Ce que je pense de Bouteflika -40-
Posté par imsat le 23 février 2014
Mon admiration pour lui est-elle exagérée, irréaliste, infondée, curieuse, anormale ? Je me le suis demandé non pas parce qu’on me l’a fait remarquer mais par exigence intellectuelle. Je me suis demandé si l’intérêt que je lui ai toujours porté en non stop s’expliquait d’abord par le fait que je n’ai jamais rien éprouvé de comparable pour d’autres personnalités politiques d’hier et d’aujourd’hui à l’exception notable de Boumediene. Je n’ai pas non plus manqué de m’interroger sur le risque de confusion que je pouvais entretenir inconsciemment ou involontairement entre ce que je ressens sincèrement pour l’Algérie et ce que je pense du Président. Il y aurait ainsi comme un lien indissociable, intime entre le devenir de l’Algérie et la présence quasi continue de Bouteflika au poste de commande. Je me suis demandé s’il y avait une réelle différence entre la posture de ceux qui cultivent le culte de la personnalité et mon attitude que certains pourraient considérer comme celle d’un laudateur sans limite, bizarre, sujet à caution.
Les autres ne m’inspirent pas. J’ai songé justement au culte de la personnalité. Je n’ai jamais aimé cette façon d’aimer. J’ai toujours détesté que l’on affiche les portraits du Président sur les façades des immeubles dans les cités dont on inaugure la livraison. Ce n’est tout de même pas le Chef de l’Etat qui donne des instructions en ce sens ! Laisse t-il faire ? Et d’abord, le met-on au courant de ces pratiques extrêmement contrariantes ? Je ne devrais même pas me poser ces questions. Le culte de la personnalité, c’est les autres qui l’entretiennent et qui, ce faisant, croient bien agir. Sont-ils sincères ? Il y en a probablement qui le sont. Il y a aussi beaucoup de gens maladroits qui pensent que c’est comme ça qu’on doit aimer un Président. Il est clair, en tout cas, qu’on n’aime pas le Président de la même façon. Je n’aurais d’ailleurs jamais apprécié de l’aimer comme ils le font. Je n’aimerais pas non plus répondre frontalement à ceux qui ne l’ont jamais porté dans leur coeur, passant le plus clair de leur temps à le critiquer et dans bien des cas à le dénigrer. Je me souviens de la violence de la pré campagne de 2004. Au journal, on m’avait reproché de vanter un peu trop les mérites de Bouteflika. Je ne le faisais pas par calcul ni pour répondre à ses adversaires. J’ai dit au rédacteur en chef : « C’est plus fort que moi; je ne peux pas faire autrement et en plus je crois argumenter sérieusement ce que je dis à son sujet. Et puis, les autres ne m’inspirent pas du tout » . J’avais conclu un de mes articles (28.12.2003) comme suit: « Ne pourrait-on pas dire avec justesse à ces détracteurs d’un homme supérieur, si avides de chercher ses défauts: Quel droit avez-vous de lui reprocher des fautes qui ne l’ont pas empêché de valoir encore mieux que vous ? » (Condorcet). Aujourd’hui, je dirais très exactement la même chose.
Lamine Bey Chikhi
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