Par ricochet
Posté par imsat le 16 janvier 2017
On peut évidemment parler d’un livre après l’avoir lu mais on peut aussi en dire quelques mots après avoir entendu l’auteur en parler ou encore après avoir vu son adaptation cinématographique. On peut également l’apprécier sous le regard du réalisateur du film. La grille de lecture est variée et infinie. Cette multiplicité de possibilités de décryptage m’a toujours intéressé. La révolution numérique en cours (internet, TNT, nano technologies…) est en train de bouleverser notre façon de gérer les produits culturels qui nous sont proposés (littérature, cinéma, musique…). Elle casse les monopoles, démocratise l’accès au savoir, à la connaissance, restructure fondamentalement les relations sociales. Mais qu’est-ce qu’on en fait au juste ? La réponse est d’abord individuelle, subjective. Notre rapport à la culture globalement appréhendée est d’abord un rapport personnel. Faut-il lire « Le divan de Staline » après avoir vu et entendu Fanny Ardant en parler l’autre soir (8 janvier 2017) sur le plateau de La Grande librairie ? Elle a porté le récit à l’écran. Gérard Depardieu y interprète le rôle principal. Durant près de deux heures, en présence de l’acteur et de Jean-Daniel Baltassat, l’auteur du livre éponyme, elle a parlé de ses romans et auteurs préférés. Elle l’a fait avec enthousiasme, passion, inventivité. Elle l’a fait comme si elle faisait du cinéma. C’était Fanny Ardant la lectrice, la réalisatrice, mais c’était aussi Fanny Ardant la comédienne hors du commun, constamment dans le jeu, le théâtre, la gestuelle. Ses propos sont riches, irrésistibles, à la fois réfléchis et spontanés. Elle est brillante, extraordinaire, fascinante ou plutôt éblouissante. Elle ne laisse pas indifférent quand elle évoque Staline, Poutine, la Russie. Elle est inégalable, incomparable, captivante. Suis-je dans l’exagération en dressant ce portrait ? Non ! Je ne la découvre pas; j’ai vu la plupart de ses films. Je l’ai déjà évoquée ici même, il y a deux ans. Je ne la redécouvre pas non plus; elle m’est familière; et le plaisir de la voir, de l’écouter est toujours intact. Ce soir-là, je savais presque d’avance bien des choses qu’elle allait dire et comment elle allait les dire. J’avais même anticipé sa référence habituelle à la pensée magique, cette croyance selon laquelle des choses pourraient se réaliser ou pas en fonction de l’intérêt ou de l’importance que l’on accorde à des pensées singulières ou banales. On peut par exemple penser que si l’on faisait un détour par telle rue plutôt que par telle autre, eh bien on pourrait faire une belle rencontre. Cela relève t-il de la superstition? Beaucoup le disent, mais Fanny Ardant en a toujours parlé merveilleusement. Pour elle, c’est un jeu et un peu plus qu’un jeu qu’il faut prendre comme tel, D’ailleurs, elle dit que cela fait partie de la vie, du réel et que tout dépend de ce qu’on en fait, de ce qu’on en pense profondément. Je ne crois pas que quelqu’un d’autre puisse en parler comme elle le fait. Au demeurant, j’étais tenté d’intituler ce texte « Pensée magique » par rapport au propos imaginatif et instructif de l’actrice sur ce thème. J’ai aussi eu en tête cet autre titre « Fanny Ardant ou la magie du verbe ». J’ai pensé y inclure le mot plasticité. De toute manière, tout convient à Fanny Ardant. Je veux dire par là qu’elle est inspirante, suggestive, authentique, éclectique, pleine de nuances. Pourquoi donc avoir opté pour un autre intitulé ? Je me le demande…
Lamine Bey Chikhi
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