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Ce que je pense de Bouteflika -32-

Posté par imsat le 9 février 2014

Vais-je rester louangeur à son égard alors même que j’avais indiqué que je ne le serais pas de façon absolue ? Personne n’est parfait. Tout est relatif. J’aurai à dire ce qui me déplaît en lui. Je ne le ferai pas en cherchant la facilité, en essayant d’atténuer mon avis, en m’appuyant sur le fait que l’exception confirme la règle ou en surfant sur le rapport qualités-défauts. Tout cela est bien clair dans ma tête. Il y a ce qui est contrariant ou controversé et qui émane de lui directement, il y a aussi ce qui déteint sur lui et qui provient des autres (ceux qui activent sur la scène politique), et puis il y a ce qu’induisent certaines projections de son image et qui est totalement indépendant de sa volonté. Je n’évoquerai pas ces aspects dans la linéarité; ils ne sont pas nécessairement intimement liés entre eux même si, imbriqués les uns dans les autres, ils contribuent à une meilleure compréhension du personnage.

Electron libre. Je continuerai à en parler en fonction de l’inspiration du moment. Ce que je sais d’ores et déjà, c’est que, quels que soient les aspects critiquables, les zones d’ombre de l’homme, ma position sur le fond ne changera pas. Je dirai pourquoi. Je tiens aussi à rester sur une ligne autonome. Je suis un électron libre. Chacun peut aimer ou détester notre Président pour des raisons différentes. Les miennes n’ont pas grand-chose avec celles des autres. Je peux même affirmer qu’elles s’en distinguent complètement tant dans la formulation que dans le contenu. Je l’ai voulu ainsi à la fois pour me démarquer des autres, pour adosser mon propos à des images strictement personnelles, à une rétrospective qui me concerne aussi en partie, et, finalement aussi, pour fonder ma subjectivité en faisant en sorte qu’elle soit raisonnable. En dépit de ces spécificités, mon souhait est de pouvoir partager mes évocations avec le plus grand nombre. Je crois que des convergences sont possibles avec les gens de ma génération. Je le dis surtout non pas seulement parce que Bouteflika faisait l’unanimité à telle ou telle étape de son parcours mais parce que des fragments de son itinéraire sont liés à une période où, en Algérie, il y avait une vraie douceur de vivre, une tranquillité. Cette quiétude fait partie de ceux qui en ont joui. Cette sérénité a peut-être fait son temps en tant telle mais elle est dans notre mémoire. Elle est encore présente à travers ce que l’on peut raconter d’un homme qui a réussi une belle jonction entre diverses époques. Cette jonction a été un long mais agréable voyage. J’ai pris du plaisir à le faire avec lui. Peut-être parviendrais-je, à la lumière de tous ces éléments, à faire en sorte que mes réflexions et mes réminiscences incitent ceux qui en prendront connaissance à se dire : « Les souvenirs des autres, quelle résurrection de nous-mêmes! »  (François Mauriac).

Lamine Bey Chikhi

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Ce que je pense de Bouteflika -31-

