Ce que je pense de Bouteflika -39-
Posté par imsat le 22 février 2014
Lors d’un meeting électoral tenu à Tipasa en 2009, il est interpellé par un citoyen qui lui fait part des brimades dont sont victimes des touristes algériens de la part de douaniers tunisiens plus ou moins zélés. Il demande au Président que des dispositions rigoureuses soient prises par les autorités algériennes pour mettre un terme à de tels agissements. Le problème soulevé était d’actualité. Bon an mal an, entre 1 million et 1,5 millions d’algériens visitent la Tunisie. C’est une manne financière plus qu’appréciable pour notre voisin tunisien. Bien qu’en nette régression, les pratiques vexatoires à l’encontre des touristes algériens étaient plus ou moins régulièrement évoquées. Alors que le citoyen finissait son intervention, la ponctuant de quelques propos lénifiants sur le Président et sa politique générale, j’essayais d’anticiper la réponse de Bouteflika.
A contre-courant. J’espérais surtout qu’il reste égal à lui-même, qu’il ne soit pas démagogue (ce qu’il n’a jamais été à mes yeux), qu’il aille comme à son habitude totalement à contre-courant de ce que l’assistance attendait vraisemblablement de lui, qu’il exprime le fond de sa pensée quitte à « décevoir » le plus grand nombre. Et de nouveau, sa réplique fut tout à fait conforme à celle que j’avais esquissée mentalement quelques minutes auparavant. « Cher monsieur, lui dit-il, je vous ai écouté attentivement, comme, je le suppose, cette honorable assistance. Je vous remercie de vouloir relancer le débat autour d’une question bien connue. Je comprends votre préoccupation. Elle est légitime. Vous savez que les autorités ne sont jamais restées passives face à de telles situations. Nous essayons toujours d’améliorer les choses avec nos frères tunisiens. Mais il faut souligner que les pratiques évoquées deviennent de plus en plus rares. Cela dit, permettez-moi de vous poser à mon tour une question: « Vous êtes un homme libre. Etes-vous dès lors tenus de passer vos vacances en Tunisie ? Je suis sûr que vous avez le choix. Je pense, dans ce sillage, que la première réaction qui s’impose vous concerne, vous incombe, vous implique personnellement et directement… ». C’était ce que j’attendais du Président. Sa réponse s’inscrivait en droite ligne de ce que j’ai toujours pensé de la notion de responsabilité, du partage des responsabilités, de l’autonomie individuelle. On ne peut pas, on ne doit pas tout imputer à l’Etat ni s’en remettre à lui pour tout et n’importe quoi. Il y a quelque chose de malsain à vouloir se défausser sur la puissance publique pour des questions qui relèvent d’abord ou aussi de l’individu. La réponse du Président est de portée générale. Elle vaut donc aussi pour les griefs que l’on pourrait formuler sur les effets induits par la gestion des flux migratoires. Même observation pour la confusion entretenue dans et par la société notamment sur le plan sémantique entre départ volontaire, réfléchi, organisé et exil ou ghorba. Est-ce une spécificité algérienne ? Quoi qu’il en soit, il n’a jamais raté l’occasion de mettre à nu ce type de contradictions. En ce sens, son raisonnement est cohérent, logique, honnête, vrai. Il est dans la vérité, et c’est cela qui, chez lui, vaut son pesant d’or.
Lamine Bey Chikhi
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