Ce que je pense de Bouteflika -26-

Posté par imsat le 2 février 2014

Sa solitude. Je crois la percevoir quand il rentre de certains voyages à l’étranger, à l’aube ou à la tombée de la nuit. On regarde ça à la télé en différé. L’image est furtive. Une poignée de secondes. Le Président passe très vite devant un détachement de la Garde républicaine qui lui rend les honneurs et se dirige vers le salon de l’aéroport Houari Boumediene. Je me dis toujours : « C’est bien. Il est rentré au pays et c’est ce qui compte ». C’est d’ailleurs ce qu’on veut montrer officiellement et c’est normal. Mais pour moi, cet aspect protocolaire est marginal. Je ne m’en contente pas. Et ce à quoi je songe n’a rien de politique. J’aime bien le rappeler. Comme pour certaines situations relatées précédemment, ce qui m’intéresse dans l’image du retour de voyage, ce sont les impressions qu’elle déclenche en moi. Cette image, je suis tenté de la comparer à celle d’un coureur de fond dont on évoque souvent la solitude. Mais celle de Bouteflika est plus que cela. Dans mon esprit, la solitude du Président est indissociable de sa descente d’avion, de sa façon de marcher et de ne rien regarder en particulier. Déconnectée du moment où cela a lieu (aux aurores ou à la tombée de la nuit), la « scène » ne présenterait pour moi aucun intérêt. Cette solitude, je l’ai aussi souvent associée à la fréquence des voyages et au caractère que je savais inextricable de nombre de problèmes africains que Le Président s’efforçait de régler comme membre extrêmement actif et leader du Nepad et de l’Union africaine. « Pendant que nous nous complaisons dans notre train-train habituel, dans nos pantoufles ou dans des préoccupations élémentaires et très terre-à-terre, le Président, lui, s’échine à trouver des solutions aux problèmes du continent africain, outre naturellement ceux, épineux et multidimensionnels, de l’Algérie ». Voilà ce que je pense à chacun de ses retours au pays. Ma mère me demandait:  « A quoi ça rime tout ça ? ». Elle n’avait pas tort de se poser la question. Son souci était d’ordre médical »‘ (elle disait qu’il se fatiguait inutilement) tandis que ma préoccupation était plus globale, philosophique. Mon raisonnement n’est pas réductible au statut institutionnel ou politique du Président. Je ne peux pas me limiter à dire: « C’est ça un Président et c’est son rôle de sillonner le monde pour telle ou telle raison ». D’ailleurs, mes observations le concernent intuitu personae; elles ne s’appliquent pas à ses prédécesseurs.

L’enfer, c’est les autres (?) La solitude évoquée résulte peut-être d’une espèce de décalage entre, d’une part, ses idées, ses aspirations profondes et, d’autre part, leur perception non plus seulement dans la société mais aussi à un  niveau superstructurel et dans des cercles plus proches. Quand ma mère se demandait à quoi cela pouvait servir, elle faisait probablement allusion à ce déphasage entre les différents niveaux de perception et de compréhension de la pensée du Président. J’ai l’impression pour ma part  que la solitude dont il s’agit, s’installe quand la jonction peine à se faire ou ne se fait pas du tout entre les idées exprimées et ceux à qui elles sont destinées. Je ne crois pas trahir la pensée de ma mère en disant que dans son constat, elle visait beaucoup plus les « autres » que le Président.

Lamine Bey Chikhi

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