Ce que je pense de Bouteflika -25-
Posté par imsat le 1 février 2014
Il me semble bien avoir déjà écrit sur ce blog quelques lignes sur son « humeur vagabonde ». Je crois que c’était il y a deux ans ou peut-être avant. Mon propos n’était pas négatif. Je voulais juste faire remarquer que le Président était toujours souriant, communicatif, jovial lorsqu’il voyageait à l’étranger. J’aimais bien scruter sa physionomie quand il était en mouvement ici ou hors du pays. Tout en lui (sa posture, sa gestuelle, son regard…) changeait radicalement en fonction du cadre spatial dans lequel il se trouvait.
L’indicible mélancolie. En Algérie, il se montrait généralement sur ses gardes, réservé, d’une humeur difficile. Quelquefois, je le trouvais même mélancolique, profondément mélancolique. Cela n’a rien à voir avec la fatigue physique ni même avec « l’usure du pouvoir ». S’il y a un élément de réponse, il faut aller le chercher là où il peut se nicher, il faut le déceler, le capter, le disséquer pour ne pas le confondre avec des expressions concurrentes. Je pense que dans certains de mes commentaires, il y a une ébauche d’explication. Je comprenais parfaitement ses apparences contrastées. Il était très expressif et il ne le cachait pas. Je restais indulgent et flexible dans mes appréciations non pas parce que j’étais obstinément subjectif à son égard mais parce que j’imaginais très bien l’ampleur et l’extraordinaire complexité de son travail de Président au double niveau national et international. Il n’y avait pas que cela. Lorsqu’il était mécontent, il le faisait savoir, ce qui lui arrivait assez fréquemment en Algérie. A l’étranger, c’était différent. Il devait probablement s’adapter à ses interlocuteurs, à leur culture. Le contexte n’est pas le même. Les préoccupations et les exigences protocolaires non plus. Précisons quand même les choses. Lorsqu’il recevait ses hôtes étrangers au Palais d’El Mouradia, il était extrêmement avenant, sympathique. En définitive sa constance est bien-là, dans cette mise au diapason automatique, systématique qu’il s’est toujours imposée compte tenu de l’endroit où il se trouvait et de ses interlocuteurs nationaux ou étrangers du moment. Il est le seul Chef d’Etat, après Houari Boumediene, dont le caractère et la psychologie continuent de susciter un intérêt intellectuel particulier de ma part. Je suis convaincu que c’est aussi sous ce prisme et pas seulement sous l’angle politique, que l’on peut comprendre son rapport à l’Algérie et au peuple algérien. Pour moi, c’est également cette dimension, qui relève de la subjectivité, qui explique en grande partie mon attachement au personnage. Je ne crois pas que la longévité politique entre en jeu de la même façon et au même niveau que l’approche psychologique dans ce que l’on peut trouver de captivant chez un homme d’Etat. Il y a certainement des vases communicants entre les deux, et lorsque tout ça est bien huilé, bien synchronisé comme chez Bouteflika, eh bien le résultat ne laisse pas du tout indifférent.
Lamine Bey Chikhi
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