Posté par imsat le 8 février 2014

Il recevait systématiquement les hommes politiques étrangers (ministres, envoyés spéciaux…) en visite en Algérie. Tout le monde le savait. La télévision nationale a toujours montré, souvent abondamment au demeurant, les audiences du Président. Personnellement, j’étais un peu réservé par rapport à ce contact quasi automatique qu’il établissait avec ses hôtes étrangers, du moins avec certains d’entre-eux. Je pouvais aisément imaginer et comprendre les raisons qu’il avait de cultiver cette proximité avec les personnalités étrangères. Je n’ai d’ailleurs jamais réduit ces raisons à quelque vieux réflexe lié à sa longue  et brillante carrière comme ministre des Affaires étrangères. Dire qu’il aimait le contact avec tout ce qui pouvait lui rappeler l’international ne suffit pas à expliquer cette propension à recevoir non pas seulement ses pairs ou même certains ministres de premier plan, ce qui était logique, mais aussi des personnalités statutairement nettement inférieures à lui. Je crois qu’il le faisait pour leur parler de l’Algérie, de ses efforts visant à redorer le blason de notre pays. Je crois qu’il leur racontait l’Algérie à sa façon et qu’il faisait en sorte que ses interlocuteurs repartent avec des images plein la tête. Je pense aussi qu’il en profitait pour se raconter, évoquer son parcours exceptionnel, les impressionner en citant les nombreux hommes d’Etat d’une autre époque, ceux qu’il a bien connus mais que ses hôtes n’ont jamais côtoyés. Il me semble qu’il y avait tout cela dans ses propos: l’Algérie, lui, sa vision du monde, ses ambitions pour notre pays. Et puis, il aimait se rendre très vite compte de l’impact de ses pensées sur ceux qu’il recevait. Il raccompagnait systématiquement ses interlocuteurs tout en les invitant à répondre à 2 ou 3 questions des journalistes qui les attendaient à l’entrée du palais d’El Mouradia. Il les écoutait attentivement, toujours ravi et souriant. Moi, je me demandais si, d’autres  présidents, sous d’autres cieux, procédaient de la même façon. Je savais que nos ministres n’étaient reçus que par leurs homologues et que seul notre ministre des Affaires étrangères pouvait se voir accorder une audience à un niveau supérieur (Présidence, Vice-présidence ou Premier ministère). Il n’y a pas de réciprocité et les règles protocolaires diffèrent d’un pays à l’autre. J’ai fini par considérer cet aspect comme un élément secondaire par rapport à ce que Bouteflika recherchait fondamentalement en accordant des audiences tous azimuts.

Parler de l’Algérie autrement. Il y avait beaucoup de choses à rattraper, des retards à combler notamment en matière de communication. Il fallait transformer l’image de l’Algérie, rétablir un certain nombre de vérités. Il fallait parler de l’Algérie et faire parler d’elle, positivement. Il fallait le faire sans discontinuer et dans l’inventivité. Et il  savait s’y prendre. Parmi les officiels qu’il recevait il n’y avait pas que des ministres ou des secrétaires d’Etat; il y avait aussi des chefs de parti, des responsables d’organisations et d’institutions internationales, des officiers, des hiérarques du Pentagone. Il lui arrivait de recevoir également des artistes de renom (Hanin, Arcady…). Jean Claude Brialy raconte avoir été reçu un peu plus de 4 heures durant par notre Président. Comme les autres, il a dit que Bouteflika lui avait beaucoup parlé de l’Algérie, de son histoire, de ses aspirations. Et comme les autres, il a déclaré que rien de cela ne l’avait laissé indifférent.

Lamine Bey Chikhi

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Ce que je pense de Bouteflika -30-

Posté par imsat le 6 février 2014

12 décembre 2000. Conférence à Alger pour le règlement du conflit Ethiopie-Erythrée. Je regardais distraitement la télévision qui diffusait en direct les travaux en plénière de cette importante réunion à laquelle participaient les dirigeants des pays concernés mais également ceux des Etats membres de  l’Organisation de l’Unité africaine et des observateurs de l’Union Européenne La Secrétaire d’Etat américaine, Madeleine Albright, était elle aussi présente à la conférence que présidait Bouteflika en sa qualité de Président en exercice de l’OUA. Nous étions en plein mois de ramadhan et à un quart d’heure de la rupture du jeûne. Je me demandais comment les participants musulmans jeûneurs pouvaient tenir le coup alors qu’ils étaient réunis probablement depuis le début de la matinée. Notre Président était égal à lui-même. Je me demandais aussi pourquoi il n’interrompait pas les travaux à la rupture du jeûne puisque cela coïncidait avec l’heure du dîner pour les participants africains et occidentaux non musulmans.

