Ce que je pense de Bouteflika -34-
Posté par imsat le 11 février 2014
« Je n’ai pas la bague de Soliman ! Je n’ai pas la bague de Soliman ! ». Bouteflika a quelquefois eu recours à cette formule pour expliquer qu’il ne pouvait pas régler les nombreux problèmes de l’Algérie en un temps record, que leur résolution allait devoir nécessiter labeur, patience et abnégation, que les stigmates de la décennie noire ne s’effaceraient pas facilement. Il disait aussi qu’il comprenait parfaitement les souffrances des algériens et leur impatience mais il les invitait en même temps à relativiser les choses, à ne pas oublier les années du terrorisme et à apprécier chaque amélioration enregistrée à sa juste valeur. Il ne parlait pas que de la sécurité sur le point d’être retrouvée sur l’ensemble du territoire national même s’il aimait bien rappeler que, durant les années de terreur, les algériens ne pouvaient pas se permettre de traîner dehors au-delà de 18h. Il n’était pas que dans la rhétorique. Il évoquait avec insistance quelques sujets économiques pour bien montrer que la notion de sécurité était globale, qu’elle ne se réduisait pas à une dimension strictement militaire. Il parlait beaucoup de la problématique de l’eau.
L’eau, source de vie. Dans ce domaine, les besoins de la population sont globalement satisfaits y compris dans les régions du Sud. Il en avait fait une de ses priorités sur le plan économique. Le défi a été relevé. Plus généralement, sur les thèmes lourds et stratégiquement déterminants, il a alterné à un rythme soutenu et constant le discours et l’action, les engagements et les réalisations, la critique sociale souvent judicieuse et les satisfecit à l’adresse des institutions et des populations. La question de l’eau passée au crible par Bouteflika m’a toujours intéressé. Elle est cruciale. En Algérie, le droit à l’eau, ce n’est ni un slogan ni une utopie, c’est une réalité concrète !. Il aimait en parler; je ne le trouvais pas redondant. Je cite le droit à l’eau parce que « C’est un élément essentiel de la dignité humaine (L. Fauchon, Président du Conseil mondial de l’eau). On tend à l’oublier et c’est pourquoi, il est toujours utile de rappeler certains chiffres. « 1 milliard d’habitants de la planète n’ont pas accès à l’eau et 2,6 milliards vivent sans système d’évacuation des eaux usés. 25000 être humains meurent chaque jour faute d’eau. L’absence d’eau tue dix fois plus que les guerres » (Un monde de ressources rares, Le Cercle des économistes et Erik Orsenna éditions Perrin 2007). C’est donc aussi à l’aune des modalités de prise en charge de cette problématique que l’on devrait apprécier une gouvernance. Bouteflika a mis le paquet en termes d’investissements (Le pays dispose de 95 barrages et de plusieurs usines de dessalement de l’eau de mer). Le projet de réconciliation nationale ne pouvait avoir de sens et dépasser sa portée politique et symbolique que s’il reposait sur un socle logistique, infrastructurel et économique adéquat. Les investissements colossaux mobilisés pour généraliser et (on l’oublie trop souvent) continuer de subventionner l’accès à l’eau s’inscrivaient dans cette optique. C’est formidable de savoir que les tous les algériens ont accès à l’eau. J’ai apprécié le volontarisme déployé par l’Etat dans ce cadre et je continue d’en penser le plus grand bien. C’est pourquoi, j’ai envie de citer Sénèque: « L’ingratitude est une honte; la reconnaissance est facultative ».
Lamine Bey Chikhi
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