Post-scriptum
Posté par imsat le 1 mars 2017
L’échange s’est poursuivi après un break de 15 jours, mais le risque d’une banalisation de notre conversation était perceptible; en tout cas, moi, je le ressentais, je le constatais. Au début, tout était parcimonieux, les mots, les phrases, les questions. Et puis, ça s’est emballé, c’est devenu offensif, torrentiel. Certes, la ponctuation est toujours globalement respectée mais je la trouve parfois abondante, excessive, superflue. Un certain style apparaît, tranchant, direct, radical, aux antipodes du mien. A présent, le débit est presque en non-stop; pas le temps d’apprécier, de réfléchir, de déguster, de revenir en arrière, de s’émouvoir, s’étonner, d’admirer les paysages d’aujourd’hui, au besoin en les comparant avec ceux d’autrefois. Une absence, deux absences, pour ne pas se laisser submerger. Un tsunami ? pas tout à fait, mais ce n’est plus le calme plat des premiers jours, annonciateur de quelques convergences de fond, sereines, singulières, distanciées par rapport aux habitudes. L’économie de mots a laissé place à une myriade de périphrases, une logorrhée que rien ne semblait pouvoir arrêter. La digue a sauté. Je me suis dit tout ça n’est heureusement que virtuel. Qu’en serait-il dans la vraie vie ? Mais la vraie vie, n’est-ce pas aussi en partie une virtualité, comme le cinéma, la littérature. Faut-il faire avec ? Oui et non. Il faut dire pourquoi et comment, et cela passe par une formalisation. « Ecrire, c’est parler sans être interrompu » (Victor Hugo), oui, à condition de le faire totalement unilatéralement, à sens unique, un peu comme on ferait un plaidoyer pro domo. Ce dont je parle n’est pas unilatéral. Au début, ça me donnait l’impression d’écrire et de m’entendre écrire, parfois même de me regarder écrire; il n’y avait pas vraiment d’interruption et cela me plaisait. A ce moment-là, l’écriture était une respiration, une méditation, un moment privilégié. A présent, ça va dans tous les sens, comme s’il y avait des choses à rattraper, à corriger, à compenser, à exprimer : du temps, des retards, des échanges inachevés, des rencontres ratées, avortées, des absences, des départs, des exils, des regrets, des colères. Et puis et encore tout ce qui sous-tend un certain nombre de déclarations et qui se rapporte au temps qui passe. Le temps qui passe ? Une chose est d’en parler implicitement, délicatement, une autre est de le faire de façon abrupte, sans ménagement ni retenue. La nuance est de taille. Un verre à moitié plein, ce n’est pas du tout un verre à moitié vide ! Est-ce difficile à comprendre ? « Au surplus, le temps qui passe, je n’en suis pas responsable ! » lui-dis-je; enfin, je le lui dis mais pas comme ça. Est-ce la même chose de parler du temps qui passe et de la vie perçue (vécue ?) comme un roman ? J’ai posé la question, j’ai eu des réponses mais pas celles que j’attendais…Au fait, pourquoi Post-scriptum ?
Lamine Bey Chikhi
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