Un succès diplomatique indéniable. Je me disais que je ne pourrais personnellement jamais supporter ce type de réunions ni avoir la patience et l’endurance de tous ces diplomates. Et dire que j’en aurais peut-être fait partie si j’avais réussi au concours (très sélectif) d’accès au poste de secrétaire des affaires étrangères en 1977 puis en 1982. Mes tentatives furent infructueuses  et c’était mieux ainsi. En 1982, mon grand cousin CA qui rentrait d’une capitale asiatique où il venait de passer 4 ans comme consul, m’avait proposé d’intégrer la filière, d’abord comme administrateur, de prendre ainsi le temps de gravir les échelons avant de postuler pour un poste à l’étranger. J’ai préféré décliner la proposition. En réalité, je ne me serais jamais adapté à ce milieu. Au fond, je n’ai jamais aimé le nomadisme, les mutations, les affectations discrétionnaires, les obligations protocolaires,  les réceptions à répétition, leur côté artificiel, certaines formes du discours diplomatique. J’en ai eu la confirmation en observant ce que me donnaient à voir la plupart des participants à la conférence d’Alger du 12 décembre 2000. Et ce que je voyais ce soir là, c’étaient des visages fatigués, parfois des mines défaites, une certaine lassitude, une routine, et, en arrière-plan, tout ou partie des contraintes visées plus haut. Mais j’étais heureux pour notre Président car, peu après la rupture du jeûne, l’accord de paix fut signé entre l’Ethiopie et l’Erythrée. Cet accord est le fruit de son inlassable travail pour rapprocher les protagonistes. C’est un succès diplomatique indéniable, à inscrire à son actif. Madeleine Albright semblait elle aussi ravie autant par la signature de l’accord de paix que (je le supposais en tout cas) par la fin de cette conférence physiquement éprouvante.

Lamine Bey Chikhi

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Ce que je pense de Bouteflika -29-

Posté par imsat le 5 février 2014

Je m’étais promis de ne pas parler de son bilan économique d’abord parce que les réalisations dans ce domaine sont trop nombreuses pour être citées, ensuite parce que ce n’était pas du tout mon objectif en entamant la rédaction de ces textes, enfin parce que je souhaitais m’intéresser beaucoup plus au personnage qu’à ce que l’Algérie a engrangé comme acquis sous sa gouvernance. Je ferais tout de même quelques entorses à ma promesse initiale ne serait-ce que sommairement. Je voulais évoquer une question financière.

Un événement majeur. On a coutume de dire que l’argent est le nerf de la guerre. Eh bien, cela me renvoie à l’une des décisions phare de Bouteflika sur le plan économique: celle du remboursement anticipé de la dette extérieure de notre pays entre 2004 et 2006. C’est une mesure éminemment stratégique qui restera comme un événement majeur dans l’histoire de l’économie algérienne. C’est grâce à ce remboursement que l’Algérie s’est débarrassée du fardeau de la dette et qu’elle a pu retrouver puis consolider son indépendance financière. Pour les déclinistes, c’est-à-dire ceux qui passent leur temps à critiquer le pays et à vouloir mystifier l’opinion publique, la décision de rembourser la dette par anticipation n’avait rien d’extraordinaire dans la mesure où elle n’a été rendue possible que parce que le pays disposait de réserves de change suffisantes. Leur raisonnement est trop simpliste, il occulte le triple caractère stratégique, politique et prospectif de la décision prise par le Président. Il est plus que probable que Abdelatif Benachenhou, alors ministre des finances, ait influencé le Chef de l’Etat dans la prise de décision. Il n’en demeure pas moins que  c’est la décision du politique, sa pertinence et sa portée que l’histoire retiendra. Dire que l’Algérie s’est libérée de ses créanciers et qu’elle a assaini sa situation financière extérieure uniquement parce qu’il y avait de l’argent, c’est faire preuve d’une approche étriquée, réductrice et statique de l’économie. Comme beaucoup de gens, j’ai suivi avec attention les informations relatives à la crise de la dette qui a secoué nombre de pays de la zone euro. Je n’ai pu m’empêcher de songer à ce que l’Algérie avait enduré dans les années 80-90 alors qu’elle croulait sous le poids d’une dette considérable (35 milliards de dollars). Ayant géré activement et à un niveau crucial une partie appréciable de ce stock durant 26 ans, je crois pouvoir affirmer en toute modestie que j’en connais un bout et que je peux en parler en toute connaissance de cause (cf la page Coulisses et stratégies de ce blog). Les 15 ans de stabilité que l’Algérie connait depuis l’année 1999 s’expliquent en partie par le choix opéré par le Président en matière de dette extérieure. De ce point de vue, la rente pétrolière a été utilisée à bon escient. Soutenir le contraire, c’est faire preuve de mauvaise foi et/ou d’incompétence.

