ce n’était pas le cas. Les images de la tragédie parlaient d’elles mêmes. Mais en suivant ce tête-à-tête entre Bouteflika et les 2 femmes qui pleuraient tout en le suppliant de prendre en charge leurs doléances, j’avais comme l’impression que ce qui était important et qui devait retenir mon attention à ce moment là, au moins pour un court instant, c’était la posture du Président. Je l’observais et j’essayais d’anticiper sa réaction face à l’immense douleur des 2 femmes. Allait-il réagir et, si oui, de quelle façon ? Je me demandais s’il allait céder à la compassion et se contenter de lancer quelques mots de réconfort, promettre un relogement dans les meilleurs délais, un dédommagement. Quelque chose me disait qu’il ne ferait pas une réponse convenue, que son franc-parler continuerait de le démarquer de tous ses prédécesseurs. Et au fond, je ne souhaitais pas vraiment une attitude uniquement pragmatique  et apaisante de sa part. Les 2 femmes pleuraient tout en s’accrochant à ses mains. Bouteflika finit par lâcher quelques mots: « C’est la volonté de dieu, nous n’y pouvons rien, nous sommes musulmans, nous nous en remettons à dieu ». Les 2 femmes se calment. « Je partage votre douleur, ajoute t-il, l’Etat ne vous abandonnera pas. Mais puisque nous sommes face à la caméra, dites aux algériens qui nous regardent que les constructions concernées étaient illicites, anarchiques et édifiées sur des sites inappropriés. Dites-le pour que les gens entendent et comprennent ». Les 2 femmes acquiescent de la tête. L’une d’entre elles a même dit « Oui, monsieur le Président, c’est vrai… ». Ma mère ‘était mécontente de cette séquence. « Il aurait dû se limiter à rassurer, consoler, réconforter ». m’a t-elle dit. Je lui ai répondu qu’elle avait peut-être raison mais que Bouteflika était aussi dans la vérité à propos des constructions illégales. Qu’y a t-il en effet de critiquable dans le fait d’évoquer la volonté de dieu, le mektoub et de rappeler en même temps que l’être humain est aussi responsable de ses actes ?

Lamine Bey Chikhi

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