Ce que je pense de Bouteflika -58-
Posté par imsat le 5 avril 2014
J’ai certes affirmé ne pas pouvoir imaginer l’Algérie sans Bouteflika à sa tête mais je n’ai pas dit que l’Algérie ne serait pas viable sans lui ni que son destin en dépendait. En disant de lui qu’il était l’homme providentiel, celui dont l’Algérie avait effectivement besoin à un moment de son histoire, précisément parce qu’il fallait mettre un terme à la tragédie des années 1990, je ne voulais nullement signifier que le sort du pays était entre ses mains. Je ne suis pas (je l’ai souligné à maintes reprises) dans une approche exclusivement politique du Président. « Un être vous manque et tout est dépeuplé ». C’est sur ce vers intemporel et plein de vérité de Lamartine que je m’appuierais volontiers pour expliquer ma difficulté à « voir » l’Algérie sans Bouteflika. C’est un sentiment très personnel, très subjectif. J’en ai parlé récemment à MC qui m’a dit qu’il me comprenait, que je n’avais pas me justifier, que c’était comme ça et qu’il n’y avait pas lieu d’en faire une thèse. Je sais bien qu’un pays n’est pas réductible ni subordonné à un homme même s’il lui peut lui devoir quelque chose parce que cet homme en a été le sauveur à telle ou telle étape historique. J’allais d’ailleurs mettre le mot sauveur entre guillemets pour en relativiser la portée, parce qu’il peut paraître excessif (et il l’est pour le plus grand nombre non seulement en Algérie mais aussi sous d’autres cieux), mais je l’ai laissé tel quel car, d’une certaine façon, Bouteflika a été un sauveur, au moins sur un plan politique. En tout cas, c’est lui qui a conçu la solution de sortie de crise à travers son projet de réconciliation nationale. Est-ce qu’on a tout dit quand on a dit cela ? Beaucoup ont déjà répondu affirmativement à la question. Ce n’est pas mon cas. Pourquoi ? Parce que mon propos n’est pas circonscrit à des considérations typiquement politiques. Quand je dis, par exemple, que j’adhère sans réserve à un processus de changement dans la continuité en relation avec Bouteflika, je ne suis pas que dans une perspective politique. La perception du changement dans la continuité peut être très personnelle; elle est donc susceptible de s’inscrire dans une optique individuelle qui serait volontairement ou involontairement en phase avec une démarche politique déterminée. Et une telle conception n’équivaut ni au statu quo ni à la stagnation. C’est plutôt une situation dans laquelle l’essentiel serait préservé pour pouvoir (individuellement et collectivement) rester à la fois dans le mouvement et dans la sérénité. Pour moi, l’essentiel dont il s’agit n’est ni matériel ni politique. Et c’est justement ce qui m’éloigne de tous ceux qui plaident pour une continuité pour des intérêts privés, catégoriels, groupusculaires, pour des enjeux de pouvoir pas toujours clean. Pour moi, l’essentiel en question, c’est un ensemble d’équilibres, cette impression de long fleuve tranquille que l’on peut ressentir y compris en dépit de soubresauts et de risques plus ou moins fréquents mais dont on sait qu’ils ont été intégrés, paramétrés dans les logiciels du chef. Et puis, il y a cette envie de renouer avec une certaine douceur de vivre des années 1960 dont je pense aujourd’hui qu’elle n’était possible, perceptible, accessible que parce qu’elle était dissociée des conjonctures et des préoccupations politiques.
Lamine Bey Chikhi
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