Lamine Bey Chikhi

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Ce que je pense de Bouteflika -28-

Posté par imsat le 4 février 2014

Peut-on l’évoquer de façon autonome, en l’isolant du reste ? Quand je dis le « reste », je pense à l’entourage, aux membres du  gouvernement et plus généralement à tous ceux qui occupent une place plus ou moins importante dans les institutions de l’Etat (Assemblée nationale, Sénat, ambassades, wilayas…). C’est en tout cas ce que j’essaie de faire sur ce blog en disant ce que je pense de lui. Au surplus, ma tentative visant à le distinguer des autres, tous les autres, ne m’impose aucun effort intellectuel particulier. Tout coule de source. Et dans mon esprit, il émerge naturellement du lot. Suis-je en train de le déifier, de le mythifier au point d’hypertrophier tout ce qui, en lui, le met très nettement au dessus des autres ? Je ne le crois pas. Je considère simplement que c’est un être d’exception et j’essaie de montrer en quoi et pourquoi il l’est. Je pense que si c’est le cas, c’est aussi parce que les autres ne font pas ou ne peuvent pas faire l’effort de réduire le fossé considérable qui les sépare de lui. En d’autres termes, même si je m’amusais à ne parler que des autres, de leur parcours, éventuellement de ce qu’ils auraient réalisé de mémorable, non seulement je le ferais sans aucun enthousiasme mais j’aboutirais (j’en ai l’intime conviction) au même résultat, c’est-à-dire à la conclusion selon laquelle les concernés ne pourraient absolument pas soutenir la comparaison avec lui. Il y a en eux quelque chose de rédhibitoire, quelque chose qui les empêche de devenir des êtres extraordinaires. Je n’instrumentalise pas le raisonnement a contrario pour retourner au point de départ, autrement dit à Bouteflika. Et cependant, force est de relever qu’il n’a ni concurrent, ni rival ni même alter ego qui puisse me faire changer d’avis et me faire dire : « Finalement, il n’y a pas que lui ».

« Parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Serait-ce superfétatoire de préciser que je suis toujours dans une subjectivité qui transcende la perception politique du personnage ? Ce personnage dont je ne me lasserai pas de dire qu’il est tout à la fois dans le réel, la vraie vie, dans notre imaginaire, dans l’histoire, dans le futur tout en étant un potentiel personnage littéraire. Son omnipotence, c’est tout cela à la fois. Je ne suis donc pas du tout dans une appréciation fondée sur ses pouvoirs institutionnels, constitutionnels, ces pouvoirs qui le placent dans une hiérarchie organique somme toute classique voire banale comme il en existe dans les autres pays. Je suis dans ce qui fait de lui un personnage hors du commun et aux multiples facettes. « Parce que c’était lui, parce que c’était moi ». C’est cette très belle formule de Montaigne expliquant son amitié pour La Boétie, que je reprendrais volontiers à mon compte pour synthétiser les choses.

Lamine Bey Chikhi

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Ce que je pense de Bouteflika -27-

Posté par imsat le 3 février 2014

« l’Algérie est un pays ben étrange. Son problème, c’est que le algériens ne s’aiment pas entre eux. Et puis, je ne comprends pas pourquoi les jeunes ne veulent travailler ni dans l’agriculture ni dans le BTP où les besoins en main d’oeuvre sont pourtant immenses. Ils veulent tous être gardiens de nuit dans l’administration ». Je le dis de but en blanc : Je ne trouve rien de discutable dans cet extrait du discours prononcé par Bouteflika le 26 juillet 2008 devant les maires du pays. L’observation du Président résume d’une certaine façon le malaise algérien dans sa configuration la plus profonde, la plus complexe. Je m’abstiens de plancher sur les causes à l’origine de cette détestation de l’algérien pour l’algérien. Je n’ai pas envie de faire l’impasse sur la valeur intrinsèque du constat. Les gens, en tout cas beaucoup d’entre eux, sont souvent expéditifs dans l’évaluation de ce que la réalité leur donne à voir. Il sont impatients de connaître la suite des choses tout en restant dans la superficialité. Moi, ce qui m’intéresse en premier lieu, ce sont les remarques liminaires, leur vérité, leur audace éventuelle, leur portée didactique. Partout dans le monde, les gens ne s’aiment pas entre eux.

