Ce que je pense de Bouteflika -37-

Posté par imsat le 17 février 2014

Il m’arrivait d’être extrêmement réservé sur pas mal d’aspects formels de sa gouvernance. Je dis bien « aspects formels ». Je ne vise donc pas le contenu ou le rythme de sa politique. Nombre de ces points renvoient à l’inamovibilité de certains ministres en dépit de leurs insuffisances manifestes et de leur piètre gestion. Je ne comprenais pas que les personnes en question aient pu battre des records de longévité à leur poste alors même que leur bilan était quasi unanimement décrié. Je m’efforçais toujours de trouver quelque justificatif valable à cette espèce de statu quo en recourant à toutes sortes de considérations relatives aux enjeux de pouvoir, aux équilibres qu’ils imposent, aux rapports de force. Mais je ne parvenais à aucune explication vraiment cohérente, sérieuse et convaincante. Théoriquement, je pouvais comprendre la situation; je veux dire que lorsque je faisais abstraction de ce que je pensais personnellement de Bouteflika, j’étais en mesure de valider le raisonnement fondé sur des éléments strictement politiques. Cependant, sorti de cette grille de lecture, j’étais carrément sidéré par le décalage qu’il y avait entre mon admiration sans limite pour lui et ce que je relevais chez des membres de ses gouvernements successifs.

Un décalage considérable L’anachronisme était parfois total et j’étais irrité par tout ce qui venait plomber l’ambiance et le style qu’il me paraissait vouloir instaurer dans la conduite des affaires de l’Etat. Cette dévaluation provenait des autres, de ce qui affectait leur façon de parler, de communiquer; ça venait aussi de leur usure, de leur incapacité à renouveler leur discours. Ces gens-là n’étaient pas que dans l’exécutif; on les trouvait partout, à l’Assemblée nationale, au Sénat et dans bien d’autres institutions. Ils n’étaient pas en harmonie avec la posture, les aspirations du Président. « Le choix en politique n’est pas entre le bien et le mal mais entre le préférable et le détestable » (Raymond Aron). J’aime cette formule percutante et réaliste. Pourtant, même en l’analysant avec le recul, je ne parviens pas à relativiser certains de mes jugements de l’époque à propos de tous ceux, et ils étaient légion, dont la tête ne me revenait pas. Je ne saurais dire les choses autrement. Pourrais-je être plus précis ? Oui si je disais que les personnes concernées ne cadraient pas du tout avec tout ce qui dans mon esprit était censé représenter le Président en termes d’inspiration, de démarche, de look (le mot look est pris ici lato sensu). Entre lui (Bouteflika) et les autres, je voyais des dissonances, un fossé qui ne cessait de s’élargir. Il tentait régulièrement d’y remédier à travers des remaniements, des permutations voire  des limogeages, des rappels à l’ordre mais le « mal » était persistant, endémique. La mise à niveau ne se faisait pas. Fort heureusement, il y avait des exceptions. Je pense à Abdelatif Benachenhou. J’étais ravi de sa nomination à la tête des Finances en 1999. Il sortait du lot, il avait quelque chose que les autres n’avaient pas (cf la page Coulisses et stratégies de mon blog). J’avais aussi applaudi à la désignation de Mohand Issad et Ahmed Mahiou respectivement comme Président et Vice-Président de la Commission nationale de réforme de la justice. Ces deux éminents universitaires sont les premiers agrégés de droit de l’Algérie indépendante. J’ai eu Mahiou en conférence de méthode de droit administratif en 1972 et Issad comme professeur de droit international privé en 1974. En choisissant ces hommes et quelques autres de la même trempe dans divers secteurs d’activité, Bouteflika inaugura son premier quinquennat sous le signe de la compétence fondée sur les savoirs universitaires avérés. Cette dynamique s’est ensuite quelque peu étiolée pour toutes sortes de raisons dont beaucoup étaient indépendantes de sa volonté. Raisons objectives ou subjectives ? Il y avait des deux. La question de l’image est à la fois subjective et objective. Est-elle dissociable du discours appréhendé formellement et matériellement ? Je ne le pense pas. Eh bien, en général, ceux qui ne cadrent pas avec l’approche Bouteflikienne ont un problème d’image. Et l’image, c’est un tout !

Lamine Bey Chikhi

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