Ce que je pense de Bouteflika -50-
Posté par imsat le 18 mars 2014
Est-il en phase avec les algériens ? Vaste question. Je crois y avoir déjà apporté quelques éléments de réponse en évoquant notamment la franchise qui a toujours marqué sa critique de la société, de certains comportements individuels et collectifs. Ce que j’ai écrit à ce sujet reste évidemment insuffisant, parcellaire, et, peut-être même, superficiel par certains côtés. Se demander s’il est au diapason par rapport aux algériens, c’est aussi s’interroger sur ce que les algériens pensent de lui. Personnellement, je continue de croire qu’il a toujours voulu converger avec leurs aspirations essentielles. Il l’a en tout cas fréquemment exprimé dans ses discours. Il n’y a pas que ses discours; il y a aussi les actes, les actions qu’il a engagés dans tous les domaines pour répondre aux attentes des citoyens. Les réalisations sont donc nombreuses mais il y a aussi des ratages. Les acquis engrangés à tous les niveaux sont indiscutables mais ils n’ont pas suffi à eux seuls à fluidifier, à détendre la relation entre Bouteflika et le peuple. Il n’y a rien de péjoratif dans ce constat. J’essaie simplement de voir en quoi et pourquoi ce rapport a été affecté par des malentendus, des méprises, certains déphasages. J’ai souvent eu le sentiment que le Président était mécontent que les efforts considérables déployés par ses soins pour redresser le pays après 10 ans de terribles violences ne soient pas appréciés à leur juste mesure. Je crois que, pour un ensemble de raisons du reste pas toujours cohérentes ni objectives, les algériens ne prennent pas la vraie mesure des progrès notables que l’Algérie a accomplis depuis 1999 au triple plan économique, social et culturel ainsi que sur le front extérieur et diplomatique. La mesure, c’est la conscience, c’est un effort dans la recherche de l’objectivité, une exigence morale, une concentration sur les enjeux cardinaux d’une politique globale, une honnêteté intellectuelle. Il y en a qui considèrent qu’ils ne lui doivent absolument rien. Ils estiment qu’il est le Président et que c’est son job de trouver des solutions aux problèmes du pays. Il y en a également qui rejettent d’avance toute idée, tout raisonnement visant à faire la part des choses, à établir le nécessaire distinguo entre l’Algérie, le système, le pouvoir, le régime, Bouteflika, la société, les individus. Quant aux intellectuels, aux médias, bref tous ceux dont la fonction est aussi de théoriser les problématiques pour les rendre intelligibles, moins complexes, ils sont souvent passés à côté de l’essentiel, privilégiant la stigmatisation, la dénonciation systématique, l’anathème, le dénigrement, le réquisitoire à charge comme s’ils ne pouvaient exister que par ce seul truchement. Ils sont pourtant censés savoir que, dans bien des pays, même lorsque la critique du système devient légitimement paroxystique, des voix finissent toujours par s’élever pour rappeler que dans leurs sociétés, il y a quand même beaucoup de motifs de satisfaction.
Un problème culturel ? En Algérie, c’est cette pondération qui fait défaut, y compris chez ceux qui prétendent être raisonnables, sages, sincères. Je crois que cette césure qui explique en partie nombre de coups de gueule du Président. Est-ce un problème générationnel ? Pas forcément puisque même parmi ceux qui l’ont connu jeune et flamboyant ministre des affaires étrangères, il y en a qui ne le portent pas dans leur coeur. Est-ce alors culturel ? Personnellement, c’est ce que j’ai toujours soutenu. Je développerai ce point ultérieurement. Quoi qu’il en soit, les anti Bouteflika ont leurs raisons; je ne partage pas du tout leurs opinions. D’un point de vue intellectuel, je ne les prend en considération que si elles s’expriment pacifiquement, sereinement et proprement. Enfin, la réponse à la question de savoir si le Président est en phase avec les attentes des algériens ne passe pas non plus nécessairement par un sondage d’opinion sauf si on en énonce les termes de façon exhaustive. Autrement dit, un sondage ne serait crédible et utile que s’il prenait objectivement en compte le parcours de l’homme et les principales réalisations enregistrées sous sa gouvernance.
Lamine Bey Chikhi
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