Certains qualificatifs se suffisent à eux-mêmes. La lutte des classes a pris d’autres formes d’expression, d’autres dimensions. Les voisins ne s’aiment pas vraiment entre eux. Quand Bouteflika dit trouver étrange notre pays, c’est vrai. Etrange pourrait signifier incompréhensible, curieux, invraisemblable, étonnant, stupéfiant, bizarre, hors-normes. Ce qui est notable, c’est qu’il l’ait pensé et dit. Les sociologues vont directement aux causes du constat; ils en parlent de façon alambiquée. Ils croient détenir la vérité. Ils ne prennent pas le temps d’apprécier le préambule, l’exposé des faits. Ils aimeraient empêcher les autres de s’imprégner des observations de base. Ce sont des rabat-joie. Quand j’ai entendu Bouteflika évoquer l’étrangeté de l’Algérie, le rapport controversé, conflictuel de l’algérien à l’algérien, les gardiens de nuit, j’ai d’abord tout de suite adhéré au propos. Le Président avait raison. Pourquoi ? Parce que ce qu’il disait était dans la rue, dans la vraie vie. Tout le monde disait la même chose, même ceux qui voulaient devenir gardiens de nuit. Sauf que dans la bouche  du Chef de l’Etat, cela a pris une autre signification, une autre résonance. Moi si je dis que l’Algérie est un pays bien étrange, ça ne prend pas, ça n’a pas d’impact. Mais quand ça vient du Président, c’est autre chose. Les historiens, les sociologues essaient de tout expliquer alors que certains qualificatifs se suffisent à eux-mêmes. Les algériens ne s’aiment pas entre eux. Soit. Les flamands et les wallons non plus. Idem pour les français, les russes, les espagnols et les catalans, les indiens. Ce n’est pas la comparaison qui est intéressante. Moi, ce que je retiens, c’est la sidération de Bouteflika face à une réalité connue de tous. C’est le mot étrange qui m’a interpellé. Prononcé par le Président, il vient relativiser en quelque sorte le pouvoir de compréhension et d’action du premier magistrat du pays. Et c’est cela que je trouve digne d’intérêt. L’étrange échappe à l’entendement, au raisonnement logique, au bon sens.

Lamine Bey Chikhi

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Ce que je pense de Bouteflika -26-

Posté par imsat le 2 février 2014

Sa solitude. Je crois la percevoir quand il rentre de certains voyages à l’étranger, à l’aube ou à la tombée de la nuit. On regarde ça à la télé en différé. L’image est furtive. Une poignée de secondes. Le Président passe très vite devant un détachement de la Garde républicaine qui lui rend les honneurs et se dirige vers le salon de l’aéroport Houari Boumediene. Je me dis toujours : « C’est bien. Il est rentré au pays et c’est ce qui compte ». C’est d’ailleurs ce qu’on veut montrer officiellement et c’est normal. Mais pour moi, cet aspect protocolaire est marginal. Je ne m’en contente pas. Et ce à quoi je songe n’a rien de politique. J’aime bien le rappeler. Comme pour certaines situations relatées précédemment, ce qui m’intéresse dans l’image du retour de voyage, ce sont les impressions qu’elle déclenche en moi. Cette image, je suis tenté de la comparer à celle d’un coureur de fond dont on évoque souvent la solitude. Mais celle de Bouteflika est plus que cela. Dans mon esprit, la solitude du Président est indissociable de sa descente d’avion, de sa façon de marcher et de ne rien regarder en particulier. Déconnectée du moment où cela a lieu (aux aurores ou à la tombée de la nuit), la « scène » ne présenterait pour moi aucun intérêt. Cette solitude, je l’ai aussi souvent associée à la fréquence des voyages et au caractère que je savais inextricable de nombre de problèmes africains que Le Président s’efforçait de régler comme membre extrêmement actif et leader du Nepad et de l’Union africaine. « Pendant que nous nous complaisons dans notre train-train habituel, dans nos pantoufles ou dans des préoccupations élémentaires et très terre-à-terre, le Président, lui, s’échine à trouver des solutions aux problèmes du continent africain, outre naturellement ceux, épineux et multidimensionnels, de l’Algérie ». Voilà ce que je pense à chacun de ses retours au pays. Ma mère me demandait:  « A quoi ça rime tout ça ? ». Elle n’avait pas tort de se poser la question. Son souci était d’ordre médical »‘ (elle disait qu’il se fatiguait inutilement) tandis que ma préoccupation était plus globale, philosophique. Mon raisonnement n’est pas réductible au statut institutionnel ou politique du Président. Je ne peux pas me limiter à dire: « C’est ça un Président et c’est son rôle de sillonner le monde pour telle ou telle raison ». D’ailleurs, mes observations le concernent intuitu personae; elles ne s’appliquent pas à ses prédécesseurs.

