Ce que je pense de Bouteflika -54-

Posté par imsat le 27 mars 2014

Je n’allais évidemment pas faire l’impasse sur l’idée que je me fais de l’après Bouteflika. Si j’ai envie d’en parler aujourd’hui, cela ne signifie nullement que j’achève ici ma réflexion le concernant. J’avais d’ailleurs souligné que je déroulerais mon propos au jour le jour sans me préoccuper vraiment de la chronologie des faits, des situations. L’après Bouteflika, j’y pense de temps à autre. J’y avais songé en 2005 alors qu’il était hospitalisé au Val-de-Grâce, à Paris. A l’époque, l’idée d’une Algérie dirigée par quelqu’un d’autre que Bouteflika me stressait terriblement. En vérité, je ne pouvais ni ne voulais concevoir une Algérie sans Bouteflika. Je ne pouvais même pas imaginer ma petite vie de citoyen ordinaire sans Bouteflika à la tête du pays. Mon angoisse n’était pas que d’ordre psychologique; elle avait aussi des raisons politiques, culturelles, historiques. Je ne pensais pas qu’à moi; je m’inquiétais aussi pour l’Algérie. Etais-je soucieux pour le peuple algérien ? J’avoue que je ne l’étais pas. Ma préoccupation, c’était d’abord l’Algérie. Pour être totalement sincère, je dirai que je pensais en même temps à moi et à l’Algérie. Quand je dis moi, je veux dire mes habitudes, le fait de savoir que Bouteflika était encore là, avec ses discours, ses déplacements  en  Algérie et à l’étranger, ses coups de gueule toujours sains parce que légitimes, sa représentativité nationale et internationale, sa stature. Quand je dis l’Algérie, je veux dire la nation algérienne, la patrie, le sentiment national, ma conception du patriotisme. Quand je dis l’Algérie, je pense à l’Algérie historique, à ses villes et villages, à ses parfums, à son intemporalité. l’Algérie ainsi évoquée, c’est également celle que je devine à travers les ambitions de Bouteflika, celle aussi de mes rêves comme celle de certaines de mes nostalgies. C’est donc d’abord cela qui me vient à l’esprit lorsque je me confronte par exigence intellectuelle ou même pour me faire un peu peur (pourquoi ? je l’ignore) à ce que serait la vie sans Bouteflika au poste de commande. Suis-je raisonnable, rationnel, cartésien ? Je pourrais l’être. Mais je fuis les hypothèses réalistes, plus que probables tout simplement parce que la perspective en question me parait irréelle. Je ne veux même pas la considérer froidement, déconnectée de ma personne, détachée de l’Algérie telle que je la vois, c’est-à-dire mon Algérie à moi. Ce n’est pas du tout comparable à ce que je ressentais en 1978 alors que Boumediene était à l’article de la mort. J’étais inquiet mais ce n’était ni la même inquiétude ni la même angoisse.

Je suis incapable d’imaginer l’Algérie sans Bouteflika Président. Aujourd’hui, tout est différent. Je pourrais disserter longuement sur les notions d’alternance politique, de renouvellement des élites dirigeantes, de transition démocratique, etc; mais rien de ce que j’en dirais ne pourrait égaler ce que je pense profondément du Président. Pour moi, évoquer l’après Bouteflika, c’est déjà s’inscrire dans une forme de nostalgie, un certain romantisme. C’est déjà anticiper ce que je pourrais écrire le moment venu. Et je sais que la mélancolie me submergera, que je resterai longtemps accroché aux souvenirs engrangés durant la période Bouteflikienne, que personne ne pourra vraiment combler le vide qu’il aura laissé, que j’aurai eu raison de penser davantage aux répercussions d’une telle situation sur l’Algérie et sur moi-même qu’à celles qui se produiraient sur les masses populaires, les individus dont j’ai souvent observé la propension à l’oubli, à l’indifférence, à l’égoïsme, à l’ingratitude. Je n’avais pas prévu d’évoquer cette perspective aujourd’hui. Je devais parler de tout autre chose. Mon inspiration en a décidé autrement.

Lamine Bey Chikhi

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