Ce que je pense de Bouteflika -35-

Posté par imsat le 12 février 2014

Je me suis intéressé à son rapport au peuple. Je ne pouvais d’ailleurs pas passer outre cet aspect dont chacun sait qu’il aide à comprendre bien des situations. Si je tiens compte de ce que j’ai entendu ici et là sur ce point, je dirai que ce n’est pas du tout simple. En revanche, si je prends en considération l’accueil généralement extrêmement  chaleureux que lui ont toujours réservé les foules dans ses déplacements  à l’intérieur du pays, je dirai évidemment qu’il est très populaire. Prendre du recul par rapport à ce double angle de vue permet d’aller vers une certaine objectivité dans l’appréciation. Des journaux algériens ont quelquefois utilisé des qualificatifs excessifs pour définir son rapport aux masses populaires.

L’exception et la règle. Je crois que là aussi, on dit parfois n’importe quoi, on confond les choses, on est dans des analogies inappropriées avec ce qui se pratique sous d’autres cieux. Et puis, on tend à prendre  l’exception pour la règle, on est même tenté de l’instrumentaliser pour « les besoins de la cause ». Au mois d’Août 2008, il adresse ses condoléances au roi Juan Carlos d’Espagne suite à la catastrophe aérienne de Madrid (150 morts) alors qu’il ne dit rien des attentats des Issers (48 morts) et Bouira (12 morts) commis à la même période. Les journaux lui ont reproché son silence; certains ont même parlé de mépris. Je me suis moi-même interrogé sur cette posture incompréhensible. Il a eu l’occasion de se « rattraper » en d’autres circonstances non pas forcément en exprimant sa compassion mais en agissant matériellement par les dédommagements prévus par la loi. Je ne dis pas cela pour atténuer la sévérité d’un jugement ponctuellement indiscutable; j’essaie simplement de montrer qu’il y a le particulier et le général, et que si certains exemples concrets peuvent illustrer et valider une « sentence »,  ils ne sont pas pour autant extrapolables ipso facto à d’autres situations. J’aimerai rappeler que Bouteflika n’a jamais accordé d’entretien aux journaux algériens, à l’exception du Jeune indépendant. Pourquoi ? Lorsqu’on le lui a reproché, il a répondu que tout ce que les médias étrangers  disaient de négatif, d’outrancier et de délibérément tendancieux au sujet de l’Algérie provenait des commentaires mystificateurs de certains organes de presse nationaux. Je crois qu’il faut inscrire cette attitude dans une démarche plus globale du rapport au peuple. Je pense que sa franchise explique en partie sa relation controversée aux autres. Il ne manquait pas de mettre en évidence les travers de la société, de l’individu. Il était dans une certaine vérité; quand on est dans la vérité, cela peut déplaire. J’ai été d’accord avec nombre de ses coups de gueule. C’est aussi cela qui le démarque nettement et qualitativement de ses prédécesseurs. Ses colères, je les comprenais comme des appels à une prise de conscience, à un mea culpa individuel et collectif parfois indispensable pour faire bouger les lignes.

Lamine Bey Chikhi

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