L’enfer, c’est les autres (?) La solitude évoquée résulte peut-être d’une espèce de décalage entre, d’une part, ses idées, ses aspirations profondes et, d’autre part, leur perception non plus seulement dans la société mais aussi à un  niveau superstructurel et dans des cercles plus proches. Quand ma mère se demandait à quoi cela pouvait servir, elle faisait probablement allusion à ce déphasage entre les différents niveaux de perception et de compréhension de la pensée du Président. J’ai l’impression pour ma part  que la solitude dont il s’agit, s’installe quand la jonction peine à se faire ou ne se fait pas du tout entre les idées exprimées et ceux à qui elles sont destinées. Je ne crois pas trahir la pensée de ma mère en disant que dans son constat, elle visait beaucoup plus les « autres » que le Président.

Lamine Bey Chikhi

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Ce que je pense de Bouteflika -25-

Posté par imsat le 1 février 2014

Il me semble bien avoir déjà écrit sur ce blog quelques lignes sur son « humeur vagabonde ». Je crois que c’était il y a deux ans ou peut-être avant. Mon propos n’était pas négatif. Je voulais juste  faire remarquer que le Président était toujours souriant, communicatif, jovial lorsqu’il voyageait à l’étranger. J’aimais bien scruter sa physionomie quand il était en mouvement ici ou hors du pays. Tout en lui (sa posture, sa gestuelle, son regard…) changeait radicalement en fonction du cadre spatial dans lequel il se trouvait.

L’indicible mélancolie. En Algérie, il se montrait généralement sur ses gardes, réservé, d’une humeur difficile. Quelquefois, je le trouvais même mélancolique, profondément mélancolique. Cela n’a rien à voir avec la fatigue physique ni même avec « l’usure du pouvoir ». S’il y a un élément de réponse, il faut aller le chercher là où il peut se nicher, il faut le déceler, le capter, le disséquer  pour ne pas le confondre avec des expressions concurrentes. Je pense que dans certains de mes commentaires, il y a une ébauche d’explication. Je comprenais parfaitement ses apparences contrastées. Il était très expressif et il ne le cachait pas. Je restais indulgent et flexible dans mes appréciations non pas parce que j’étais obstinément subjectif à son égard mais parce que j’imaginais très bien l’ampleur et l’extraordinaire complexité de son travail de Président au double niveau national et international. Il n’y avait pas que cela. Lorsqu’il était mécontent, il le faisait savoir, ce qui lui arrivait assez fréquemment en Algérie. A l’étranger, c’était différent. Il devait probablement s’adapter à ses interlocuteurs, à leur culture. Le contexte n’est pas le même. Les préoccupations et les exigences protocolaires non plus. Précisons quand même les choses. Lorsqu’il recevait ses hôtes étrangers au Palais d’El Mouradia, il était extrêmement avenant, sympathique. En définitive sa constance est bien-là, dans cette mise au diapason automatique, systématique qu’il s’est toujours imposée compte tenu de l’endroit où il se trouvait et de ses interlocuteurs nationaux ou étrangers du moment. Il est le seul Chef d’Etat, après Houari Boumediene, dont le caractère et la psychologie continuent de susciter un intérêt intellectuel particulier de ma part. Je suis convaincu que c’est aussi sous ce prisme et pas seulement sous l’angle politique, que  l’on peut comprendre son rapport à l’Algérie et au peuple algérien. Pour moi, c’est également cette dimension, qui relève de la subjectivité, qui explique en grande partie mon attachement au personnage. Je ne crois pas que la longévité politique entre en jeu de la même façon et au même niveau que l’approche psychologique dans ce que l’on peut trouver de captivant chez un homme d’Etat. Il y a certainement des vases communicants entre les deux, et lorsque tout ça est bien huilé, bien synchronisé comme chez Bouteflika, eh bien le résultat ne laisse pas du tout indifférent.

Lamine Bey Chikhi

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