Escale proustienne -18-
Posté par imsat le 15 décembre 2014
Magnifique soirée hier à La grande librairie de François Busnel rediffusée sur la 5, en compagnie notamment de Jean D’Ormesson, Erik Orsenna, Boris Cyrulnic, mais aussi des comédiens Dominique Blanc, François Cluzet venus lire des témoignages de téléspectateurs ayant participé au sondage réalisé par l’émission autour de la question : « Quel est le livre qui a changé votre vie ? ». Des milliers de personnes y ont répondu. 20 livres ont été plébiscités. L’étranger de Camus a été classé deuxième tandis que « A la recherche du temps perdu » a obtenu la cinquième place, la première étant revenue à Antoine de Saint Exupéry pour Le petit prince. Je me suis à mon tour posé la question, et, sans aucune hésitation, j’ai positionné « La recherche » à la première place. J’ai maintenu L’étranger là où il avait été classé dans le sondage de la chaîne. Est-ce que La recherche a changé ma vie ? A vrai dire je me serais posé la question autrement. En tout cas, je n’y aurais pas répondu dans la logique escomptée ni de façon convenue. Je ne l’aurais pas fait ainsi car je me serais complètement éloigné de la vérité. Et la vérité, pour moi, consiste à souligner, sans prétention aucune, que j’étais proustien avant même de découvrir Proust. La recherche est venue cautionner, conforter, éclairer ma vision des choses de la vie. En amont, j’étais déjà dans la quête de ce qui n’était plus et que je cherchais à reconstituer. Mais tout se passait dans la tête. Tout passait par l’image, la mémoire, le souvenir. La transformation du réel par les mots, la mise en relief de ce qui échappe a priori au commun des mortels, aux gens ordinaires, l’exploration systématique des connexités qui relient le présent au passé, tout cela, je l’ai appris en lisant La recherche, mais aussi en prenant connaissance de ce que des spécialistes de Proust ont écrit à propos de l’écrivain et de son œuvre. Le sondage de la 5 confirme en tout cas la place de choix qu’occupe encore A la recherche du temps perdu dans la mémoire collective. Le fait que les réminiscences de l’écrivain aient changé la vie de beaucoup de gens le démarque fondamentalement de bien d’autres auteurs. J’aurais volontiers complété la liste de mes livres préférés en y ajoutant Bel ami de Maupassant. Ce roman m’a permis de passer une année 1980 exceptionnelle et surtout de croire mordicus que tout était possible dans la vie…
Lamine Bey Chikhi
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