Ce que je pense de Bouteflika -31-

Posté par imsat le 8 février 2014

Il recevait systématiquement les hommes politiques étrangers (ministres, envoyés spéciaux…) en visite en Algérie. Tout le monde le savait. La télévision nationale a toujours montré, souvent abondamment au demeurant, les audiences du Président. Personnellement, j’étais un peu réservé par rapport à ce contact quasi automatique qu’il établissait avec ses hôtes étrangers, du moins avec certains d’entre-eux. Je pouvais aisément imaginer et comprendre les raisons qu’il avait de cultiver cette proximité avec les personnalités étrangères. Je n’ai d’ailleurs jamais réduit ces raisons à quelque vieux réflexe lié à sa longue  et brillante carrière comme ministre des Affaires étrangères. Dire qu’il aimait le contact avec tout ce qui pouvait lui rappeler l’international ne suffit pas à expliquer cette propension à recevoir non pas seulement ses pairs ou même certains ministres de premier plan, ce qui était logique, mais aussi des personnalités statutairement nettement inférieures à lui. Je crois qu’il le faisait pour leur parler de l’Algérie, de ses efforts visant à redorer le blason de notre pays. Je crois qu’il leur racontait l’Algérie à sa façon et qu’il faisait en sorte que ses interlocuteurs repartent avec des images plein la tête. Je pense aussi qu’il en profitait pour se raconter, évoquer son parcours exceptionnel, les impressionner en citant les nombreux hommes d’Etat d’une autre époque, ceux qu’il a bien connus mais que ses hôtes n’ont jamais côtoyés. Il me semble qu’il y avait tout cela dans ses propos: l’Algérie, lui, sa vision du monde, ses ambitions pour notre pays. Et puis, il aimait se rendre très vite compte de l’impact de ses pensées sur ceux qu’il recevait. Il raccompagnait systématiquement ses interlocuteurs tout en les invitant à répondre à 2 ou 3 questions des journalistes qui les attendaient à l’entrée du palais d’El Mouradia. Il les écoutait attentivement, toujours ravi et souriant. Moi, je me demandais si, d’autres  présidents, sous d’autres cieux, procédaient de la même façon. Je savais que nos ministres n’étaient reçus que par leurs homologues et que seul notre ministre des Affaires étrangères pouvait se voir accorder une audience à un niveau supérieur (Présidence, Vice-présidence ou Premier ministère). Il n’y a pas de réciprocité et les règles protocolaires diffèrent d’un pays à l’autre. J’ai fini par considérer cet aspect comme un élément secondaire par rapport à ce que Bouteflika recherchait fondamentalement en accordant des audiences tous azimuts.

Parler de l’Algérie autrement. Il y avait beaucoup de choses à rattraper, des retards à combler notamment en matière de communication. Il fallait transformer l’image de l’Algérie, rétablir un certain nombre de vérités. Il fallait parler de l’Algérie et faire parler d’elle, positivement. Il fallait le faire sans discontinuer et dans l’inventivité. Et il  savait s’y prendre. Parmi les officiels qu’il recevait il n’y avait pas que des ministres ou des secrétaires d’Etat; il y avait aussi des chefs de parti, des responsables d’organisations et d’institutions internationales, des officiers, des hiérarques du Pentagone. Il lui arrivait de recevoir également des artistes de renom (Hanin, Arcady…). Jean Claude Brialy raconte avoir été reçu un peu plus de 4 heures durant par notre Président. Comme les autres, il a dit que Bouteflika lui avait beaucoup parlé de l’Algérie, de son histoire, de ses aspirations. Et comme les autres, il a déclaré que rien de cela ne l’avait laissé indifférent.

Lamine Bey Chikhi

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