Quand vient la fin de l’été…
Posté par imsat le 4 septembre 2016
Après la perte d’un être cher, on est parfois tenté de songer aux « perspectives » pour surmonter la peine éprouvée. Beaucoup disent qu’il faut aller de l’avant, qu’il faut régler les choses. Aller de l’avant, régler les choses ? Il y a même comme un consensus là-dessus. Je n’y adhère pas vraiment; je veux dire qu’on n’est pas du tout sur la même ligne quand on évoque la mort de quelqu’un en même temps que « ces choses qu’il faut régler » ou encore cette nécessité d’avancer. Après avoir écrit les deux chapitres précédents, je me suis demandé si je n’avais pas exprimé mes émotions avec, en arrière-plan, de façon peut-être inconsciente, une préoccupation littéraire, selon une forme qui s’apparenterait à un récit où la nuance prendrait une importance, une place significative. Il y a la réalité mais il y a aussi la concordance des temps à laquelle elle renvoie. Et c’est également cette concordance qui contribue à aérer la conversation relative à la personne disparue, en tout cas à s’arrêter sur telle ou telle séquence de sa vie. Yazid, c’est notre enfance, notre ville natale, notre adolescence, mais pas seulement. En y pensant hier, je me suis rendu compte que j’avais oublié de dire qu’au fond, c’était un artiste, un vrai, avec une sensibilité, une écoute particulière, une aptitude à transformer la moindre note de musique en mélodie. Je me suis dit que cela aussi était important; qu’il ne fallait pas l’occulter. Je me souviens très bien d’une musique qu’il avait composée et qu’il m’arrive de fredonner. Et puis, il y avait cette chanson des années 60, de Mike Shannon « Quand vient la fin de l’été sur la plage » douce, mélancolique, très en phase avec le style de vie qui était le nôtre, et dont nous aimions interpréter la musique, lui à la guitare, moi à l’accordéon. Cette nostalgie est une nostalgie heureuse, connectée à des souvenirs mémorables: Batna bien sûr mais aussi Sousse, Zéralda, les plages d’Annaba, Boumerdès, le festival Panafricain d’Alger en 1969, la formidable soirée dansante que nous avions animée à la Citadelle avec le groupe Essaada, lors du mariage de Djamel.
Lamine Bey Chikhi
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